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La mortalité chez les jeunes

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 53 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 21/01/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances

    En Région wallonne, entre 2004 et 2006, en moyenne dix Wallons sur 1.000 meurent. Les causes du décès varient avec l’âge. Mais il y a aussi +/- 150 enfants qui meurent chaque année avant l’âge d’un an. Les explications médicales sont parmi d’autres : la mort avant ou pendant la naissance, les malformations congénitales, les anomalies chromosomiques.

    Dans les autres tranches d’âge, ce sont les tumeurs et les problèmes au niveau du système nerveux ou des organes de sens, qui sont les principales causes du décès (hormis les causes non naturelles liées à des accidents). Et parmi les personnes touchées par une tumeur, nous trouvons une proportion importante de jeunes de 1 à 9 ans.

    Madame la Ministre a-t-elle étudié la question ? Dans quelle proportion cette mortalité s’explique-t-elle par des facteurs environnementaux ? Y a-t-il par exemple des zones ou sous-régions dans lesquelles le taux de mortalité des 0 à 9 ans est plus concentré que dans d’autres ? Dans ce cas, peut-on établir un lien de cause à effet entre certains facteurs environnementaux et la mortalité des jeunes ?

    Suivant un travail de repérage statistique que j’ai pu faire avec mes moyens très limités, j’ai pu émettre l’hypothèse qu’il y a un lien statistiquement significatif entre certains types de maladies chez des personnes de tout âge (exemples: allergies graves, tumeurs du système respiratoire, morts-nés à la naissance) et certaines circonscriptions géographiques. Manquant de moyens, je n’ai pas pu aller au-delà pour chercher s’il y a dans ces zones des facteurs environnementaux spécifiques qui pourraient expliquer le nombre de personnes affectées de ce type de maladie.
  • Réponse du 07/03/2013
    • de TILLIEUX Eliane

    En Wallonie, comme en Belgique et en général dans les pays occidentaux, la première cause de mortalité chez les adultes reste les maladies cardio-vasculaires, suivie par les cancers. Les facteurs favorisant l’apparition de ces deux groupes de pathologies sont très semblables : mauvaise alimentation, manque d’exercice physique, comportements à risque (tabac, alcool).

    La Belgique se situe parmi les pays du monde ayant le plus faible taux de mortalité infantile (décès de nourrissons de moins d'un an/1 000 naissances normales). Ce taux est souvent utilisé comme un indicateur du niveau de santé dans un pays (1).

    En ce qui concerne la mortalité des enfants en dessous d’un an en Wallonie, la principale cause de décès in utero est liée à des complications durant la grossesse. La principale cause de mortalité infantile est liée aux malformations congénitales. Elle représentait en 2004 un taux de mortalité de 0,5/1 000 naissances vivantes.

    Selon les chiffres PHARES 2010 du Registre Belge du Cancer :
    * Environ un homme sur trois et une femme sur quatre seront atteints par la maladie avant leur 75e anniversaire.
    * Le cancer touche principalement les personnes âgées. Respectivement 65 % des femmes et 76 % des hommes sont âgés de 60 ans ou plus au moment du diagnostic.
    * En 2010, 327 enfants ont été confrontés à un nouveau diagnostic de cancer. Cela représente moins de 1 % de tous les cas de cancer.

    Selon le Registre Belge du Cancer, le cancer est une maladie rare chez les enfants (0 à 14 ans) et représente < 1 % de toutes les tumeurs malignes. Les leucémies, lymphomes et cancer du système nerveux en représentent les deux tiers. Selon le même registre, les leucémies, les cancers du cerveau et les cancers des os sont les principales causes de mortalité par cancer chez les enfants (de 0 à 14 ans).

    L’environnement n’est pas défini dans la question. Il peut en effet avoir plusieurs significations (eau, air, sol, activités anthropiques, mais également condition de travail, mobilité, comportements). Bien que « l’environnement » soit régulièrement incriminé dans les médias, du point de vue scientifique, la relation de cause à effet n’est pas si évidente. Le constat est là : la part de l’environnement (eau, air, sol, activité anthropique) par rapport à la part des comportements à risque dans la cause des maladies et de la mortalité est très difficile à établir. Les données et les méthodes de calculs utilisés laissent une marge d’incertitude. L’Organisation mondiale de la santé a déjà fait plusieurs bilans à ce propos (2). Pour les pays à haut revenu tels que la Belgique, les principaux facteurs de risque sont le tabac, l’hypertension artérielle, le surpoids et l’obésité, l’hypercholestérolémie et l’abus d’alcool.

    Selon le rapport d’expertise de l’Inserm en France « Cancer et environnement » de 2008, les tumeurs cérébrales de l’enfant constituent un ensemble très hétérogène de tumeurs. Toutefois, il est encore difficile de préciser dans quelle mesure des entités différentes relèvent également de facteurs de risque spécifiques. Les seuls facteurs de risque clairement établis sont les expositions aux radiations ionisantes à forte dose et plusieurs syndromes génétiques.

    Selon le rapport de l’O.N.E. de 2012, au cours du 20e siècle, on assiste à 2 phénomènes : une diminution de la mortalité infantile partout en Europe, mais également une concentration de la mortalité autour des premiers jours de la vie. De plus, l’O.N.E. constate des disparités significatives d’ordre socio-économique dans les causes de mortalité infantile.

    La relation entre inégalités sociales et la surmortalité infantile se vérifient partout dans le monde et au cours du temps. Ainsi, les risques de mortalité infantile varient selon la nationalité, le niveau d’instruction et les catégories socioprofessionnelles.

    Pour les enfants, les disparités de mortalité entre les provinces ou sous-régions sont principalement liées à la situation socio-économique de la population, ce qu’on nomme les inégalités sociales de santé. Cette situation est bien connue, mais il n’existe pas de solution simple à lui appliquer. Il faut agir de manière synergique, non seulement via les systèmes de santé, mais aussi via tous les autres systèmes (économie, mobilité, travail, instruction, etc). Bref, nous sommes au cœur d’un objectif de l’OMS via la promotion de la santé : la santé dans toutes les politiques.



    (1) http://www.indexmundi.com/g/r.aspx?v=29&l=fr
    (2) http://www.dcp2.org/pubs/GBD