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L'artisanat et le commerce équitables en Wallonie

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 37 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 29/10/2013
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Il y a six ans, j'interrogeais Monsieur le Ministre sur la situation économique que vivaient le commerce et l’artisanat équitables. Ce laps de temps écoulé et sur base des éléments de réponse que vous m’aviez fournis, je reviens vers vous aujourd’hui afin de faire une nouvelle fois le point sur ce secteur.

    Quelle est aujourd’hui la santé du secteur du commerce équitable en Belgique ? En Wallonie ? Connaît-il une progression dans la vente de ses produits ? Que représente le chiffre d’affaires ? Quels sont les produits mieux implantés chez nous ?

    Que représente le commerce équitable par rapport aux achats « en gros » et aux achats « au détail » ? De nouveaux produits sont-ils depuis arrivés sur le marché ?

    Le secteur s’est-il diversifié ces dernières années ?

    De même, que représente aujourd’hui l’artisanat équitable en Wallonie ? Quel est le potentiel de ce marché ?

    Oxfam, le réseau « Citizen Dream » et entreprise « Émile », trois projets soutenus à l’époque. Comment se portent-ils aujourd’hui ?

    L’artisanat équitable bénéficie-t-il d’une réelle viabilité économique en Région wallonne ?

    De nouvelles filières ont-elles vu le jour ? De nouveaux outils ont-ils été mis en place afin de promouvoir cette activité ?
  • Réponse du 13/11/2013
    • de MARCOURT Jean-Claude

    En réponse à la question écrite de l'honorable membre d’octobre 2009, je mentionnais comme piste de réflexion sur cette thématique, l’amélioration et la professionnalisation du secteur en favorisant les collaborations entre les acteurs. Cela imposait la mise en place d'une Fédération professionnelle du commerce équitable.

    Née en octobre 2010, la Belgian Fair Trade Federation (BFTF) rassemble aujourd’hui 14 entreprises et associations de Wallonie et de Bruxelles. BFTF est dédiée au renforcement et à la promotion des valeurs de référence du commerce équitable par la mise en évidence de la grande diversité des structures belges centrées sur la pratique du commerce équitable, la promotion du développement du commerce équitable et l’adhésion de nouveaux entrepreneurs à ce modèle économique.

    La fédération a pour mission principale d'amener les différentes structures à travailler ensemble, à partager leurs expériences, à faire des économies d'échelle dans les filières de distribution,...

    Dans le profil économique du secteur dressé par BFTF, il est mis en exergue la multiplicité de métiers pratiqués par ses membres, à savoir importateur, opérateur-transformateur, grossiste, détaillant ou encore acteur de sensibilisation au commerce équitable. Dans le secteur alimentaire (café, produits d’épicerie, miel, chocolat), tout importateur est à la fois grossiste et opérateur-transformateur. Tandis que dans le secteur non alimentaire (artisanat, vêtements,…), les profils sont plus variés : un tiers des importateurs sont aussi détaillants, le second tiers est constitué d’importateurs-grossistes et le dernier tiers se compose d’importateurs-grossistes-détaillants. Par contre, on remarque une constante : la majorité des acteurs non alimentaires (80 %) assument, en tout ou partie, le rôle de détaillant.

    Le chiffre d’affaires globalisé pour les entreprises majoritairement centrées sur le commerce équitable représente, en 2012, 12.238.284euros, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2011. La progression de ce chiffre d’affaires provient d’une augmentation de marché du secteur du commerce équitable alimentaire. Cette tendance n’est malheureusement pas confirmée en 2012 pour le secteur du non alimentaire où celle-ci tend à s’inverser.

    Si le secteur de l’équitable alimentaire représente à lui seul 6.347.890 euros en 2012, le non alimentaire totalise quant à lui 5.890.395 euros de chiffre d’affaires. Ces données illustrent un bon équilibre financier entre les deux secteurs. Pourtant, la répartition du marché au sein de ces deux pôles diverge. Autant le chiffre d’affaires du secteur de l’alimentaire se construit sur plusieurs acteurs, autant le secteur du non alimentaire s’appuie essentiellement sur une entreprise contribuant à elle seule, pour 86,16 %, au chiffre d’affaires global non alimentaire.

    Pour le secteur de l’équitable non alimentaire, la totalité des entreprises distribuent leurs marchandises via des magasins de proximité. Outre ce canal de distribution, 30 % de ces entreprises pratiquent également de la vente en ligne aux particuliers et/ou à des revendeurs.
    Concernant le secteur de l’équitable alimentaire, les informations récoltées démontrent que 72 % des entreprises s’adressant aux grossistes comme canaux de distribution recourent également à la grande distribution et aux magasins de proximité. Les canaux utilisés sont donc multiples pour toucher le consommateur final.
    Les deux secteurs confondus utilisent également d’autres vecteurs de distribution tels que les groupes d’achats communs (GAC), les ventes via des bénévoles, les foires et marchés,…

    Ces données sont encourageantes et le marché du commerce équitable Nord-Sud a encore du potentiel, notamment par l’introduction de ces produits dans la grande distribution.

    J’ai cependant élargi la réflexion vers un commerce équitable Nord-Nord au travers de la dynamique des circuits courts. Il existe en effet une autre manière de consommer responsable et durable.

    Favoriser les circuits courts permet de mettre en valeur les produits locaux auprès des consommateurs souvent sensibles à l’origine des produits qu’ils consomment. Par une meilleure connaissance du tissu économique wallon, les entreprises wallonnes peuvent également se rendre compte de l’existence potentielle d’un grand nombre de partenariats avec d’autres entreprises de la région. Cette action s’inscrit donc largement dans le cadre d’une politique économique wallonne. En effet, une telle mesure permet à nos producteurs de diversifier leurs débouchés pour un meilleur accès à leur marché de proximité.

    Aussi, dans le cadre de sa politique de promotion transversale du développement durable à travers les politiques publiques du Plan Marshall 2.vert, le Gouvernement wallon a décidé de mettre en place un Centre de référence dédié aux circuits courts en Wallonie au sein de l’ASE. Il a pour vocation d’accompagner les PME qui ont fait le choix des circuits courts. Il offre une expertise via un dispositif d’accompagnement et de conseils appropriés pour aider ces entreprises à se développer et à prospérer.
    Par ailleurs, plusieurs projets-pilotes menés par des opérateurs d’économie sociale, également actifs dans le développement de circuits courts alimentaires, sont actuellement en cours et font l’objet d’un soutien et d’un suivi particuliers par mon département.
    Ainsi que l'honorable membre peut le constater, le commerce équitable, dans toutes ses dimensions, n’est pas oublié des politiques menées par la Région wallonne.