/

La tempête qui souffle sur l'éolien

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 102 (2013-2014) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 25/10/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Le VIF accuse Monsieur le Ministre de tricherie. Est-il un tricheur ?

    Se penchant sur le dossier de l’éolien, le VIF - se basant sur des analyses de la CWAPE et d’Ampere - soulève plusieurs incohérences de la politique de Monsieur le Ministre en matière de cadre de référence et de cartographie.

    D’abord, le VIF reproche à Monsieur le Ministre de faire semblant que les 141 éoliennes en instance de procédure d’autorisation existaient déjà. Dans le concret, elles sont toujours virtuelles et n’ont pas produit un seul MWh. Et on ne sait pas encore si elles vont toutes arriver à bon port (voir les oppositions citoyennes en la matière). En d’autres termes, Monsieur le Ministre gonfle artificiellement le bilan actuel en matière d’éolien.

    Ensuite, le taux de charge est indiqué avec 25.1 %. Le vent souffle-t-il plus fort en Wallonie qu’en France ou qu’en Allemagne ? Le VIF nous informe que – analyse ayant été faite – le taux de charge serait de l’ordre de 22 %, voire de 19 %. Une analyse a-t-elle été faite du côté wallon qui justifierait l’optimisme des 25.1 % ? Dans la négative, cela se traduira par un nombre plus important d’éoliennes qu’on aura besoin pour atteindre l’objectif du Gouvernement wallon.

    Le cadre de référence fait l’objet d'une enquête publique. Très bien ! Mais une enquête n’a de sens que si elle annonce tous les paramètres sur lesquels les citoyens sont appelés à s’exprimer. Quid alors de la hauteur des mâts et des pales ? L’actuel document reste muet sur la question. La recherche de la meilleure rentabilité poussera les investisseurs à construire plus haut pour mieux récolter le vent. Or au vu des distances minimales à respecter par rapport à l’habitat, c’est un élément non négligeable à prendre en considération.

    Finalement, le Gouvernement wallon informe-t-il la population du coût qui va se répercuter sur la facture électrique ? Suivant le VIF, le citoyen serait collectivement parlant confronté à une lourde facture en termes de certificats verts de 4.3 milliards d'euros. Monsieur le Ministre confirme-t-il ? Quels sont ses calculs en la matière ?
  • Réponse du 07/02/2014
    • de HENRY Philippe

    En ce qui concerne le concept de « mâts existants » pris en compte dans l’élaboration de la cartographie de l’éolien en Wallonie, je me permets de renvoyer à la réponse donnée à la question 597 de M. Willy Borsus (session 2012-2013) ainsi qu’au CRAC de la Commission du Parlement du 22 octobre 2013.

    En ce qui concerne le taux de charge, je peux transmettre les précisions suivantes : Sur la base des données ELIA, qui transmet mensuellement à l’APERe les données agrégées pour l’éolien onshore et offshore de la Belgique, le taux de charge pour l’éolien onshore en 2012 s’est élevé à 26,4 %, ce qui correspond à 2.312 heures sur l’année à pleine charge. Pour l’année 2013, les données d’ELIA font état, pour les six premiers mois de cette année, d’un taux de charge moyen de 25,5 %. La CWaPE admet comme taux de charge moyen historique un taux de 25 % pour la Wallonie.

    En ce qui concerne le coût de l’éolien, je peux apporter les précisions suivantes :
    Toutes les formes d’énergie ont bénéficié et continuent encore à bénéficier de soutien de la part des pouvoirs publics. Prenez le cas actuellement du nucléaire en Grande Bretagne : en vertu du contrat décroché par EDF, la Grande-Bretagne s’engagera à lui racheter pendant 35 ans l’électricité des réacteurs pour un montant de 109 euros par MWh, soit le double du prix en vigueur outre-Manche. À titre de comparaison, l’éolien en Wallonie bénéficie d’un soutien global de 105 euros par MWh pendant 15 ans (65 euros via les certificats verts et 40 euros via la revente de l’électricité injectée). Le contrat britannique pour la construction de deux réacteurs prévoit 16 milliards de livres (soit 18,9 milliards d’euros), soit plus que les coûts actuels de l’EPR, qui ne cessent d’augmenter, et près de 9,5 milliards d’euros par réacteur (1.650 MW). Quant aux énergies fossiles, les différents rapports internationaux montrent qu’elles continuent de bénéficier de subsides bien plus importants que le soutien aux renouvelables.

    Au niveau du bilan économique pour la Région wallonne, il est peu pertinent de cumuler les chiffres de coût de soutien sur plusieurs années, comme Monsieur le Député le propose, sans mettre ces chiffres en regard des bénéfices engendrés par ces niveaux de soutien. Il est plus approprié de comparer par exemple le coût de soutien aux économies de combustibles générées par les projets éoliens. Si l’on compare le coût de soutien cumulé pour arriver à 3.800 GWh de production éolienne en 2020, et les coûts évités par cette production d’électricité en terme de non-achat de combustibles (gaz) et de non-émission de CO2, on arrive à un bilan largement positif de l’ordre de 1 milliard euros d’ici 2035 (dernière année de soutien aux éoliennes installées en 2020).

    En outre, il convient de garder à l’esprit que le coût du développement des renouvelables (ainsi que l’adaptation des réseaux de transport qui en découle) ne représente pas des dépenses perdues pour la société, mais des investissements en infrastructure générant de la valeur ajoutée et de l’emploi. Le président du cluster TWEED a d’ailleurs réalisé un exercice intéressant dans lequel il démontre tout l’intérêt de l’investissement dans l’éolien au regard de la balance commerciale pour notre région.