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La recherche en chimie verte et son potentiel économique

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 564 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 04/06/2013
    • de TROTTA Graziana
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Il y a une vingtaine d'années, la chimie a entrepris une mutation consistant notamment à produire davantage de substances et de matières non toxiques pour l'homme et l'environnement, mais aussi à optimiser les procédés de recyclage, dans une perspective de développement durable. C'est ce que l'on appelle la chimie verte ou chimie durable.

    Du 21 au 24 mai derniers se tenait à La Rochelle le deuxième congrès international de la chimie verte, congrès qui a rassemblé plus d'un demi-millier de chercheurs de près d'une quarantaine de pays.

    La chimie verte, jadis considérée comme une contrainte pour beaucoup d'entreprises, est aujourd'hui davantage perçue comme une opportunité pour le développement économique, outre son intérêt certain pour l'environnement considéré dans sa globalité. Selon les estimations, elle représente seulement 5 à 10% de la production chimique mondiale, mais selon des spécialistes, la croissance devrait être exponentielle dans les prochaines années.

    On peut se réjouir que les autorités wallonnes aient compris l'importance de l'enjeu économique et environnemental du développement de la chimie verte, elles qui ont décidé de l'intégrer pleinement dans le sixième pôle de compétitivité, GreenWin, labellisé par le Gouvernement wallon le 24 février 2011.

    Eu égard à cet enjeu de taille, Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur la chimie verte en Wallonie ? Quel bilan peut-on tirer aujourd'hui de ce secteur ?

    Quels sont les investissements réalisés en termes de R&D dans le cadre du Plan Marshall 2.vert ?

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'une évaluation du nombre d'emplois liés à ce secteur et du potentiel de création d'emplois dans les prochaines années ?

    Quels sont les projets développés dans le cadre de ce pôle de compétitivité du Plan Marshall 2.vert ?
  • Réponse du 24/06/2013
    • de NOLLET Jean-Marc

    La chimie verte est aujourd’hui considérée par la Wallonie comme un secteur prioritaire en matière de recherche, développement et innovation. Ce que l’on appelle « chimie verte » est un ensemble de principes qui ont pour but de réduire ou d’éliminer l’utilisation ou la génération de substances dangereuses émanant des processus de design, de fabrication et d’application de produits chimiques. Ces principes s’articulent autour des concepts suivants :
    - minimiser les déchets à la source ;
    - maximiser l’efficacité des matières premières ;
    - réduire l’utilisation de réactifs toxiques ;
    - conserver l’énergie ;
    - accroître le recours à des ressources renouvelables

    Ces principes sont les lignes directrices de l’axe 1 « élaboration de produits et matériaux durables », autrement dit l’axe « chimie verte », du pôle Greenwin. La labellisation du pôle Greenwin le 24 février 2011 a effectivement, comme l'honorable membre le souligne, concrétisé le souhait de la Wallonie de soutenir fortement ce secteur.

    Une initiative dont on mesure déjà le succès : dans le rapport annuel de suivi du Plan Marshall 2.vert, Greenwin apparaît en deuxième rang des pôles en termes de création prévue d’emplois, et ce, alors qu’il a été labellisé plusieurs années après les autres pôles et n’a participé qu’à 3 appels à projets, les 3 derniers, sur les 8 déjà clôturés. Ceci illustre bien à quel point sa création répondait à un besoin et à une demande. Le rapport indique que, sur les 8 appels à projets annuels destinés aux pôles de compétitivité, 18 % des emplois créés annoncés le sont au sein de Greenwin, soit environ 1 390 emplois (pour les 3 axes du pôle).

    En 2013, le pôle a décidé d’évaluer, avec ses membres et en partenariat avec l’AWEx et Valbiom, les opportunités pour la Wallonie dans le domaine de la chimie verte, en particulier dans sa composante renouvelable et biosourcée.

    L’objectif est bien de soutenir le développement de cette chimie verte en Wallonie et de lui donner la place et la visibilité qu’elle mérite sur la scène wallonne et internationale. En effet, la Wallonie compte déjà de nombreux atouts à cet égard, notamment à travers une recherche d’excellence dans le domaine, mais on constate un manque de communication sur la question vers l’extérieur, une connexion parfois lacunaire avec les réseaux d’influence et les associations, ainsi qu’une image un peu floue de la Wallonie à cet égard notamment auprès des régions voisines. Ces régions ont toutes développé une stratégie en matière d’économie biobasée depuis plusieurs années. La Wallonie a un retard à combler et mérite donc d’être soutenue pour développer cette stratégie de manière cohérente et inclusive autour de ses forces (ressources de biomasse sur le territoire, excellence de la R&D, réseau de PME et de GE dans le domaine). L’angle défendu est bien celui des « 4F » (Food-Feed-Fiber-Fuel) qui hiérarchise l’utilisation de la biomasse en donnant priorité à l’alimentaire.  Néanmoins, il semble qu’une des faiblesses de ce modèle est de ne pas prendre en considération la valorisation des matières non alimentaires (production de molécules à moyenne ou haute valeur ajoutée) à partir de biomasse résiduelle (déchets urbains ou ruraux, coproduits industriels).

    Aujourd’hui, le pôle a déjà labellisé dans ce domaine 3 projets de R&D (7,5 millions d'euros de budget total) :
    - COMPONAT : mise au point de résines d'origine naturelle adaptées aux besoins des entreprises et développant le même comportement que leurs homologues pétrochimiques.
    - PHOSBIOL2 : le projet vise à développer un procédé de fabrication d'éthanol cellulosique à partir de biomasse fraîche ou issue de déchets. Il est basé sur l'utilisation d'acide phosphorique pour hydrolyser la biomasse et sur le développement d'un procédé de fermentation.
    - DEXPLIMAR : mise au point au niveau industriel d'une filière d'exploitation de la lignine qui transforme une matière première locale et renouvelable en molécules fonctionnalisées d'intérêt

    ainsi que 2 projets de formation :
    - VALEBIO : certificat universitaire innovant portant sur les aspects techniques, réglementaires et économiques de la valorisation des déchets de biomasse. Il s’adresse aux travailleurs actifs dans les bureaux d’étude, dans l’administration publique et dans les entreprises des secteurs concernés.
    - GREENTECHS : formation de techniciens de production et de laboratoire spécialisés en chimie verte.

    Tous les projets R&D  dans le pôle GreenWin adoptent une approche ACV (analyse de cycle de vie).