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Le risque de prolongement de la crise

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 103 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 11/04/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances

    Le nombre de chômeurs en Europe a atteint 26,2 millions de personnes. Le taux de chômage en Wallonie dépasse largement la moyenne européenne. Et le bout du tunnel n’est pas encore en vue.

    Le nombre de jeunes DEI augmente : près d’un quart des jeunes Européens n’ont pas d’emploi. En Wallonie, c’est pareil. On parle de plus en plus des jeunes qui tombent dans le piège de la pauvreté.

    Le chômage de longue durée bat des records.

    La certitude de maintenir l’emploi pendant une longue période se transforme en inquiétude, voire en angoisse dès que le travailleur aura dépassé les 50 ans.

    Plus que 25 % des Belges n’ont plus d’épargne alors que le taux d’épargne bat, lui aussi, des records.

    Tandis que les uns s’endettent, les autres font gonfler leurs carnets d’épargne. On assiste à une véritable dualisation de la société.

    Le coût de la vie explose, notamment pour les petits revenus.

    Bref, il y a de quoi à s’inquiéter et à se poser la question de savoir si les dispositifs et outils actuels mis en place pour réagir face à la pauvreté seront, demain, suffisants. Car, "La crise durera encore sept ans" (Itinéra dans le journal De Zondag). « On est en train de payer trente ans d’excès. Cela prendra du temps. »

    Devant ce contexte, est-il prévu que Madame la Ministre procède au screening des outils en matière de politique sociale pour examiner si elles pourront toujours fonctionner correctement et avec satisfaction dans le contexte d’une crise qui durera encore des années et qui provoquera davantage de dégâts sociaux ?
  • Réponse du 16/05/2013
    • de TILLIEUX Eliane

    Donner à chaque personne une vie digne et sauvegarder la capacité de chacun à participer au développement social et économique sont des objectifs fondamentaux pour une société libre et démocratique.

    Selon l'enquête EU-SILC 2011, 15,3 % de la population belge (soit environ 1 personne sur 7) connaissait en 2010 un risque de pauvreté, 5,7 % de la population souffrait de privation matérielle grave et 10,6 % vivait dans un ménage à très faible intensité de travail.

    En Wallonie, c’est 19,2 % de la population qui est en situation de risque de pauvreté.

    L’Union européenne s’est aussi donné l’objectif ambitieux de diminuer de 20 millions le nombre de personnes pauvres en 2020, mais au regard de la dégradation de la situation économique depuis 2008, on peut s’attendre à un surcroît de difficultés pour les personnes et les familles rendant cet objectif plus difficile à atteindre.

    C’est pourquoi, et plus que jamais, le travail des services sociaux wallons est toujours aussi fondamental pour répondre quotidiennement à ces défis.

    Les services sociaux agréés et soutenus par la Wallonie ont montré toute leur utilité.

    Ces dernières années ont été celles d’une dégradation sociale et économique généralisée dans la zone euro avec une restriction des moyens des autorités publiques consécutives à la crise financière et un ralentissement économique. Cette dégradation a été accompagnée d’une hausse du coût de l’énergie qui a pesé sur le pouvoir d’achat des ménages et surtout sur les ménages ayant les plus faibles revenus.
    Toutefois la Belgique et la Wallonie ont pu compenser partiellement cette dégradation en raison de la présence d’une sécurité sociale protectrice et de services sociaux développés.

    De plus, l’altération des capacités des individus rejetés dans la précarité constitue un frein important pour leur participation à la vie sociale et économique.

    Les dernières études de la Fédération des CPAS sur l’exclusion du chômage et la réduction des allocations de chômage démontrent un transfert accru de charges vers les Pouvoirs locaux. Compte tenu des effets attendus d’une récession voire d’une stagnation du PIB, le nombre de personnes dépendant des services sociaux va s’accroître.

    Un des défis majeurs est donc de maintenir les services sociaux et principalement les CPAS en état de répondre aux besoins de la population surtout en période de crise et sauvegarder la pleine et entière capacité des personnes et de leur famille à participer aux enjeux sociaux et économiques de la Wallonie.

    Il s’agit donc pour les Pouvoirs publics dans un contexte financier difficile d’assurer aux services sociaux publics et privés agréés des moyens suffisants pour faire face à ces missions et développer la qualité de leur intervention.

    C’est donc en ayant conscience de ces objectifs que la Wallonie entend continuer à soutenir les Communes, CPAS, les Associations chapitre XII et les services sociaux privés dans le cadre de ses compétences « action sociale ».

    En ces temps difficiles de crise économique, la tentation du rejet de l’autre, du « pauvre », de l’ « étranger », du « différent » est grande. Il convient donc de porter une attention particulière à la politique d’égalité des chances que ce soit en termes de promotion de l’égalité ou en termes de lutte contre les discriminations.

    Pour l’heure, l’option prise par le Gouvernement wallon est d’assurer la continuité des soutiens de la Wallonie. En termes d’outils, un guide « Coup de pouce » a été réalisé. Ce guide est un inventaire, à destination des personnes concernées, mais aussi des professionnels, de toutes les aides disponibles en Wallonie et Fédération Wallonie-Bruxelles.

    En guise de conclusion et de perspective d’avenir, il convient de rappeler que la politique sociale est un investissement à long terme. Elle permet le développement d’une société équilibrée et respectueuse des citoyens, de tous les citoyens. L’inaction sociale est une fausse économie, car elle génère des coûts encore plus grands que ceux de l’action sociale et une société inéquitable et appauvrie.