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La prétendue hausse des revenus des agriculteurs belges

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 190 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 22/01/2013
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Voici ce que l’on a pu lire dans la presse en décembre dernier : « Les revenus des agriculteurs en Belgique ont augmenté de 30% en 2012, en comparaison avec 2011, ressort-il mercredi des premières estimations d’Eurostat, l’Office européen de statistiques. Il s’agit de la plus forte hausse dans l’Union européenne où le revenu a augmenté en moyenne de 1% ».

    Que Monsieur le Ministre me permette d’évoquer une certaine gêne par rapport à cette annonce.

    Effectivement, les revenus des agriculteurs belges ont augmenté après une année 2011 catastrophique, mais ils sont restés en dessous du niveau de 2010.

    Je regrette vivement qu’aucune distinction ne soit faite entre les divers secteurs agricoles ce qui crée une certaine confusion dans l’esprit des consommateurs. D’un côté les laitiers repeignent la façade du Parlement européen par des milliers de litres de lait pour crier leur désespoir face à la chute du prix du litre de lait et d’un autre côté on annonce une augmentation substantielle des revenus des agriculteurs.

    Monsieur le Ministre peut-il préciser les différents facteurs pris en compte pour réaliser ces statistiques ? L’agriculture ne peut-être réduite à un package global. Monsieur le Ministre peut-il préciser pourquoi aucune distinction n’est faite entre les divers secteurs ? Cette année le secteur laitier ou le secteur viandeux ne jouissent pas des mêmes bénéfices que le secteur céréalier…

    Ces statistiques sont réalisées au niveau européen sur base des données des États membres. N'est-il pas possible à Monsieur le Ministre de rectifier l’information donnée dans la presse en précisant les spécificités agricoles ? Une de ses missions en tant que ministre de l’agriculture ne réside-t-elle pas dans la juste information ?
  • Réponse du 07/02/2013
    • de DI ANTONIO Carlo

    Je partage le sentiment de l'honorable membre face à une présentation, forcément réductrice, dès lors qu’elle se base sur un communiqué de presse de l’Office statistique de l’Union européenne, EUROSTAT.

    Cette présentation ne tient pas compte de la toile de fond historique ni de l’évolution différente au sein des différents secteurs de la production agricole. Eurostat indique une hausse du revenu réel agricole par actif de 1 % dans l’UE-27 en 2012, résultat d’une hausse de 0,5 % du revenu agricole réel conjugué à une réduction de 0,5 % de la main-d’œuvre agricole. La situation est très contrastée entre les différents États membres.

    Ces estimations de revenu agricole par EUROSTAT sont faites en Belgique par le Service public fédéral-économie). Elles sont établies au niveau de l’État membre via un calcul macro-économique de l’exploitation agricole « Belgique ». L’entièreté du pays est donc considérée comme une seule exploitation. Il n’y a ni ventilation régionale, ni désagrégation à l’échelon des orientations technicoéconomiques. Il est à noter que dans ce genre de calcul, le poids de la Flandre, qui produit pas loin de 70 % de la valeur de la production agricole belge, est considérable.

    Afin d’effectuer l’estimation macro-économique du revenu agricole, on tient compte des éléments suivants :
    * Les quantités de produits réellement commercialisées aux autres secteurs économiques ou directement au consommateur ainsi que les prix moyens unitaires. Ceci établi produit par produit, donne la valeur de la production finale ;
    * Les quantités de produits et services (vétérinaires, ..) achetés aux autres secteurs de l’économie et leur prix moyen unitaire ; ce sont les consommations intermédiaires (intrants).

    La différence entre la valeur de la production finale et les consommations intermédiaires donne la valeur ajoutée brute. On déduit les amortissements, fermages, intérêts payés, la rémunération des salariés, les impôts indirects et on ajoute les aides directes. Cette opération donne le revenu de l’entrepreneur.

    Au niveau belge, la valeur de la production agricole totale (prix X volumes) a augmenté de 10 % en 2012 alors que la valeur des consommations intermédiaires a diminué de 2,6 % (réduction des volumes d’intrants utilisés).

    Il faut aussi rappeler que la hausse annoncée de 30 % en 2012 l’est en comparaison avec la seule année 2011 qui avait été particulièrement mauvaise dans une série de secteurs, plus particulièrement en Flandre : crise dans le secteur des fruits et légumes (crise du concombre due à la contamination par la bactérie Escherichia coli), crise dans le secteur du porc (dioxine en Allemagne), …Le rétablissement dans ces secteurs conjugué à des hausses importantes pour les céréales, betteraves et pommes de terre ainsi que les œufs est à la base de l’amélioration des revenus. Par contre pour le lait, on peut parler d’une réduction d’environ 10 %.

    Donc pour conclure, statistiquement et sur un plan macro-économique, il y a bien une hausse des revenus agricoles en 2012 pour la « ferme Belgique ». Mais cette assertion est à nuancer fortement :
    - hausse par rapport à l’année 2011 très mauvaise pour certains secteurs importants pour l’économie agricole belge ;
    - ce rattrapage s’opère surtout pour des secteurs d’activité situés en Flandre ;
    - la situation est très différente d’un secteur par rapport à l’autre ;
    - la hausse du revenu par actif s’explique aussi par la réduction du nombre d’actifs agricoles.