à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité
En juin 2007, la Région wallonne a sollicité un géologue du Programme de révision de la carte géologique pour réaliser une synthèse sur le houiller du Hainaut, en particulier des zones encore riches en houille, présentant une estimation des réserves en houille, en gaz et en capacité de stockage de dioxyde de carbone.
Monsieur le Ministre peut-il me dire si les résultats de ce travail sont disponibles ? Dans l'affirmative, quelles en sont les conclusions ?
Réponse du 18/09/2013
de HENRY Philippe
Je confirme que dans le cadre du Programme de Révision de la Carte géologique de Wallonie, il avait été demandé à un géologue, spécialiste du Houiller, de déterminer les zones des bassins du Centre et de Charleroi potentiellement les plus intéressantes du point de vue du captage de gaz de houille et d'élaborer des dossiers de synthèse des informations disponibles. L’étude finalisée a été remise en 2012. Elle porte principalement sur les réserves de houille et donc, la possibilité de récupérer du méthane dans la houille encore en place dans les zones exploitées (et dans les massifs fracturés encaissants) et dans des zones totalement vierges situées sous, entre ou au sud des zones exploitées. Le travail s'intéresse en priorité au Hainaut, où on trouve les couches les plus riches en matières volatiles.
Certaines études ont évoqué les chiffres de 40 à 80 millions de m³ de gaz récupérables par km². En pratique, ce chiffre ne saurait être constant puisqu'il dépend essentiellement : * du nombre de veines existant sous chaque kilomètre carré des bassins houillers (variant de 120 à Mons à zéro au niveau de la vallée du Samson et à 80 sous Liège); * de la teneur en matières volatiles de chaque faisceau de couches de houille, variable avec les niveaux stratigraphiques et la tectonisation du gisement; * de l'état des connaissances de chaque partie des massifs houillers concernés, la quantité et la qualité de la houille pouvant fortement varier d'une unité tectonique à l'autre.
L’étude sur le Houiller du Hainaut – véritable référence pour le gisement houiller des bassins du Centre et de Charleroi – consiste notamment en des dossiers par concessions minières dont la majorité existe toujours bien qu’elles soient en phase de retrait.
Les dossiers sont consultables auprès du Service géologique de Wallonie et les données numériques seront rendues accessibles en ligne (sous forme synthétique), sans qu'il soit encore possible de fixer de délai. Les données informatiques pourront en outre être fournies sous licence par le SGW.
En voici les conclusions :
1° L'exploitation houillère a enlevé une bonne part des couches de houille exploitables suivant les critères économiques de l'époque. Les veines de moins de 30 à 40 cm sont toujours en place et représentent une part non négligeable de la masse de charbon susceptible de produire du méthane. À mesure que les travaux se sont approfondis, les couches abandonnées sont devenues de plus en plus épaisses et la part demeurée en place n'a cessé de s'accroître. Les gisements de houille grasse (riches en gaz) ont particulièrement été visés.
2° Il existe encore quelques blocs qui, pour des raisons variées, sont restés inexploités. Dans les concessions octroyées, ce sont parfois des paquets demeurés intacts dans des parties trop dérangées et peu "mécanisables" et dans les parties profondes de concessions abandonnées trop prématurément dans les dernières décennies de l'activité minière.
3° Le gisement hors concession ou non entamé sous la Faille du Midi mériterait une nouvelle étude approfondie par sondages. Avec prudence, on peut espérer que certaines de ses parties puissent servir de théâtre à l'exploitation du gaz de houille. Malheureusement les connaissances à son sujet sont très anciennes et grevées de nombreuses imprécisions voire même de descriptions erronées.
4° Six zones intéressantes ont été identifiées, où une forte proportion de charbon (jusqu'à 60 %) est restée en place.
5° Pour pallier au manque de données de terrain sur le Houiller profond et méridional, hors des volumes exploités, il est recommandé d'imposer des sondages profonds carottés, en des points ciblés, parmi les conditions de délivrance d'un permis de recherche de gaz combustible.
6° L'étude a également mis en évidence le besoin d’une meilleure accessibilité aux informations existantes mais dispersées. Il s’agit d’une des missions du nouveau Service Géologique de Wallonie, créé en juin dernier par le Gouvernement, que de centraliser, rendre accessible et conserver un ensemble d'archives le plus complet possible, notamment dans le cadre du retrait des concessions minières en cours.
Cette nécessité de centraliser l'information géologique n’est pas neuve et avait déjà été mise en évidence en 2007.
Pour le Houiller, le Service géologique de Wallonie, avait envisagé de conserver et de rendre accessible plus de 5 000 coupes des bassins houillers wallons, plusieurs centaines de coupes de puits et de bouveaux et une série de rapports relatifs à la géologie du Houiller. Leur localisation sera reprise sur l'application WebGIS "Thématiques Sous-sol" qui existe depuis plusieurs mois maintenant. Les documents, en phase finale de numérisation, seront disponibles à la consultation dès l'automne 2013. Par ailleurs, des chercheurs et certains concessionnaires miniers ont déjà proposé au SGW de leur céder des documents du même type, en leur possession. La Wallonie disposera ainsi d'une collection particulièrement importante pour de futurs travaux scientifiques et d'exploration. Par exemple, des modélisations 3D, sur base des coupes, puits et sondages, sont envisagées ou déjà en cours, sur des zones réduites.
7° L'étude pourrait être étendue à d'autres zones du territoire, non seulement afin de disposer de données synthétiques et d'une estimation des réserves en gaz, mais aussi afin de mieux comprendre la structure tectonique du Houiller et des terrains avoisinants. Une meilleure connaissance de cette structure, dans le cadre de ce qui est connu entre Nord de la France, Massif du Brabant et Graben du Rhin, constituerait une base de travail non seulement pour la recherche de houille ou de grisou, y compris de gisements non conventionnels, mais surtout pour l'exploration préparatoire de zones favorables à la géothermie profonde ou à l'enfouissement géologique de CO2.