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Le développement des accélérateurs de start-up

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 123 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 11/03/2013
    • de KAPOMPOLE Joelle
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    L'Écho du 19 février dernier faisait état d'une nouvelle session pour Nest'up.

    Ce focus mettait en évidence tant le travail de qualité fourni par l'ASBL que les besoins réels que celle-ci parvient à combler, tout en permettant aux administrateurs de Nest'up de formuler quelques voeux quant à l'avenir.

    L'objectif, selon les administrateurs-coacheurs, relève du véritable enjeu sociétal. Même si l'on admet qu'il y a un « hype » autour du sujet, il faudrait un « hub » similaire dans chaque ville, d'autant que les start-up cherchent à solutionner des problèmes pratiques et concrets.

    Le noeud des difficultés réside, bien entendu, dans le financement de ce type de structure.

    Selon les administrateurs de Nets'up, le « crowdfunding » serait une solution. Toutefois, les questions légales soulevées par ce type de financement empêchent un démarrage franc en Wallonie.

    Les États-Unis bénéficient de start-up qui ont acquis une renommée internationale et qui se rappelant de leurs jeunes années n'hésitent pas à financer ces jeunes sociétés. En Belgique, trop de start-up de renom ont quitté l'Europe pour s'épanouir pleinement à l'étranger.

    Ce constat m'impose quelques questions.

    Que pense Monsieur le Ministre de ce mécanisme d'incubateurs ?

    Comment peut-on utilement, sur le territoire wallon, solutionner le problème du financement de ces structures d'aide et coaching aux start-up ?

    Quel est le point de vue du ministère de Monsieur le Ministre sur le « crowdfunding » ?

    Comment peut-on éviter l'exode des talents wallons ?
  • Réponse du 14/08/2013
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L'accélérateur de start-up Nest'up by Creative Walloniea, dont les deux premières éditions constituent d'ores et déjà un véritable succès, répond à un véritable besoin en matière de soutien à l'entrepreneuriat wallon.

    Porteuses d'innovation, les start-up sont l'un des moteurs d'une économie de la créativité. Développant des produits ou services proposant des solutions inédites à des problèmes observés et utilisant pour ce faire la connaissance technologique disponible, les start-up se caractérisent notamment par leur capacité à proposer des modèles économiques innovants.

    Ces modèles économiques étant composés de nombreux éléments, de la segmentation du marché à l'identification des bons partenaires, des flux de revenus à la structure de coûts, des canaux de promotion et de distribution à la relation client, de la proposition de valeur aux métriques clés, il existe de très nombreux aspects sur lesquels une start-up peut, et même doit, innover.

    Afin de proposer un accompagnement adapté aux besoins des start'up, il est donc nécessaire, au-delà des habituels comptables, juristes et commerciaux, d'intégrer de nombreuses expertises capables de suivre les porteurs· de projets tout au long de leur réflexion jusqu'à ce qu'ils stabilisent leur modèle économique et'créent une entreprise au sens où on l'entend d'habitude.

    Ces besoins en expertise sont aussi intenses que ponctuels. Dans ce contexte, un des piliers de l'accompagnement des start-up est de réunir autour des entrepreneurs un réseau dense et accessible d'experts à même de leur faire économiser le temps et l'énergie qu'ils pourraient gaspiller dans des domaines qu'elles ne maitrisent pas.

    C'est exactement cette approche rigoureuse et intensive que propose l'accélérateur Nest'up qui se positionne à un moment clé du cycle de développement d'une jeune entreprise. Cette initiative permet d'aller chercher certains futurs entrepreneurs ou équipes projets qui passaient avant au travers des mailles de l'animation économique et propose une façon originale et efficace d'accompagner les start'up wallonnes.

    Le concept d'accélérateur se caractérise par les points suivants:

    1° La pluridisciplinarité : seules des équipes peuvent participer à une phase d'accélération. La notion d'équipe pluridisciplinaire est en effet synonyme d'interrogations croisées et de remises en perspective.

    2° L'intensité : un accélérateur fonctionne par batch d'accélération d'une durée de 3 mois, période durant laquelle les équipes sélectionnées travaillent temps plein au développement de leur modèle d'affaires, d'un prototype du produit/service à tester sur le marché et à la présentation de leur projet d'entreprise à des investisseurs.

    3° Le coaching entrepreneurial : chaque équipe est encadrée durant les 3 mois par plusieurs coaches eux-mêmes entrepreneurs afin de transmettre leur expérience pratique. Les équipes ont accès durant toute la phase d'accélération à des experts de différents domaines (juridique, financier, technologique, communication, marketing, ... ) afin de répondre directement aux questions identifiées.

    4° Le « storytelling » : pour soutenir et développer l'esprit d'entreprendre et son soutien, une plate-forme de storytelling est mise en place en partenariat avec les médias et diffuse quotidiennement les informations relatives aux start-up et à toutes les initiatives de soutien à l'entrepreneuriat.
    Tous ces éléments participent à la création d'un écosystème innovant autour des start'up en lien étroit avec l'extérieur que ce soit avec le monde des acteurs de l'innovation ou avec le grand public et futurs utilisateurs, promotionnent l'esprit d'entreprendre et renforcent les objectifs de Creative Wallonia à savoir: favoriser l'innovation ouverte, l'hybridation transdisciplinaire et l'intelligence collaborative.

