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L'entrepreneuriat chez les jeunes

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 222 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 30/05/2013
    • de TROTTA Graziana
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    À la demande de l'Agence de stimulation économique, IPSOS a réalisé une enquête à propos de l'entrepreneuriat auprès de 531 jeunes wallons de 17 à 30 ans, dont la moitié étaient des étudiants et l'autre moitié des diplômés.

    Entre autres résultats, l'enquête révèle que six jeunes sur dix n'ont pas été informés des dispositifs d'aide à la création d'entreprise. Durant leur formation, seulement quatre jeunes sur dix ont entendu parler de l'esprit d'entreprendre, mais ils estiment que la sensibilisation à la création d'activités fut superficielle et trop théorique. Un tiers des jeunes interrogés estime que le système éducatif ne développe pas suffisamment le sens de l'initiative et ne prépare pas à la création de leur entreprise.

    L'Agence de stimulation économique développe pourtant des outils de sensibilisation à la création d'activité. Elle s'adresse aux jeunes, mais aussi aux enseignants et aux établissements scolaires par différents leviers dont des animations en classe, des bourses pour des projets entrepreneuriaux, des ateliers de formation et d'autres outils pédagogiques. Le travail réalisé est donc déjà important.

    Inciter davantage de jeunes à lancer leur activité demeure un défi majeur qui est rendu plus complexe par le contexte économique difficile qui a tendance à freiner certains dans leur envie d'entreprendre. Il est néanmoins essentiel de continuer à investir dans la jeunesse, en transmettant à un maximum de jeunes tous les outils permettant d'optimiser leurs chances de réussite en cas de création d'activité.

    Par conséquent, Monsieur le Ministre peut-il me dire quels enseignements il tire de l'enquête IPSOS susmentionnée ? En quoi cela va-t-il impacter le travail déjà fourni par l'Agence de stimulation économique ? De nouvelles initiatives vont-elles être mises sur pied ? De nouveaux moyens vont-ils être consacrés à cet enjeu ? Une collaboration avec son collègue de l'Enseignement obligatoire est-elle développée dans cet objectif ?
  • Réponse du 18/06/2013
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’Agence de Stimulation Economique travaille depuis 2007 sur l’esprit d’entreprendre auprès des étudiants. Indirectement par des actions à destination des enseignants, et en direct par des concours, témoignages ou minientreprises mis en œuvre, au sein des établissements, par divers opérateurs. Ce sont ainsi plus de 167 600 jeunes et 4 900 enseignants qui ont été sensibilisés.

    Cette enquête sur les jeunes Wallons et l’esprit d’entreprendre a été menée au 1er trimestre 2013 auprès des étudiants et diplômés. Voici les grands enseignements que nous pouvons en tirer :
    * Si le système éducatif sensibilise peu à l’esprit d’entreprendre, on notera cependant que le sujet a été abordé chez 67 % des répondants de la filière « sciences de gestion » et 60 % de la filière « sciences appliquées ».
    * La sensibilisation à l’entrepreneuriat a le mérite d’exister et est donnée dans 56 % des cas par les enseignants eux-mêmes. Pour 91 % des étudiants, les activités pratiques et témoignages sont cependant plus utiles que l’approche théorique traditionnelle.
    * Si la recherche de sécurité, le manque de confiance en soi et le manque d’expérience justifient la recherche du statut salarié, on peut cependant se féliciter qu’un vivier de 26 % de la population jeune active soit intéressé par la création : 12 % pour lesquels celle-ci est effective ou en cours et 14 % pour lesquels elle est envisagée dans les 3 ans.
    * Les premiers soutiens attendus sont ceux des proches et des financeurs. Viennent ensuite les organismes de soutien qui, malgré toute la communication existante, sont encore mal connus.

    Il est essentiel de poursuivre l’action existante pour aider les jeunes qui le souhaitent à créer leur activité. Mais l’esprit d’entreprendre ne doit pas être réduit à la seule création d’activité. Ce concept va plus loin et parle de compétences individuelles. Ainsi, pour que les jeunes découvrent leurs talents, il faut leur proposer des outils leur permettant de mieux se connaître et de mettre en évidence les capacités et attitudes entrepreneuriales qu’ils développent au quotidien.

