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La stagnation de l'innovation en Belgique

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 190 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 02/05/2013
    • de KAPOMPOLE Joelle
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Selon une étude réalisée par le quotidien « L'Écho » de ce 26 mars 2013, la Belgique reste en bonne position dans le palmarès européen de l'innovation.

    Cependant, une stagnation est remarquée dès lors qu'elle régresse, d'autres pays limitrophes, comme le Luxembourg ou les Pays-Bas faisant mieux que nous.

    Si le rapport soumis à l'Europe constate que l'une de nos forces réside dans « le lien entre innovateurs et entreprenariats », plusieurs entraves sont constatées.

    Cette analyse m'impose donc les questions suivantes.

    Monsieur le Ministre partage-t-il cette analyse ? Dans l'affirmative, quelles mesures pourraient être entreprises en Wallonie pour permettre à notre région de remonter dans ce classement ?

    L'une des causes de la stagnation résulterait d'une forte diminution des dépenses d'innovation hors Recherche et Développement.

    Est-ce exact ?

    Nonobstant la rigueur budgétaire actuelle, quelles mesures peuvent être prises pour redynamiser l'innovation wallonne ?
  • Réponse du 22/01/2014
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Afin de rester compétitives sur un marché en perpétuelle évolution, les entreprises sont en effet amenées à relever au quotidien le défi de l’innovation.

    L’enquête CIS réalisée pour la Wallonie indique que 57,6 % des entreprises sont classées parmi les entreprises innovantes, c.-à-d. qu’elles ont des activités d’innovation technologique et/ou non technologique. On peut donc considérer que ces résultats sont globalement concordants. Toujours selon l’enquête CIS, les résultats wallons se situent au-dessus de la moyenne communautaire (52,9 %) et légèrement sous la moyenne nationale (60,9 %), et sont en hausse puisque la Région passe de 52 % en 2008 à 57,6 % en 2010.

    Les politiques ciblées visant à stimuler l’innovation et la croissance des PME sont plus que jamais nécessaires, les entreprises innovantes à forte croissance étant un moteur pour l’ensemble de l’économie régionale.

    Les TPE et PME en Région Wallonne peuvent faire appel à différents mécanismes de soutien, d’aides et d’accompagnement :
    Via les aides à la consultance, une entreprise pourra dès cet automne faire appel à un consultant spécialiste de l’économie créative. Au même titre que les aides à la consultance permettent aux entreprises d’être accompagnées par des experts externes afin de revoir leur stratégie commerciale, de faire l’analyse financière ou encore de mettre en place une stratégie e-business, les entreprises pourront désormais explorer leur potentiel innovant grâce à l’intervention de « Conseil en économie créative». 50 % de cette intervention sera prise en charge par la Wallonie.

    La mesure Op’in vise quant à elle à soutenir (jusqu’à 35 % des frais éligibles pour les PME) la mise en place concrète de projets liés au nouveau mode d'organisation et/ou de procédé innovant au sein des entreprises. Elle a pour vocation de venir en aide aux entreprises désireuses d’innover dans leur fonctionnement global afin d’améliorer leur compétitivité.

    L’objectif est, via ces différents mécanismes, d’apporter aux entreprises le coup de pouce nécessaire  leur permettant d’intégrer dans leur mode de réflexion et de fonctionnement les logiques de l’innovation créative afin que la capacité d’adaptation constante au changement deviennent partie intégrante de leur ADN et que celles-ci trouvent leur place dans un monde désormais global et numérique où l’information circule à la vitesse de la lumière.

    D’autres actions, permettent à des TPE, issues du secteur des industries créatives, d’accélérer la mise sur le marché de prototypes existants. Le temps de mise sur le marché d’un produit ou service innovant est l’un des facteurs clés de réussite commerciale. Via l’appel à projets Boost’up, plus de 20 TPE ont déjà bénéficié de bourses d’un minimum de 40.000 euros.

