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La présence de gaz de houille en Wallonie

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 353 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 07/02/2013
    • de EERDEKENS Claude
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    La presse française a récemment fait écho de la présence d'importants stocks de gaz de houille dans le nord-est de la France, et plus précisément en Alsace.

    A-t-on réalisé en Wallonie des études pour détecter dans le sous-sol wallon la présence de gaz de houille et peut-il être envisagé une exploitation de ces gaz à des fins énergétiques ?
  • Réponse du 03/10/2013
    • de HENRY Philippe

    Des ressources potentielles en gaz de houille existent en Wallonie. Il faut y distinguer les gisements liés aux veines de charbon en place et à leurs encaissants et les gisements constitués par les anciennes zones exploitées fracturées.

    Les techniques d'exploitation varient selon les cas :
    1) sur les mines fermées, le grisou a souvent été exploité via des aménagements des anciens travaux et des puits réalisés à cet effet avant leur fermeture. Suite à la mise en sécurité des puits, notamment dans le cadre des retraits de concessions minières, les anciens équipements de captages ne peuvent plus être utilisés (seules exceptions : les réservoirs de Péronnes et d'Anderlues et le gisement entre Marcinelle et Couillet). Là où les mines ne sont pas totalement noyées (sud de Charleroi), il est envisageable de forer des puits de captage rejoignant les zones fracturées des anciens travaux.
    2) en gisements vierges, différentes méthodes peuvent être envisagées :
    - forage jusqu'aux couches vierges, fracturation hydraulique de ces dernières et pompage du gaz par mise en dépression;
    - idem, mais injection de CO2, qui par son affinité plus grande pour la houille que le CH4, vient déloger celui-ci de ses sites d'adsorption pour l'y remplacer; cette technique permet d'accroître le rendement des captages;
    - gazéification souterraine, c'est-à-dire la distillation de la couche de houille par un front de combustion contrôlé entre deux forages (un premier d'injection d'air, un second de récupération), après fracturation de la couche entre les deux, permettant de récupérer un produit de mélange de gaz de combustion et de gaz naturel. C'est la méthode mise en œuvre à Thulin dans les années 1980.

    Le Hainaut renferme les charbons les plus riches en matières volatiles ainsi que la plus grande épaisseur cumulée de couches de houille, ce qui explique que le captage de gaz y ait été particulièrement développé des années 1930 à 1994 (d'abord comme moyen de prévention des coups de grisou et des dégagements spontanés). C'est ce qui explique aussi le seul projet concret de gazéification souterraine à Thulin, dans les années 1980.

    Dans le cadre du Programme de Révision de la Carte géologique de Wallonie, une étude approfondie des zones des bassins du Centre et de Charleroi potentiellement les plus intéressantes du point de vue du captage de gaz de houille a été réalisée en 2012.

    Cette étude porte principalement sur les réserves de houille et donc, la possibilité de récupérer du méthane dans la houille encore en place dans les zones exploitées (et dans les massifs fracturés encaissants) et dans des zones totalement vierges situées sous, entre ou au sud des zones exploitées. Le travail s'intéresse en priorité au Hainaut, où on trouve les couches les plus riches en matières volatiles.

    Selon ces conclusions, il apparaît que le Houiller profond et méridional reste mal connu (explorations insuffisantes et rapports d'époque peu exploitables) mais aussi que, dans les zones exploitées, il reste de l'ordre de six zones intéressantes où une forte proportion de charbon (jusqu'à 60 %) est restée en place (exploitation sélective des parties les plus riches et les plus faciles). Ce charbon renferme toujours une partie de son méthane (grisou). Il conviendrait d'accroître la connaissance de ces zones en imposant aux candidats exploitants d'effectuer des reconnaissances complémentaires (au travers du permis).

    Certaines études ont évoqué les chiffres de 40 à 80 millions de m³ de gaz récupérables par km². En pratique, ce chiffre ne saurait être constant puisqu'il dépend essentiellement :
    - du nombre de veines existant sous chaque kilomètre carré des bassins houillers : or, ce nombre de couches passe de 120 sous le Couchant de Mons, à zéro au niveau de la vallée du Samson pour augmenter à nouveau jusqu'à 80 sous Liège ;
    - de la teneur en matières volatiles de chaque faisceau de couches de houille, variable avec les niveaux stratigraphiques, la tectonisation du gisement et la distribution dans les différents massifs houillers.

    Il faut en outre distinguer deux situations du point de vue juridique :
    - en zone encore concédée (l'essentiel des bassins houillers wallon), le droit de recherche et d'exploitation du grisou est exclusivement réservé au concessionnaire, propriétaire perpétuel des couches de houille vierges ou exploitées et des anciens travaux. Jusqu'en 1994, de nombreux captages de grisou sur mines fermées étaient en activité, en particulier dans la région de Charleroi;
    - en dehors de zones encore concédées, la recherche et l'exploitation sont soumises à l'obtention d'un permis exclusif de recherches ou d'exploitation de gaz combustibles, dans un périmètre donné. La demande est publiée et mise en concurrence. Le permis obtenu, chaque puits devra faire l'objet d'une demande de permis unique, après obtention de droits réels sur le terrain des installations.

    Comme pour tout projet de recherches ou d'exploitation de ce type, c'est l'état du marché qui pousse les industriels à s'intéresser à la mise en exploitation ou non d'un gisement, en fonction du contexte local.