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Les politiques wallonnes mises en oeuvre pour lutter contre l'homophobie

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 136 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 27/05/2013
    • de PREVOT Maxime
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances

    Le 17 mai 1990, l’Organisation mondiale de la santé retirait l’homosexualité de la liste des maladies mentales.

    Ce vendredi 17 mai, c’est donc, et ce depuis quelques années, la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie. Cette date est une occasion pour les associations lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) de s’exprimer. Pour elles, le cadre législatif n'est pas suffisant. Elles soulignent également le fait qu'il faut sensibiliser le public à la réalité vécue par les personnes homosexuelles et transgenre face à des paroles et des actes dont il ne perçoit pas toujours les conséquences…

    L'occasion aussi pour le Parlement wallon de faire le point aujourd’hui, avec Madame la Ministre, sur les politiques mises en œuvre au niveau wallon pour répondre à cette réalité.

    L’agence des Droits fondamentaux de l’Union européenne a interrogé, dans 28 pays (UE + Croatie), 93.000 homosexuels et transgenre. On apprend que près de 30% d’entre eux ont été victimes de violences ou d'agressions au cours des cinq dernières années. Parmi eux, 30% des 7.000 transsexuels ont dit avoir été agressés physiquement ou menacés de violences plus de trois fois ces 12 derniers mois.

    Si notre pays est l’un des plus protégés d’un point de vue légal (loi antidiscrimination, mariage homosexuel, adoption, ...) et si l’on peut estimer qu’il existe une relative acceptation de l’homosexualité par les médias et les institutions, il n’empêche que, ici encore, des discours, crimes et délits de haine demeurent. En effet, en matière d’homophobie, 80 à 90 dossiers sont ouverts chaque année par le centre pour l’égalité des chances. Un chiffre stable, mais dans lequel on constate de plus en plus de cas de violence et d’agressions physiques ou verbales.
     
    Souvenons-nous ainsi que, pas plus tard que l’année dernière, à Liège, deux hommes ont été tués, probablement en raison de leur orientation sexuelle…

    Madame la Ministre a présenté la semaine dernière, en tant que ministre wallonne de l’égalité des chances, avec la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet et les autres ministres régionaux de l’égalité des chances, le deuxième volet du Plan d’action interfédéral de lutte contre l’homophobie et la transphobie, qui porte plus particulièrement sur les discriminations.

    Madame la Ministre peut-elle nous présenter ce Plan d’action et nous dire sur quoi il porte ?

    Aussi, selon le directeur de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, la peur, l'isolement et la discrimination seraient toujours des phénomènes courants dans cette communauté en Europe.

    Madame la Ministre peut-elle rappeler à notre parlement, de manière exhaustive, les mesures déjà prises sous cette législature en Wallonie en vue de promouvoir et de protéger les droits fondamentaux des personnes LGBT, et en vue de leur permettre de disposer d'un accompagnement social et sanitaire adapté au regard des difficultés particulières qu'elles peuvent encore rencontrer individuellement ?
  • Réponse du 02/07/2013
    • de TILLIEUX Eliane

    La Belgique a depuis dix ans connu de grandes avancées en matière d'égalité des droits. Toutefois, les discriminations vécues par les LGBT (lesbiennes, gay, bi, trans) restent nombreuses.

    Le plan d'action interfédéral, élaboré avec l'appui de l'Institut pour l'Égalité des Femmes et des Hommes, du Centre pour l'Égalité des Chances et des associations LGBT, a pour objectif de développer une politique concertée des différentes entités en vue de combattre l'homophobie.

    Au travers de ce plan, des actions vont être mises en œuvre sur la base de six priorités : le développement des connaissances, l'amélioration de la législation, l'amélioration de la prévention, la sensibilisation, l'aide aux victimes et enfin, le suivi et les poursuites.

    En Wallonie, la lutte contre l'homophobie fait partie des priorités fixées par la Déclaration de politique régionale, priorités que j'ai transcrites dans le Plan global égalité des chances. Les grands axes de cette politique sont déclinés ci-dessous.

    J'ai présenté en première lecture au gouvernement un avant-projet de décret relatif à l'agrément des Maisons Arc-en-ciel. Il s'agit de pérenniser ce secteur associatif qui effectue un travail de qualité. C'est aussi un moyen de lutter contre les discriminations puisque ces opérateurs locaux pourront être le point de contact pour toutes les questions relatives aux thématiques LGBT. Ce lieu sera aussi un espace d'accueil pour les associations qui offrent des services liés à la promotion du bien­être des LGBT.

