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L'analyse des difficultés de la chaîne du lait

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 193 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 24/01/2013
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    En commission, le 3 décembre dernier, Monsieur le Ministre s’interrogeait sur la différence du prix du lait à la production dans l’Union européenne (prix moyen supérieur à 32 euros par 100 kilos en septembre 2012) et le prix du lait observé en Belgique, à la même période (29,9 euros par 100 kilos en septembre 2012).

    Quelles sont les raisons de cette différence ? Pourquoi la Belgique souffre-t-elle de ce décalage des prix ?

    Dans son intervention, Monsieur le Ministre avait précisé avoir demandé «une analyse approfondie des différences marquées ces dernières années, pour essayer d’en trouver à la fois l’ampleur et les raisons».

    Monsieur le Ministre peut-il faire part de cette analyse ? Concrètement, quels sont les éléments avancés ?

    Cette analyse devait également se pencher sur le prix d’intervention; apporter des éléments explicatifs au fait que, en Belgique, le prix de la poudre de lait est actuellement élevé. Pourquoi cela ne se traduit-il pas dans le prix de la production ?
  • Réponse du 07/02/2013
    • de DI ANTONIO Carlo

    Les dernières données disponibles montrent un prix moyen du lait à la production dans l’Union européenne en hausse par rapport aux chiffres donnés dans mes précédentes réponses. Il se situe à 34 euros/100 kg en novembre 2012. Le prix du lait moyen observé en Belgique suit la même tendance, il est de 33,8 euros/100 kg en novembre 2012. On notera, par rapport au mois de septembre 2012 (32 euros/100 kg dans l’UE et 29,9 euros/100 kg en Belgique), une nette diminution de l’écart observé entre le prix UE et le prix belge.

    Selon les données de la Confédération belge des laiteries (CBL), le prix moyen du lait payé en Belgique en décembre 2012 s’est élevé à 35,59 euros/100 litres (prix hTVA, à teneurs en matière grasse et protéines réelles, primes mensuelles incluses, avant autres primes). Il s’agit du prix du lait mensuel le plus élevé pour l’année 2012, mais aussi depuis mai 2008. Sur base mensuelle, le prix de décembre 2012 est supérieur de 0,93 euro/100 litres au prix de décembre 2011, ce qui correspond à une différence de + 2,7 %.

    Les prix de la poudre de lait au niveau de l’UE sont en hausse depuis le mois de juillet 2012 bien que cette tendance se stabilise depuis novembre 2012. Au niveau belge, on observe la même tendance avec un prix de 275 euros/100 kg au 13 janvier 2013 contre 266 euros/100 kg au niveau européen, soit dans les 2 cas largement au-dessus du prix d’intervention.

    Selon les experts du secteur, il s’écoule un délai de quelques mois (3 mois) entre l’évolution des prix des produits industriels et leur répercussion sur les prix à la production avec malgré tout, un caractère asymétrique de cette transmission des variations de prix vers la production qui peut être plus lente et moins complète à la hausse.

    Mon administration m’a en effet fourni une analyse détaillée de la situation. La comparaison des prix entre États membres et a fortiori avec le prix moyen UE doit être faite avec précaution. En effet, les prix communiqués par les différents États membres traduisent des réalités différentes : teneurs réelles/teneurs standards, inclusion ou non de certaines primes, litres ou kg… En outre, le prix moyen UE tient compte également de l’écart important des prix extrêmes entre les États membres (55,5 euros/100 litres à Malte et 27,6 euros/100 litres en Lettonie).

    Les différences de prix à la production entre États membres, mais aussi entre laiteries à l’intérieur d’un même État membre sont principalement expliquées par les différences de transformation du lait par les laiteries. Je citerai par ordre croissant de valeur ajoutée : lait de consommation, poudre de lait, beurre, produits frais et fromages. Le prix que la laiterie pourra rétrocéder à ses fournisseurs sera fonction des prix obtenus pour ses produits et donc de la valeur ajoutée que cette laiterie dégage.

    L’analyse du prix du lait moyen dans l’UE ainsi qu’en Belgique et les États voisins montre que la volatilité devient structurelle sur le marché du lait. Les prix étaient élevés en 2010 et 2011, ce qui s’est traduit par une augmentation de l’offre de lait avec pour conséquence une tendance des prix à la baisse début 2012. Les derniers chiffres montrent une reprise à la hausse du prix du lait.

    Le marché wallon des produits laitiers s’inscrit dans le contexte européen. 40 % de notre production sont collectés par des laiteries hors Wallonie. Même si l’Union européenne est le premier exportateur mondial de fromages, les ventes de l’UE sur les marchés internationaux concernent pour l’essentiel des produits de base, tels que la poudre de lait et le beurre. La Cour des comptes européenne a constaté que la part de l’UE dans le commerce mondial des produits laitiers se contracte depuis 1984 (rapport spécial n°14, 2009) et que les producteurs européens de produits de base n’ont été concurrentiels sur les marchés mondiaux qu’au moment où les cours étaient élevés.

    Même si l’on note une belle évolution ces dernières années vers les produits à haute valeur ajoutée, la transformation du lait par les laiteries wallonnes reste tournée vers les produits industriels, beurre et poudre avec donc une exposition beaucoup plus forte aux fluctuations du marché mondial. Le paradoxe est qu’aujourd’hui, en raison de la hausse de la demande mondiale de produits laitiers d’une part et de certaines facilités de fret d’autre part, l’exportation de poudre de lait vers la Chine soit l’activité la plus valorisante.

    Paradoxe certes, mais je maintiens ce que je disais en commission le 03 décembre. Au-delà du court terme nous devons encourager et soutenir nos laiteries dans la diversification vers les produits à haute valeur ajoutée moins exposés au marché mondial, encourager et soutenir nos producteurs dans la même voie (circuits courts, production biologique, …) et veiller partout à la maitrise des coûts.