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La vie affective des aînés

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 180 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 08/07/2013
    • de SONNET Malika
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances

    L’amour et le plaisir sexuel nous concernent tous, quels que soient notre âge et notre situation. Or, à l’instar de la sexualité des personnes handicapées, dont nous parlons régulièrement ici, la sexualité chez les personnes âgées reste toujours taboue.

    Il parait impensable d’avoir une sexualité quand on est âgé, comme si la libido disparaissait à partir d’un certain âge.
     
    Pourtant, selon une enquête belge menée auprès d’hommes âgés de 80 à 102 ans et en couple, 63 % ont au moins un rapport sexuel par mois.
     
    Les personnes en institution connaissent également les mêmes sentiments. Toutefois, selon la même enquête menée en Belgique sur des hommes de 80 à 102 ans vivant cette fois en institution, le nombre de ceux-ci ayant eu une relation sexuelle au moins une fois par mois tombe à 8 %.
     
    Ces constats posent différentes questions : notre société laisse-t-elle de la place aux personnes âgées pour vivre leur vie affective comme elles le souhaitent ? Comment continuer à préserver une vie intime quand on vit en institution ?
    Le personnel soignant, les aides familiales et l’entourage ont-ils bien conscience de ce besoin et de cette réalité ?

    De l’information est-elle mise en place à destination des personnes âgées et de leur entourage par rapport à ces questions ? La vie affective et sexuelle de nos aînés est-elle abordée dans les formations d’aides-soignants et d'aides à domicile ? Qu’en est-il dans les maisons de repos ?
  • Réponse du 14/08/2013
    • de TILLIEUX Eliane

    L'honorable Membre fait référence à une enquête belge dont j'ai également pu prendre connaissance via le site d'Espace-Seniors dans le cadre de leur campagne « Le sexe, quand je v(i)eux, comme je v(i)eux et où je v(i)eux ».

    Pour répondre à la première question, je voudrais souligner que l'expression de la sexualité des seniors dans notre société évolue. Pour les générations plus anciennes, la sexualité était taboue.

    Pour les générations actuelles, qui ont connu la libération des mœurs, l'activité sexuelle est vécue dorénavant comme une forme d'épanouissement de soi. La sexualité, phénomène naturel et évoluant avec les âges de la vie, a donc naturellement sa place dans la vie des seniors qu'ils soient à leur domicile ou en institution.

    En effet, pourquoi la sexualité s'arrêterait-elle en raison de l'âge dans une société où la sexualité fait partie des revendications du bonheur et où l'on vit plus longtemps en meilleure santé ? Selon l'Organisation mondiale de la santé (2000), la santé sexuelle est une composante de l'état global de la santé. La question de savoir si la société permet aux aînés de vivre leur vie affective comme ils le souhaitent ne devrait dès lors pas se poser, cela devrait être considéré comme un fait acquis et naturel.

    La deuxième question portait sur la préservation d'une vie intime en maison de repos. À ce propos, je vous rappellerai les réponses formulées, d'une part, à la question écrite n°176 concernant l'amour en maison de repos et, d'autre part, à la question orale relative à la vie affective des conjoints dans les maisons de repos, toutes deux adressées à votre collègue M. Hugues Bayet. J'y faisais référence à la charte relative à la qualité qui, bien que non obligatoire, constitue une orientation devant influencer tout le secteur et qui prévoit le principe du respect de la dignité humaine impliquant entre autres, pour chaque résident, le droit à la vie privée, à la vie affective et le droit à une vie sexuelle entre adultes consentants.

    En ce qui concerne le regard des soignants en maison de repos, et pour répondre au troisième point, il existe des règles en maison de repos que le personnel se doit de respecter, notamment le droit à la vie privée. Celui-ci se traduit par l'application de règles simples à honorer au quotidien (frapper avant d'entrer et attendre que le résident vous invite à entrer). Peut-être devrons-nous réfléchir à la possibilité de penser à d'autres « moyens » qui permettraient à nos seniors de mener leur sexualité de manière plus épanouissante au sein de nos institutions.

    La réponse formulée à la question écrite référencée supra reprenait les résultats d'une étude menée en France et portant sur le regard des soignants sur la sexualité des aînés résidant en EHPAD (Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) où il était mis en évidence que, pour la plupart des soignants, la sexualité des personnes âgées est un phénomène naturel. Il a également été mis en évidence que, dans 75% des cas, la sexualité des aînés occasionne des soucis avec les familles qui présentent un rejet et une incompréhension face à une nouvelle relation vécue par leur parent. À cela, des soignants travaillant en maison de repos ajoutent qu'ils sont face à des familles qui s'avèrent parfois « castratrices » par rapport à la relation que leur parent pourrait vivre avec un autre résident. Au-delà du droit à la sexualité chez les seniors, on pourrait s'interroger quant aux droits des aînés, et ce, au sens strict de ce terme.

    Les aides familiales, quant à elles, bien que conscientes et attentives à cette réalité, ne partagent pas le même quotidien avec les aînés. Les usagers faisant appel aux services d'aides familiales et restant à leur domicile vivent leur sexualité de manière différente et plus intime que des personnes résidant dans des institutions d'hébergement.

    Le quatrième point portait sur les informations disponibles pour les aînés et leur entourage.

    Différentes campagnes en lien avec cette thématique et visant l'information grand public ont été initiées. Je mentionnais plus haut la nouvelle campagne de sensibilisation menée par Espace-Seniors, en collaboration avec la Mutualité socialiste, Solidaris et intitulée « Le sexe, quand je v(i)eux, comme je v(i)eux et où je v(i)eux ». Ce même organisme avait également réalisé une brochure « Seniors: le sexe, c'est bon pour la santé: avancer en âge et vivre sa sexualité ». Je citerai le magazine « Question à la une » qui a diffusé le mercredi 3 avril 2013 une émission nommée « Les seniors ont-ils encore une vie sexuelle? « .

    Concernant la dernière question relative à la formation des professionnels travaillant dans le secteur des aînés, il avait été fait référence dans les réponses aux questions parlementaires citées plus haut à des formations permanentes autant pour le personnel des maisons de repos que pour les aides familiales. J'avais également souligné certains événements, notamment la journée de formation continuée organisée par l'Association des directeurs de maisons de repos sur le thème « Sexseniors@home ou comment approcher, gérer et respecter la sexualité en institution ».

    Il va de soi que je continuerai à rester attentive et à suivre l'ensemble des travaux ayant trait à cette thématique avec, comme point central de mes préoccupations, le respect des droits pour chacun, droit à une vie affective et sexuelle certes, mais avant tout droit à une vie privée fidèle aux propres choix de l'aîné car il reste avant tout maître de son projet de vie.