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L'importance du marché de l'emploi allemand pour l'économie wallonne

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 69 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 21/01/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Dans un marché de plus en plus globalisé, la compétitivité des entreprises est un facteur déterminant de toute politique de reprise de l’économie. Cette compétitivité est un paramètre à facettes multiples et ne se réduit pas au coût de la masse salariale.

    L’économie wallonne est fortement tournée vers l’exportation, notamment vers la France, les Pays Bas et l’Allemagne. Le moteur économique allemand est, pour l’heure, celui qui doit tirer la locomotive européenne. La performance économique allemande s’explique entre autres par des mesures que l’autorité fédérale allemande avait prises concernant le marché du travail. C’est en introduisant le dispositif Hartz IV, que l’Allemagne a pu améliorer la compétitivité de ses entreprises, sauf que celle-ci est largement financée par les travailleurs à bas salaire. Cette compétitivité est payée par les partenaires commerciaux de l’Allemagne sous forme de fermetures d’entreprises et de pertes d’emplois. Par effet indirect, nous subissons donc les impacts des mesures Hartz IV.

    En Flandre, des hommes politiques de taille plaident pour l’introduction de Hartz IV en Flandre. Si jamais ils réussissent, l’économie wallonne - fortement tributaire des exportations vers l’Allemagne et la Flandre - ne devrait-elle pas tôt ou tard sauter dans le même train ? Avons-nous un moyen d’échapper à pareille perspective ?
  • Réponse du 04/06/2013
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Il est certain qu’une convergence sociale et fiscale doit avoir lieu entre les différents pays de l’Union européenne. Au niveau économique, les interventions des états sont régulées au travers des règles relatives aux aides d’États, de la limitation des déficits et dettes ainsi que par les restrictions imposées aux actions de la Banque Centrale Européenne en faveur des États membres.

    Cependant, quasiment aucune décision n’a jamais pu être prise au niveau de l’harmonisation des règles sociales et fiscales nationales. Trop de disparités existent ainsi entre les différents pays quant à cet aspect. En l’absence de mécanisme régulateur, notamment de la part des marchés financiers qui ont prêté à tous les États à des taux très bas peu importe leur situation économique ou financière, ce manque de cohérence fiscale et sociale nous a conduits à la crise européenne que nous vivons toujours.

    La convergence apparaissant dès lors indispensable, il faut déterminer la tendance que les pays européens devront suivre. Pour faire simple, soit nous nous orientons davantage vers une politique de relance par une politique ultra-accommodante de la Banque centrale et/ou par la dépense publique, soit nous nous orientons vers une politique de rigueur ou d’austérité visant à rétablir les comptes publics dans un premier temps.

    Des chemins entre ces deux tendances peuvent exister. Toutefois, deux camps semblent se faire face en Europe et camper sur leur position, un représenté par la France et l’autre représenté par l’Allemagne et d’autres pays nordiques.

    La réforme Hartz IV dont il est fait mention dans la question ne peut se résumer qu’à un durcissement des conditions d’accès aux allocations de chômage et à une diminution des allocations. Tout d’abord, des simplifications et rationalisations ont été introduites notamment en ce qui concerne les organismes payeurs qui existaient à plusieurs niveaux auparavant. Ensuite, un changement de philosophie a été adopté. Ce n’est plus la situation salariale prélicenciement du chômeur qui est prise en compte, mais plutôt le niveau nécessaire à une personne pour vivre dignement. Ainsi, c’est une allocation à caractère plus forfaitaire qui est dorénavant octroyée et dont le montant n’est plus exclusivement dépendant du montant du revenu obtenu de l’ancien emploi. Les revenus occasionnels tirés d’une activité ad hoc du chômeur sont déduits de l’allocation et les revenus du conjoint ou du cohabitant sont également, depuis la réforme, pris en considération pour établir le montant de ces dernières.

    Cependant, avec cette diminution des allocations, un durcissement des conditions d’octroi et les changements dans la détermination des montants octroyés, l’Allemagne a diminué ses charges de cotisation sociale. Cette diminution a été renforcée par une augmentation de la TVA. L’Allemagne a donc clairement opté pour une politique de compétitivité vis-à-vis du reste de monde, mais également vis-à-vis de ses partenaires européens. Ces mesures lui ont permis de renforcer sa position au sein de l’Europe notamment en ces temps de crise.

    En tant que premier créancier que ce soit au niveau du secteur public que du secteur privé, l’Allemagne a bénéficié de plus d’influence dans les négociations avec les pays en difficulté, en besoin de financement. Ces derniers ont dès lors suivi un programme de rigueur se rapprochant de la tendance que devrait suivre, selon l’Allemagne, la convergence sociale et fiscale européenne. Certains pays du sud, malgré eux, sont donc en train de suivre la position allemande ce qui isole davantage la position française.

    La Belgique semble jusqu’ici avoir réussi à se positionner entre les deux tendances, c’est-à-dire limiter les déficits tout en épargnant le potentiel de croissance. Mais la Flandre semblant davantage favorable à la position allemande, cette position reste sensible et pourrait basculer en cas de faux pas du gouvernement.

    Il semblerait que le camp de l’Allemagne est en position de force et semble être de plus en plus en mesure d’imposer sa vision au reste de l’Europe. Une voie moyenne entre l’austérité et la relance par une dépense publique excessive existe et est actuellement mise en œuvre en Belgique.

    Il faut dès lors encourager le gouvernement à continuer, avec le soutien des régions, la mise en œuvre de sa politique courageuse au risque de devoir dans quelques années adopter les positions des pays nordiques.