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L'impact du transport routier sur la qualité de vie

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 893 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 16/07/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    La pollution sonore est une pollution majeure qui a un impact direct sur la qualité de vie de celles et ceux qui la subissent. Parmi les facteurs d'aggravation de ces pollutions, on retrouve le trafic routier.

    La Flandre est largement en avance en la matière puisque des dizaines d'opérations spécifiques visant à l'utilisation de camions "silencieux" y existent déjà. Les membres de cette commission ont d'ailleurs pu se rendre compte de l'efficacité de ces dispositifs il y a plusieurs mois lorsque le Groupe Delhaize leur a présenté leur système de livraison silencieuse.

    Pourquoi sommes-nous en retard ? Pourquoi faudra-t-il attendre 12 mois avant de voir la première expérience pilote voir le jour en Wallonie ?

    Le fait qu'un groupe de travail regroupant l'administration et le secteur de la distribution soit constitué est une bonne chose en soi, mais on a vraiment l'impression qu'il n'y a pas de volonté de faire avancer les choses. Monsieur le Ministre soutient-il le développement de cette filière de distribution silencieuse ?

    Quel est le potentiel réel de développement de cette filière ? Des contacts ont-ils eu lieu avec les constructeurs de camions ? S'agit-il d'un potentiel exploitable et exploité ? Générateur d'emplois ?
  • Réponse du 05/09/2013
    • de HENRY Philippe

    Je tiens tout d’abord à rappeler l’intérêt que je porte au développement d’expériences pilotes de livraisons à nuisances réduites, qui devraient démarrer dans les mois qui viennent en Wallonie. Il me semble indispensable de replacer cette expérience dans son contexte, pour en pas en en surestimer l’impact sur la réduction des nuisances globales du transport routier.

    Il est en effet question ici des prestations de livraison de grandes surfaces, soit des trajets terminaux entre le centre de distribution des chaînes participantes et 10 à 20 des points de vente. Ces expériences visent à réduire les nuisances subies par les riverains de ces grandes surfaces où sera tentée l’expérience. Rien de plus, rien de moins. L’impact global sur l’ensemble des nuisances générées par tout le secteur routier est donc limité : on ne parle pas ici des filières d’approvisionnement des centres de distributions de ces chaînes, on ne parle pas des autres secteurs économiques wallons, on ne parle pas non plus des milliers de camions en transit à travers la Wallonie.

    Ceci posé, j’estime que ce projet est important pour tester comment réduire les nuisances dues à l’approvisionnement, qui est bien sûr essentiel, du secteur de la distribution et donc de tous les Wallons.

    Si ces expériences ont d’abord été menées en Flandre, c’est parce que cette région est beaucoup plus urbanisée que la Wallonie, que le réseau routier y est plus saturé et que dès lors les nuisances liées aux livraisons y sont plus grandes et posent davantage problème.

    Le « premier round » fait en Flandre a un double avantage :
    - nous pouvons profiter de certains enseignements déjà retirés des expériences flamandes et donc aller plus directement au fait pour résoudre certains problèmes pratiques.
    - le secteur directement concerné est d’ores et déjà équipé, au moins partiellement, de matériel adapté.

    Le projet repose sur des investissements à réaliser par les entreprises du secteur à la fois en matériel roulant adapté et en aménagements des zones de déchargement, le rôle des pouvoirs publics étant d’adapter si nécessaire le cadre réglementaire pour mener à bien ces expériences. Concrètement, il s’agit d’adaptations provisoires des permis d’environnement des magasins où se dérouleront les tests, ceci en lien avec les communes concernées.

    Un des enjeux majeurs est la réduction du bruit : une convention est en cours de négociation avec la VUB (qui suit un projet similaire à Bruxelles) qui assurerait tout le suivi de terrain : mise en place du cadre des mesures de bruit et des autres indicateurs, suivi des carnets de bord des chauffeurs,…

    Deux réunions ont eu lieu entre l’administration et les délégués du secteur ; deux chaînes sont particulièrement intéressées à tester des cas de figure très diversifiés en Wallonie afin de tirer un maximum d’enseignements de cette phase pilote.

    Le démarrage concret des expériences pilotes est donc tributaire des facteurs suivants :
    - Le choix des magasins ;
    - Le temps nécessaire pour les chaînes concernées d’y faire les travaux d’adaptations nécessaires aux quais de déchargement ;
    - La disponibilité de matériel de transport spécifique nécessaire ;
    - En parallèle, l’administration régionale contacte les communes où sont situés les magasins pour voir si elles sont d’accord que se mènent ces expériences ;
    - Si oui, l’administration wallonne doit alors préparer avec les communes les adaptations provisoires aux permis d’environnement lorsque c’est nécessaire. Les magasins sélectionnés sont situés dans les communes suivantes : Namur (3 implantations), Liège (2), Wavre (2), Charleroi (1), Tournai (1) et Bouillon (1). L’administration attend la réponse des autorités communales.

    Les démarches à accomplir demandent donc du temps et une implication forte du secteur. Par ailleurs, on pourrait penser qu’il « n’y a qu’à » reproduire à l’identique le dispositif mis en place en Flandre.

    La réalité est évidemment bien différente. Par exemple, les tracteurs plus silencieux propulsés au gaz naturel comprimé ont une puissance inférieure aux tracteurs diesel et ne se prêtent pas semble-t-il à des parcours dans des régions à fort relief… ce qui, l'honorable membre en conviendra est souvent le cas en Wallonie. Les distances plus longues entre certaines implantations et les centres de distribution compliquent aussi fortement l’établissement de plans de transport si on désire éviter les autoroutes aux heures de pointe. Enfin, le matériel roulant adapté n’est pas disponible en grande quantité. On comprend bien qu’en phase de test (puisqu’en Flandre aussi, on en est toujours à la phase de test), les entreprises n’investissent pas massivement dans du matériel roulant spécifique sans savoir s’il sera utilisable sur de longues périodes.

    Il est donc trop tôt pour répondre au potentiel de développement de cette filière. Le but de cette expérience pilote est, précisément, de répondre à cette question.