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L'insertion professionnelle et les défis de la santé mentale

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 114 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 07/02/2013
    • de TROTTA Graziana
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Selon un récent rapport de l'OCDE intitulé «Santé mentale et emploi : Belgique», un tiers des personnes sans emploi souffrent d'un problème mental grave ou modéré. Par ailleurs, sur cinq personnes présentant un trouble mental, quatre éprouveraient des difficultés dans leur travail.

    L'OCDE estime que les pertes d'emploi et les dépenses de santé ainsi générées représentent un coût total annuel d'environ 3,4% du PIB, coût en augmentation et qui doit inciter les autorités régionales et fédérales compétentes à prendre des mesures pour aider les personnes concernées à trouver un emploi ou à conserver celui qu'elles occupent.

    Dans cet objectif, l'Organisation recommande donc aux services de l'emploi (mais aussi aux entreprises et aux mutualités) à être plus pro actifs pour aider les personnes atteintes d'un trouble mental.

    Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer comment les acteurs wallons de formation et d'insertion professionnelles composent avec les personnes souffrant d'un problème de santé mentale ? Quels sont les mécanismes, les projets, les initiatives développés par les autorités régionales compétentes pour aider les personnes concernées à s'insérer sur le marché de l'emploi ? Des synergies sont-elles mises en place avec les ministres régionale et fédérale de la santé et la ministre fédérale de l'emploi ?
  • Réponse du 10/06/2013
    • de ANTOINE André

    Confronté, en effet, depuis plus de 3 ans à un nombre grandissant de demandeurs d’emploi rencontrant des problématiques relatives à la santé mentale, le Forem a développé un réseau interne d’assistants sociaux chargés d’appuyer le travail des conseillers du Forem et d’accompagner ces personnes.

    De manière globale le public pris en charge par ces travailleurs sociaux représente +/- 4 % des demandeurs d’emploi accompagnés par le Forem et présente les caractéristiques suivantes :
    * 75 % rencontrent des problèmes de santé (physique/mentale) importants entravant fortement l’insertion professionnelle, 20 % des problèmes familiaux et/ou sociaux, 2 % des troubles comportementaux, 2 % des problèmes d’assuétudes.
    * +/- 12 % du public accompagné est orienté vers l’INAMI (5 %) et le SPF DGPH (7 %)

    Si la problématique de la santé mentale va croissant, elle se conjugue souvent à d’autres facteurs d’ordre social, familial et/ou professionnel.

    Face à ce constat, des contacts ont été pris avec le secteur de la santé mentale (via l’inter plateforme des services de santé mentale) et la coordination des projets 107(1) notamment pour élaborer un dispositif permettant de prendre en charge ce type de public. Le Forem a dès lors mis sur pied des comités d’experts pluridisciplinaires (2) (dont des représentants des CPAS) chargés :
    - de procéder à des études de cas soumis par les assistants sociaux du Forem ;
    - de suivre l’évolution des parcours des cas présentés ;
    - de mesurer les résultats ;
    - de susciter le développement d’actions ajustées en termes de programme, de rythme, de méthodologie…pour étoffer l’offre existante et répondre aux besoins spécifiques du public visé.

    C’est l’assistant social du Forem qui est la porte d’entrée de ce comité et qui est chargé d’y présenter les cas « anonymisés » nécessitant un examen pluridisciplinaire au regard de leur complexité ou de leur aspect multifactoriel.

    Suite à ces concertations/supervisions, le comité d’appui sera amené à décider d’orienter la personne vers un ou des acteurs du réseau offrant des prestations susceptibles de venir en appui à celles des assistant(e)s sociaux(les) et de répondre aux besoins de la personne tout en veillant à ne pas perdre de vue le volet insertion socioprofessionnelle.

    À noter que le recrutement des experts est en cours et que ces comités seront activés à partir du mois de mars 2013.

    Concernant les moyens et mesures spécifiques pour faire face à ce phénomène, le Forem octroie un financement pour :
    - d’une part, ajuster ou adapter l’offre des opérateurs aux caractéristiques de ce public en proposant un rythme, une méthodologie et un accompagnement différents ;
    - d’autre part, pour développer des actions innovantes dans le cadre de l’appel à projets lié au plan d’accompagnement des chômeurs.

    Concernant l’offre ajustée, elle se déclinera en fonction des besoins analysés par les comités d’appui locaux et sur base des situations proposées par les assistants sociaux du Forem.

    Les actions innovantes font, quant à elles, l’objet d’une mesure spécifique de l’appel à projets intitulée « Accroche et transition »

    Par ailleurs, une convention de partenariat entre le Forem, l’INAMI, les organismes assureurs et l’AWIPH vient d’être signée le 15 janvier dernier.

    Un de ses objectifs est de susciter l’interaction avec les médecins-conseils des mutuelles , le Forem et les partenaires externes pour offrir une réponse concertée et appropriée aux personnes en incapacité de travail pour des raisons de santé mentale notamment (dépression, burn out…) souhaitant se réinsérer sur le marché du travail.



    (1) Les projets 107 (en référence à l’article 107 de la loi sur les hôpitaux et des autres formes de dispensation des soins) sont le résultat d’un appel à projets lancé par le Fédéral suite à la réforme de la santé mentale qui vise à réallouer les budgets affectés aux lits en psychiatrie à des circuits de soins individualisés permettant au patient de maintenir un lien avec son environnement proche. Ces projets comprennent entre autres un volet insertion auquel le Forem et des opérateurs de formation sont associés.
    (2) Ces comités sont composés de 2 représentants ayant une expertise dans le domaine de la santé (médecin et AWIPH), de 2 représentants ayant une expertise dans le domaine de l’insertion socioprofessionnelle (EFT/OISP- Régie des quartiers) et d’un représentant ayant une expertise dans le domaine du social (CPAS).