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Les "légendes" qui circulent sur le développement de l'éolien wallon

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 734 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 31/05/2013
    • de BORSUS Willy
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Le 14 mai 2013, Monsieur le Ministre répondait en Commission de l’environnement du Parlement wallon à une question parlementaire sur la cartographie de l’éolien wallon. Plus précisément, Monsieur le Ministre répondait entre autres : « La tension que suscite le projet éolien est tout à fait compréhensible surtout au vu des légendes et autres peurs qui circulent sur le développement éolien wallon. »

    Monsieur le Ministre peut-il préciser ce qu’il entend par « légendes » ? Quelles sont ces « légendes » ?

    Par ailleurs, s’agit-il de « légendes » ou de cas avérés d’incidences apparues sur d’autres sites éoliens existants ?

    Enfin, dans la cadre des réunions d’information préalables et dans le cadre des enquêtes publiques relatives à des projets éoliens, l’autorité régionale – qui est compétente pour l’octroi des permis uniques – répond-t-elle à ces « légendes » dans la justification administrative donnée au permis ? Peut-on encore parler de « légendes » dans ce cadre ?
  • Réponse du 16/07/2013
    • de HENRY Philippe

    Je pense que l’honorable membre sait parfaitement ce que je veux entendre par « légendes et autres peurs qui circulent sur le développement éolien wallon », nous les avons assez entendues à la radio et à la télévision.

    Je peux en citer trois exemples :

    * La dévaluation immobilière.

    Un paragraphe du rapport du GIEC (Wiser et al., 2011) spécifiquement consacré à l’éolien a réalisé une synthèse des études traitant de ce sujet. D’après ce rapport, les recherches réalisées à ce sujet n’ont pas permis de mettre en évidence d’effet significatif et généralisé des champs éoliens sur la valeur de l’immobilier.

    L’Observatoire BCV (2012) a réalisé une large revue de la littérature pour identifier l’éventuel impact des éoliennes sur les prix de l’immobilier aux États-Unis, en Allemagne dans la région d’Aix-la-Chapelle, au Royaume-Uni et au Canada. Ce rapport conclut que « quel que soit le lieu ou la méthode choisie, ces analyses montrent que les prix de vente des résidences immobilières se situant à proximité d’installations éoliennes ne sont pas influencés par la présence de ces dernières, du moins après leur construction. Certaines études font apparaître un possible fléchissement des prix durant la période entre l’annonce et la mise en activité. Cependant, la situation revient à la normale par la suite ». Pour expliquer cette baisse temporaire, parfois observée des prix, le rapport cite la « théorie des stigmates par anticipation ». Ceux-ci pèseraient sur le marché par anticipation des craintes liées aux conséquences négatives des parcs, la situation immobilière se rétablissant une fois les éoliennes en fonctionnement.

    Ces conclusions (Wiser, 2011 ; Observatoire BCV, 2012) sont d’ailleurs confirmées par deux études réalisées au niveau wallon (Bureau d’expertise De Vadder, 2005, Mignon et al 2010). Suivant ces deux études, l’éolien n’a aucun impact notable sur le prix de l’immobilier et si une influence devait exister, elle serait limitée à une période de quelques mois après le démarrage des éoliennes.



    * L’éolien ne permet pas de diminuer nos émissions de CO2.

    Le rapport spécifique du GIEC (Wiser et al., 2011) sur l’énergie éolienne réalise une large revue de la littérature existante. Il conclut que l’impact direct de la présence d’éoliennes dans le parc de production électrique est bien une réduction des émissions de polluants atmosphériques et de GES en particulier. Ce rapport estime que les gains réels en termes d’économie de CO2 sont fonction des situations particulières de chaque parc de production électrique. Globalement, il estime que les 160 GW de puissance éolienne installée dans le monde en 2009 ont produit 340 TWh d’électricité et ont permis d’économiser 0,2 Gt CO2 au cours de cette même année, soit encore 588 kg CO2 / MWh.



    * La Wallonie va être couverte de champs éoliens, avec toutes ces zones favorables.

    Les zones favorables représentées sur la cartographie éolienne représentent un peu plus de 3 % du territoire wallon. De plus, il est important d’insister sur le fait que seules ~20-30% de ces zones favorables recevront réellement des éoliennes. En effet, la cartographie ne peut prendre en compte, au niveau régional et cartographique, les critères d’interdistance entre parcs et d’interdiction d’encerclement. En effet, ces critères s’appliquent aux projets concrets d’implantation de parcs. Ce qui conduira à la disqualification de nombreuses zones favorables. Il est donc faux de dire que la Wallonie se couvrira d’éoliennes.