    Les actions pilotes, dont Nest'up, initiées dans la cadre de Creative Wallonia ont comme vocation d'agir par contamination, effets leviers se basant sur un principe simple: plus le territoire sera créatif, plus les entreprises seront innovants ! Stratégie de contamination qui se traduit par le type d'initiatives lancées, mais également par une politique de communication basée sur le storytelling indispensable pour répondre à ces enjeux.

    Ceci m'amène à répondre à la question concernant les talents à retenir et à attirer sur notre territoire.

    À travers Creative Wallonia, j'ai fait le pari d'une politique d'innovation qui s'appuie sur la société entière - sur une société créative.

    Via trois axes: la stimulation de la société créative, l'encouragement des pratiques innovantes et le soutien à la production innovante plus de 20 actions sont mises en œuvre tant dans le domaine de l'éducation, de l'entreprenariat que dans le secteur économique avec une attention toute particulière également à la sensibilisation et formation du grand public notamment via la Semaine de la Créativité. Bref, une approche holistique, intégrée, systémique qui décloisonne véritablement innovation technologique et non technologique, industrie classique et industries créatives et culturelles, acteurs du privé et du public, monde de l'enseignement et de l'entreprise.

    Autant d'occasions de révéler et mettre en valeur le potentiel énorme et réel que la Wallonie recèle en matière d'économie créative et de positionner la Wallonie comme lieu de créativité offrant une terre fertile et propice, un lieu d'accueil pour les projets des entrepreneurs innovants.

    Cette stratégie a déjà montré après à peine trois ans d'existence des résultats probants. D'une part, un bon nombre de success stories permettent d'illustrer la pertinence des actions lancées. D'autre part, l'intégration de la Wallonie dans plusieurs réseaux européens d'innovation, mais également la sélection de celle-ci par la Commission européenne comme district créatif européen. Une reconnaissance sur le terrain par les acteurs et entreprises qui bénéficient et incarnent l'apport positif des actions de Creative Wallonia, mais également une reconnaissance internationale et européenne.

    Concrètement, l'émergence de hotspot créatifs, la stimulation de réseaux d'innovation, le soutien aux initiatives porteuses de changement et la mise en lumière d'acteurs innovants sont les actions majeures initiées par Creative Wallonia via la concrétisation d'initiatives telles qu'ID Campus, Nest'up, les espaces de coworking, Boost'up, l'Observatoire des tendances ou encore la Semaine de la créativité, ... Toutes ces actions permettent de former les futurs acteurs de l'innovation - ces talents dont l’honorable Membre parle, mais également de leur offrir des lieux où travailler, se retrouver, échanger et collaborer. Les liens entre talents et territoire créatif sont interdépendants. Un territoire ne peut être innovant sans des acteurs créatifs, mais les novateurs (ou talents) ne restent que si le territoire est identifié comme terre de créativité. L'équilibre entre les deux demande la mise en œuvre d'actions croisées initiées notamment dans le cadre du programme Creative Wallonia, mais qui mériterait encore d'être renforcée.

    Concernant votre question sur le Crowdfunding, le Crowdfunding est un mode de financement qui existe depuis un certain temps déjà (ex. financement des organisations humanitaires), mais qui a trouvé une évolution nouvelle au travers des nouvelles technologies et plus précisément via le développement des réseaux sociaux.

    Concrètement, c'est une approche qui permet le financement de projets/entreprises en faisant appel aux particuliers (internautes, réseaux de contact, amis, etc.) pour faire de petits investissements. Si on cumule un grand nombre de petites sommes, l'effet de levier peut s'avérer important et ainsi financer des projets ou des entreprises qui n'auraient pas pu l'être via des financements classiques que sont les organismes financiers ou les investisseurs privés.

    Il n'existe en Belgique aucune réglementation spécifique concernant le crowdfunding. Cette forme de financement est dès lors régie par différentes lois.

    En bref, il existe deux types de contraintes pour le crowdfunding en Belgique. Premièrement, l'argent ne doit pas transiter sur un compte lié au site de crowdfunding, et la rémunération ne peut se faire que par la société qui a levé les fonds.

    En outre, chaque promoteur peut récolter jusqu'à 100.000 euros; s'il dépasse ce montant, le financement sera considéré comme réalisé par une institution financière « faisant appel public à l'épargne » et devra obtenir l'agrément de l'Autorité des services et marchés financiers (F5MA) ; de plus, il conviendra d'établir un prospectus (des discussions sont en cours pour éventuellement augmenter ce plafond à l'échelon fédéral).

    Le risque est de rapidement se trouver dans la situation d'être considéré comme un intermédiaire financier classique, avec l'obligation d'avoir une licence bancaire, des contraintes en termes de fonds propres, de compliance, d'audit. Ce qui est beaucoup trop lourd pour des structures légères comme les plateformes de Crowdfunding.

    Le cadre réglementaire n'est pas toujours facile, mais le rôle de l'État est de protéger les citoyens.

    Bien que le crowdfunding semble se développer rapidement, avec des montants récoltés au niveau mondial qui ont atteint 2,7 milliards d'euros en 2012, il est à ce stade encore trop tôt pour déterminer l'utilisation efficace de ce genre de mécanisme pour les structures d'accompagnement wallonnes de start'up étant donné qu'en Belgique, les sites les plus anciens n'ont que quelques mois d'activité et ne comptent que quelques dossiers bouclés, pour des structures de coûts qui sont déjà assez lourdes.