    En ce sens, les balises stratégiques sur lesquelles l’Agence de Stimulation Economique travaille pour son nouveau programme esprit d’entreprendre vont dans le bon sens :
    - focaliser les actions sur des activités expérientielles, des témoignages d’entrepreneurs, la créativité et l’accès à de l’information concrète sur la création d’activité à partir du secondaire ;
    - travailler avec des « écoles entrepreneuriales » pour mettre en avant un véritable parcours de sensibilisation et de formation ouvert à l’accompagnement de projets réels.

    Les enseignements de cette étude font d’ores et déjà l’objet de discussions entre l’agence et le réseau des opérateurs pour alimenter le prochain programme triennal.

    Au-delà de nouveaux moyens à mettre en œuvre, la réflexion portera avant tout sur un meilleur ciblage des actions (travail direct vers les étudiants, focus sur les filières menant à la création et au développement des entreprises ainsi que les filières pédagogiques), une progression dans les objectifs (découverte de l’économie, de l’entreprise, développement des attitudes entrepreneuriales, mais aussi créativité, développement durable et innovation), la complémentarité des actions soutenues et leur caractère transversal wallon.

    Les résultats de cette enquête seront bien entendu partagés avec ma collègue de l’Enseignement obligatoire afin de pouvoir répondre, de manière cohérente, aux constats posés.

    Il nous faut également poursuivre le travail entamé sur la lisibilité et la visibilité des dispositifs de soutien aux créateurs et entreprises. Il est en effet interpellant de constater qu’à l’époque de la « surinformation », les publics cibles méconnaissent les dispositifs mis à leur disposition.

    En octobre 2012, l’Agence de Stimulation Economique, en collaboration avec la DGO 6, a mis en ligne le portail « infos-entreprises ». Cette véritable boîte à outils pour les entrepreneurs s’appuie sur le cycle de vie de l’entreprise et permet ainsi de trouver de l’information sur diverses matières. L’actualisation des contenus est en perpétuel développement. Le premier semestre 2013 permet de dégager 69 372 visites, pour un total de pas moins de 204 200 pages d’informations consommées. Afin de correspondre toujours mieux aux consommations des entrepreneurs, un nouveau formulaire de contact, mettant en avant directement le fonctionnaire d’information spécifique à la DGO6 est en cours de développement.

    L’amélioration de la visibilité et de la lisibilité des dispositifs d’aide fera également partie intégrante des missions de la future Agence pour l’Entreprise et l’Innovation.

    Enfin, afin d’inciter les jeunes à passer du cap de l’envie à la création d’activité ou à l’intrapreneuriat, des initiatives pilotes sont d’ores et déjà lancées en matière de formation à l’entrepreneuriat :
    - une formation intégrée en entrepreneuriat pour les ingénieurs est initiée avec 3 Hautes Écoles et a pour but d’outiller les enseignants de ces filières afin qu’ils puissent donner à leurs étudiants une perspective plus concrète des potentialités de la création d’entreprises et du développement d’entreprises existantes ;
    - la promotion d’une pédagogie entrepreneuriale dans une perspective d’apprentissage responsabilisant et coopératif pouvant faire émerger l’esprit d’entreprendre chez les étudiants. Cela en s’appuyant notamment sur l’utilisation d’outils informatiques ;
    - au sein des universités, qu’il s’agisse de l’UMons Entrepreneur 3.0 qui amène des activités proposées par des entrepreneurs dans les cours, de Louvain School of Management pour la mise en place de la mineure en entrepreneuriat et la Formation interdisciplinaire « création d’entreprise » (CPME) ou d’HEC École de gestion de l’ULg pour « HEC-ULg Entrepreneurs ».

    En 2013, trois « Coentrepreneurs Week-end » seront organisés par l’ASE et le MIC. Durant 54 heures, il est mis à la disposition des participants un réseau, des ressources et un encadrement leur permettant de passer, le temps d’un week-end, de l’idée à la startup. Ces événements mettent en relation développeurs, innovateurs et entrepreneurs locaux.

    Je terminerai en citant le projet NEST’Up mis en place dans le cadre du Programme Creative Wallonia qui accompagne également des jeunes dans leurs démarches de création de start-up. La première édition 2013 se terminera fin juin par les pitchs devant des investisseurs.