    Soulignons encore les Chèques technologiques. Ces chèques technologiques servent à payer des prestations effectuées par un centre de recherche agréé ou dépendant d’une haute école belge francophone. Ces prestations ont pour objet d’améliorer la capacité technologique propre des entreprises, quel que soit le secteur d’activités. Chaque chèque technologique a une valeur nominale de 500 euros. La PME wallonne qui en bénéfice ne paie que 25 % de sa valeur contre 75 % prit en charge par la Région wallonne et le Feder. Une même entreprise peut bénéficier de 40 chèques technologiques au maximum par année civile, disposant ainsi d’un potentiel d’une valeur de 20.000 euros pour une dépense limitée de 5.000 euros

    De plus, en octobre 2012, l’Agence de Stimulation Economique, en collaboration avec la DGO 6, a mis en ligne le portail « infos-entreprises ». Cette véritable boîte à outils pour les entrepreneurs s’appuie sur le cycle de vie de l’entreprise et permet ainsi de trouver de l’information sur diverses matières dont les aides et structures d’accompagnement adéquatent. L’actualisation des contenus est en perpétuel développement. Le premier semestre 2013 permet de dégager 69.372 visites, pour un total de pas moins de 204.200 pages d’informations consommées. Afin de correspondre toujours mieux aux consommations des entrepreneurs, un nouveau formulaire de contact, mettant en avant directement le fonctionnaire d’information spécifique à la DGO6 est en cours de développement.

    La stimulation de la croissance des entreprises était également au centre des débats à l’occasion du Parlement des PME 2013 qui s’est tenu le 6 décembre dernier à Liège. Nous en analysons les résultats pour améliorer nos politiques en la matière. Nous avons tracé de premières pistes d’approfondissement dans le cadre du Plan Marshall 2022, nous y travaillons dans la cadre du SBA wallon et de la politique des Pôles de compétitivité, et bien évidemment dans le cadre de CW.

    Une étude récente réalisée par l’Ucl et l’Ulg sur base d’une enquête auprès d’un échantillon de 433 entreprises a caractérisé les TPE et PME wallonnes et bruxelloises au regard de critères d’innovation et de performance afin d’analyser les relations entre ces deux dimensions et d’en tirer des enseignements pour les pratiques de gestion des entreprises.

    Les critères d’innovation utilisés rassemblent des éléments factuels (nombre de brevets, évolution des budgets de R&D) mais également déclaratifs (changement technologique ou organisationnel mis en œuvre au cours des 3 dernières années, nombre de nouveaux produits/services/procédés introduits au cours des 3 dernières années) et indirects (participation à un cluster, obtention d’un prix relatif à l’innovation, demande de prime à l’innovation,…).

    Les critères de performances portent également sur différentes dimensions : socio organisationnelle (motivation, climat social, absentéisme, évolution des effectifs,…), productive (productivité, coûts), environnementale (politique RSE, comptabilité environnementale,…) et financière (chiffre d’affaires, bénéfices/pertes, ventes,…).

    L’étude a comme principal intérêt de considérer l’innovation et la performance selon une approche très large, et ne se limitant pas aux indicateurs quantitatifs classiques basés uniquement sur l’innovation technologique ou la performance financière. Certains résultats de l’étude semblent particulièrement encourageants quant aux politiques d’innovation menées en Wallonie :
    - L’innovation se rencontre dans tous les secteurs, pas uniquement ceux considérés comme des secteurs de pointe. C’est l’approche que nous privilégions dans Creative Wallonia, puisqu’il s’agit d’instiller les pratiques d’innovation et de créativité dans l’ensemble des couches de la société, dans l’ensemble des secteurs économiques, des plus pointus aux plus traditionnels.
    - Une très grande majorité des entreprises très innovantes ont introduit des changements organisationnels. L’innovation non technologique, qui retient particulièrement notre attention dans le cadre de Creative Wallonia, constitue une dimension importante à prendre en considération. C’est un axe à développer encore dans la politique wallonne, et j’ai proposé dans le cadre du Plan Marshall 2022 d’intégrer davantage cette dimension dans la politique des pôles de Compétitivité.
    - Une large majorité des entreprises très innovantes participent à un cluster. Là encore, il s’agit d’un axe important de nos politiques, la mise en réseau et la création de réseaux d’innovation étant également stimulées via CW. Un enjeu important est d’élargir encore la dynamique qui s’est créée au sein des pôles de compétitivité à davantage de PME.
    - L’importance de la dimension internationale. L’étude ne dit pas si c’est le fait d’être innovante et performante qui permet d’être performant à l’international ou si ce sont les activités internationales des entreprises qui les poussent à être plus innovantes et performantes. Il n’en reste pas moins que ces différentes dimensions sont liées, et que dans le contexte wallon, la stimulation de l’internationalisation de nos PME doit rester une priorité. Il s’agit d’un axe de CW, renforcé encore via le projet Creative District, c’est également l’une des priorités du SBA wallon, et une dimension importante de la politique des Pôles.