    Pour mettre en œuvre le décret du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discriminations, des protocoles de collaboration ont été conclus avec le Centre de l'Égalité des Chances et la Lutte contre le Racisme et l'Institut pour l’Égalité des Hommes et des Femmes. Dans le cadre de cette collaboration, un réseau décentralisé a été mis en place via onze Espaces Wallonie permettant aux citoyens de déposer une plainte ou un signalement pour discrimination à proximité de chez eux, et ce de manière gratuite et accessible. Le Centre et l'Institut ont ensuite pour mission de traiter les plaintes. Des actions de sensibilisations et de communication à destination du grand public sont menées dans le cadre de ces protocoles.

    Des campagnes de sensibilisation sont organisées à l'attention du grand public en matière d'homophobie.

    À titre d'exemple, je peux citer, le débat organisé par les Fiertés Namuroises le 4 mai dernier au centre Gay et Lesbien de Namur. Tous les partis politiques étaient représentés pour évoquer leur vision sur les nouvelles formes de parentalités dans les couples gay et lesbiens, en ce compris les questions relatives à l'adoption d'enfants par des couples homos et la gestation pour autrui. L'ouverture d'esprit et la volonté d'éradiquer les discriminations ont présidé à cette séance.

    J'apporte un soutien financier aux associations œuvrant dans la lutte contre l'homophobie dont notamment la Belgian Pride du 17 mai, une manifestation financée en partie par la Région wallonne. J'en profite pour souligner l'excellent travail de l'ASBL Arc-en-ciel Wallonie, la Fédération des associations LGBT en Wallonie. En 2012, la somme allouée de manière spécifique à la lutte contre l'homophobie était de 178 500 euros.

    Je souhaite mentionner également une initiative très intéressante réalisée en collaboration avec le Centre pour l'Égalité des Chances. Il s'agit de « Love is love », un court métrage de Sergio Ghizzardi. Ce court-métrage a été présenté en avant-première dans le cadre des Fiertés namuroises. Ce film vise à démonter les préjugés et a pour vocation de susciter le débat autour des discriminations vécues aujourd'hui en Wallonie par les gays et les lesbiennes. Ce film vise a été diffusé sur Canal c et sera diffusé sur les télévisions locales de Wallonie tout prochainement.

    Toujours dans le cadre des campagnes de sensibilisation, GrlS Wallonie, un groupe d'intervenants bénévoles gays, lesbiennes et bisexuels réalisent des animations dans les écoles secondaires. Ils témoignent sur leur expérience et tentent de répondre aux questions que se posent encore les jeunes. Ce projet organisé par l'ASBL « Arc en Ciel Wallonie » vient de recevoir le « prix Egaltitude 2013 » dans le volet « Égalité des Chances », il permet de répondre aux demandes de sensibilisation des enseignants, éducateurs, directions d'une manière structurée et de démystifier l'homosexualité auprès des jeunes.

    En ce qui concerne les moyens mis en œuvre, de nouveaux emplois ont été créés dans le secteur associatif LGBT suite à un appel à projet destiné à renforcer l'action de terrain. Cinq emplois APE ont été affectés aux organisations de terrains, accompagnés d'un subside complémentaire de 5 000 euros par travailleur, financés par mon département.

    Au-delà des associations spécialisées dans l'accueil des personnes LGBT, de nombreux services agréés par la région mènent des actions semblables avec une perspective plus généraliste.

    À titre d'exemple, les Centres de planning familial réalisent des brochures relatives à la sexualité ainsi que des études sur la perception de l'homosexualité chez les jeunes, elles organisent des animations en milieu scolaire et non scolaire et des consultations psychologiques.

    Le Cripel, le Centre régional d'intégration de Liège, a organisé une rencontre diversité sur le thème « Votre organisation est-elle gay friendly ? ». Cette rencontre avait pour but de montrer quelles sont les pratiques concrètes de ressources humaines en matière de diversité et de non-discrimination vis-à-vis du public LGBT.

    Enfin, je ne peux pas terminer sans évoquer la Charte de l'Égalité des Chances pour les communes.

    Cette Charte résulte de la réflexion de 9 communes pilotes, soutenues par la Wallonie pour des projets d'égalité des chances, sur la création d'une Charte de l'Égalité des Chances destinée à toutes les communes de Wallonie.

    En effet, il est primordial de créer un véritable partenariat avec les Pouvoirs locaux, la commune étant le premier maillon d'un travail transversal en faveur de l'Égalité des Chances et elle peut jouer un rôle important dans la sensibilisation de la population.

    Cette Charte a été présentée pour signature aux communes lors du Colloque organisé le vendredi 3 mai 2013 au Moulin de Beez. Je me réjouis du succès de cette initiative puisque ce n'est pas moins de 61 communes qui ont signé cet engagement.

    De nombreuses autres entités ont également fait part de leur volonté de la signer dès qu'elles auront eu l'aval de leur conseil.