à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique
Selon des propos rapportés par la presse (l'Écho, 19 octobre 2013), Monsieur le Ministre estime que «le développement de l'éolien va faire gagner 1 milliard d'euros à la Wallonie».
Monsieur le Ministre peut-il indiquer comment ce chiffre a été établi ? Quels sont les détails du calcul pour arriver à ce montant ? À quelle échéance prévoit-il ce gain ?
On pouvait également lire qu' «au niveau de la balance commerciale, injecter 100 euros dans l'éolien ramène 25 euros dans l'économie wallonne et demain cela passera à 40 euros». Peut-on disposer des détails de ces indications chiffrées ?
L'éolien étant une énergie "intermittente", Monsieur le Ministre a-t-il intégré dans son raisonnement tous les frais inhérents comme l'infrastructure du réseau (l'adaptation du réseau, les tarifs d’injection, la construction de relais...) ? Cela ne nécessitera-t-il pas de créer de nouvelles infrastructures "polluantes" comme des centrales TGV (Turbine gaz-vapeur) ? Ainsi, l'Allemagne qui est souvent citée en exemple pour le développement des énergies renouvelables est en train de construire de nouvelles centrales à charbon en raison du coût élevé et de problèmes de fiabilité des énergies solaire et éolienne.
Jusqu'à présent, quelle est la somme nette dont a bénéficié la Wallonie dans le cadre du développement éolien ?
Qu'en est-il au niveau de la situation des certificats verts à ce jour et quelles sont les perspectives d'ici à 2030 ? Monsieur le Ministre ne craint-il pas une "bulle" comme pour le photovoltaïque ?
Enfin, Monsieur le Ministre a été chargé de rédiger une note faîtière sur la trajectoire à suivre filière par filière pour assurer le soutien aux sources d'énergies renouvelables. L'objectif consiste à atteindre 8000 GWh à l'horizon 2020 tout en étudiant les perspectives à l'horizon 2030. Où en est-il dans ce travail ?
Réponse provisoire du 20/11/2013
de NOLLET Jean-Marc
J’ai bien pris connaissance de la question écrite relative au développement éolien.
Toutefois, je suis actuellement dans l’attente des derniers éléments me permettant de fournir une réponse. Je ne manquerai pas de revenir vers l'honorable membre dans les meilleurs délais.
Réponse du 27/02/2014
de NOLLET Jean-Marc
Je constate que l’honorable membre a pris connaissance avec attention de la comparaison entre le coût du soutien à l’éolien et les bénéfices que l’on peut en retirer sur la diminution de la facture de combustibles fossiles et de CO2, et je m’en réjouis. Cette discussion me paraît effectivement plus pertinente que le seul focus sur le coût de l’éolien que certains de ses collègues semblent préférer.
La comparaison entre le coût du gaz et le coût du soutien à l’éolien est pertinente car l’éolien vient en substitution des centrales au gaz, comme le confirme l’administration. La production éolienne varie selon l’intensité du vent. Lorsque le vent est favorable, les éoliennes produisent une électricité propre et permettent ainsi de réduire en temps réel la production électrique des centrales au gaz et au charbon – deux combustibles fossiles responsables de gaz à effet de serre.
Lorsque le vent diminue, les éoliennes ralentissent ou s’arrêtent temporairement et la production électrique classique retrouve son taux d’émission de CO2 initial. Les gestionnaires d’équilibre belges ne considèrent pas l’éolien comme une puissance installée pour laquelle il faut prévoir un back up en cas de défaillance, mais plutôt comme une demande d’électricité qui diminue quand le vent souffle, et qui revient à la normale lorsqu’il ne souffle pas.
Il ne faut pas pour autant extrapoler le raisonnement en affirmant que le renouvelable seul doit être visé. Tout le monde s’accorde pour dire que dans le cadre de la transition énergétique, les renouvelables et les centrales performantes au gaz sont complémentaires ; il ne s’agit donc pas d’opposer l’un à l’autre. Le problème majeur actuel pour l’intégration des centrales au gaz sur le marché de l’électricité est double : l’inflexibilité des centrales nucléaires devant fonctionner en base load et le faible coût de l’électricité produite à partir de centrales au charbon.
L’honorable membre évoque ensuite le coût de l’intégration du renouvelable sur les réseaux. Je n’ai jamais caché que la question de l’intégration croissante du renouvelable (éolien et solaire essentiellement) dans le mix énergétique était un enjeu de majeur pour les réseaux dans le cadre de la transition énergétique. Mais la rénovation des réseaux est une nécessité vu le faible niveau d’investissement que l’on connaît depuis plusieurs décennies. Et n’oublions pas que la production décentralisée engendre pour les gestionnaires de réseau de distribution des gains, puisqu’ils doivent moins prélever de l’électricité sur le réseau de transport. La mise en œuvre des réseaux intelligents vise justement à limiter les coûts d’adaptation des réseaux, par le biais notamment de l’activation de mesures de gestion active de la demande et l’accueil flexible sur le réseau.
Enfin, j’ai déjà pu répondre à de nombreuses reprises sur l’impact des certificats verts sur la facture des consommateurs à l’occasion de questions parlementaires à ce sujet.