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L'érosion de la biodiversité

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 20 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 03/10/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Citons d’abord l’ouvrage : les indicateurs clefs de l’environnement wallon 2012 (page 95 : « statut de conservation des espèces »). À lire le texte indiqué, il y a lieu de s’inquiéter : « tous groupes confondus, 31 % des espèces animales et végétales sont menacés de disparition à l’échelle de la Wallonie et près de 9 % ont déjà disparu. ».

    Les motifs invoqués sont toujours les mêmes : altération des habitats, application de pesticides, eutrophisation et pollution de l’air, des sols et de l’eau, pression par les espèces exotiques invasives, etc.

    La situation nous parait particulièrement inquiétante du côté des chiroptères, des poissons, des reptiles, des rhopalocères, des amphibiens, etc.

    Les objectifs en matière de biodiversité tels qu’inscrits dans la DPR 2009-2014, doivent-ils être corrigés – vu l’évolution en la matière ?

    Le programme des réserves naturelles et des zones Natura 2000 a-t-il suffisamment de succès pour stopper, voire inverser la tendance à l’érosion de la biodiversité ?

    Ne faut-il pas être nettement plus pro actif en matière de gestion, voire de réduction des pesticides (par ailleurs scientifiquement prouvés comme étant responsables de l’explosion de la maladie d’Alzheimer) ?
  • Réponse du 23/10/2013
    • de DI ANTONIO Carlo

    Le constat tiré par l’État de l’Environnement wallon est en effet préoccupant. Mais je voudrais quand même préciser que l’indicateur utilisé pour l’état de la biodiversité a été mis au point au niveau mondial par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Il évalue les risques de disparition des espèces à l’échelle de leur aire de distribution. Transposé à l’échelle d’une petite région, l’indicateur a des limites car un des critères est la rareté. C’est assez logique puisqu’une espèce rare, représentée par peu d’individus, a plus de chance de disparaître qu’une espèce qui est représentée par beaucoup d’individus. Cependant certaines espèces comme la cigogne noire sont encore considérées comme menacées alors qu’elles sont en pleine expansion. Il faut intégrer ces limites dans l’étude de tels chiffres. 

    Ainsi, même si la situation reste critique pour certaines espèces et habitats, il est incontestable que les mesures prises ont permis d’inverser la tendance. Ainsi, au niveau ornithologique, on observe une augmentation de la richesse spécifique. À titre d’exemple, la population des 5 espèces de pics est passée de 11 000 couples en 1975 à 40 000 couples aujourd’hui.

    La création de réserves naturelles a permis une augmentation progressive des aires dédiées à la nature et gérées spécifiquement pour conserver et développer la biodiversité.

    Il faut rappeler également les efforts en matière d’acquisition et de création de réserves naturelles. Comme je l’ai déjà évoqué précédemment, 7 600 ha de sites auront obtenu un statut de protection entre 2009 et 2013 avec notamment l’adoption du Code forestier.

    L'honorable membre l'a dit la protection des milieux naturels passe également par Natura 2000. À partir de 2001, la Wallonie a initié la mise en œuvre de deux directives, la Directive Habitats et la Directive Oiseaux. 240 sites sont aujourd’hui en zone Natura 2000, ce qui représente près de 221.000 hectares soit 13 % du territoire wallon. De même, les programmes LIFE aussi illustrent d’autres actions développées en vue de la gestion et de la restauration des habitats.

    En Wallonie, nous avons travaillé principalement en développant une approche par zones de protection. Cette approche doit être poursuivie mais aussi accompagnée par une attention particulière sur le reste du territoire. Ainsi il est primordial de préserver tous les éléments du paysage – ce qu’on appelle par ailleurs le « maillage écologique »- et qui regroupe les haies, les alignements d’arbres, les mares, les talus herbeux, les jardins sauvages,… et ce, dans nos jardins, dans nos zonings, dans nos cultures, dans nos villes et villages, le long de nos routes, etc...

    Dans ce cadre, un plan nature était prévu dans la DPR mais la difficulté d’élaborer un plan nature tient à l’ampleur du sujet, à la complexité et au caractère très évolutif du vivant, au nombre d’intervenants, à leur degré divers de sensibilisation, au côté passionnel des débats. L’exercice a dès lors évolué dans sa conception et est devenu le « réseau Wallonie nature »

    Une soixantaine de fiches pratiques reprennent ainsi des actions permettant en tant que décideurs politiques, industriels, entrepreneurs, gestionnaires de réseaux, consommateurs, citoyens d’être proactifs par rapport à la biodiversité, de changer d'approche et de comportement. Il existe de nombreuses pistes pour favoriser cette reconnexion de l'homme à la nature au quotidien… La protection de la biodiversité doit se construire dans une vision dynamique, participative, créative et multifonctionnelle des espaces naturels et de leurs usages.