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Le refus de crédit auquel se heurte l'entrepreneur innovant

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 201 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 06/05/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Michel Lauwers: « Les entrepreneurs belges innovants et audacieux ne seraient-ils pas prophètes en leur pays ? Et les institutions publiques ou parapubliques mises en place pour se substituer aux banques en cas de refus de celles-ci pour accompagner le développement des PME louperaient- elles parfois le coche ? ».

    Comme le développement d’une entreprise, qui se lance dans un produit innovant, risque de manger le cash à ses débuts, les patrons prennent contact avec leur banque et avec des institutions publiques susceptibles d’aider les starters: Fonds de participation, Sowalfin, invests… Mais souvent, ça coince. Confrontées à des refus à toutes leurs demandes de crédit, les entreprises continuent soit d’avancer sur fonds propres, mais à flux tendus, soit abandonnent.

    L’exemple sur lequel je viens de construire l’argumentaire n’est – hélas – pas le seul. J’en ai accompagné plusieurs qui, dans un premier temps, doivent faire du porte-à-porte, pour se retrouver au bout du chemin à leur point de départ – mais toujours sans réponse à leur demande de crédit.

    Citons un de ces patrons entre-temps découragé par son vécu : « C’est la crise, la relance économique fait défaut, souligne-t-il. Tout le monde convient qu’il faut passer par les PME pour faire redémarrer la machine économique, mais lorsque vous créez un nouveau produit innovant et que vous présentez un dossier de crédit, vous tombez sur un financier ou un fonctionnaire qui ne raisonne qu’en termes chiffrés et estime ne pas pouvoir défendre votre cas devant son comité de crédit ! » (presse).

    Bref, il y a des PME innovantes qui prennent le taureau par les cornes et qui veulent se lancer dans une production industrielle – à condition qu’on les aide à trouver les liquidités nécessaires pour avancer. Les outils d’aide et de soutien aux entreprises sont-ils toujours adaptés à une période de crise, où le secteur bancaire se montre-t-il encore plus réservé à l’égard du risque (naturel) d’entreprendre ? Les outils de la Région wallonne n’agissent-ils pas de façon trop conservatrice à l’égard des produits innovants que l’on ne saurait faire avancer qu’à condition d’injecter de l’argent dans leur développement et dans leur commercialisation ?
  • Réponse du 05/09/2013
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le soutien de projets innovants développés par des P.M.E. s’est sensiblement développé au cours de ces dernières années et se fait essentiellement via deux leviers :
    * Les Invests wallons au travers des maisons-mères, de leurs filiales FEDER et surtout de leurs filiales spécialisées en matière de financement des spin-off, spin-out et start-up innovantes (mesure du Plan Marshall et Plan Marshall 2.vert), qui interviennent en capital et/ou en prêts divers.
    * La filiale NOVALLIA (créée en 2009) qui intervient par la mise à disposition de prêts subordonnés à taux attractif.

    Ces 2 outils peuvent, si besoin est, se combiner et couvrir jusqu’à 75 % des besoins financiers d’un projet pour augmenter la probabilité de finaliser le montage financier des projets, étape ô combien cruciale dans le contexte économique dégradé actuel.

    En effet, l’expérience vécue par ces outils dans le cadre de financement de projets à caractère innovant qui, en général, ne peuvent mobiliser des garanties et ne génèrent pas encore (ou peu) de chiffre d’affaires, montre une réelle frilosité des organismes bancaires traditionnels.

    En terme de réalisation, depuis 2007, ce sont plus de 520 dossiers à caractère innovant au sein de P.M.E. qui ont fait l’objet de décision positive d’intervention d’un Invest ou de NOVALLIA et ce, pour un montant de plus de 130 millions d’euros, soit un montant moyen par projet de 250.000 euros.

    Ceci illustre le soutien volontariste que ces organismes financiers apportent aux entrepreneurs initiant des projets innovants.

    Afin de soutenir cette politique d’investissement, une réalimentation de la mesure NOVALLIA (4 millions d’euros pour porter l’enveloppe à 50 millions d’euros, et couvrir les entreprises de la Zone Compétitivité où l’enveloppe était épuisée) a été décidée par le Gouvernement.

    Il est toutefois entendu que chaque dossier fait l’objet d’une analyse financière approfondie et est ensuite présenté au comité de crédit où un certain nombre de critères sont examinés, notamment en ce qui concerne l’établissement d’un business plan crédible qui permet d’évaluer la capacité de remboursement (s’il s’agit d’un prêt) ou les perspectives de sortie (en cas d’intervention en capital), l’orientation marché du produit et l’intérêt du marché pour celui-ci, le montage financier équilibré, etc.

    L’intervention des différents organismes ne vise pas à se substituer au secteur bancaire, mais plutôt à produire un effet de levier au travers d’un soutien temporaire et complémentaire, de sorte à faciliter l’émergence de partenariats entre acteurs publics et privés. Ces exigences sont saines, et visent à assurer une bonne utilisation des deniers du contribuable. Par ailleurs, cela aide souvent le porteur de projet à se poser les bonnes questions et à mieux structurer son projet. En effet, on ne peut qu’encourager les entrepreneurs à se préparer de manière professionnelle, ce qui améliore, non seulement l’accès aux capitaux, mais aussi les chances de réussite de leur projet.

    Outre les dispositifs mentionnés ci-dessus, rappelons que le Groupe SOWALFIN peut également intervenir en garantie sur un prêt bancaire qui soutiendrait un projet à caractère innovant. Dans le souci d’un renforcement du partenariat public-privé, le Groupe SOWALFIN peut également garantir un prêt accordé par un business angel qui interviendrait dans le montage financier d’un projet à caractère innovant.

    Aussi, la SRIW dispose aussi d’une gamme complète d’intervention en capital et prêt pour des montages financiers de plus grande ampleur, généralement relatifs au développement de spin off universitaires ou d’entreprises particulièrement innovantes dans le cadre du 2e ou 3e tour de table.

    Enfin, il convient de rappeler les nombreux mécanismes d’aides à l’innovation proposés par la Région wallonne au travers de la DGO6, qui constituent des compléments financiers conséquents et ciblés pour ce type d’entreprises.