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La priorité à l'emploi dans le secteur marchand

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 101 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 07/11/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Pour le Président de l'Union wallonne des Entreprises, la future régionalisation des compétences est l'occasion de revoir la philosophie des aides à l'emploi. Je me permets de citer in extenso un de ces propos qui a été publié récemment dans la presse: « Sur 1,5 milliard d'euros qui vont être régionalisés, seul un quart de cette somme va aux entreprises privées du secteur marchand si on met du côté les titres-services. Par ailleurs, 90 % des aides à l'emploi en Wallonie servent actuellement au secteur public et au non-marchand, donc ça coule de source. Il va falloir utiliser ces transferts de compétences pour donner la priorité à la création d'emplois dans le secteur marchand. Ensuite, il faut arrêter de confondre une politique de résorption du chômage et une vraie politique de soutien à la compétitivité des entreprises. On donne des aides surtout aux anciens, aux jeunes et surtout aux jeunes non qualifiés. C'est ce qu'on fait en Belgique depuis longtemps. Or, désormais il faut vraiment soutenir la compétitivité des entreprises et tout particulièrement de celles qui sont soumises à la concurrence internationale. On reconnaît désormais que notre handicap salarial moyen est de 16 % par rapport à nos pays voisins ». Fin de citation.

    Si je ne peux partager l'ensemble des éléments de la philosophie défendue par Monsieur Reuter, il n'en demeure pas moins que si nous voulons continuer à engager la Wallonie sur la voie d'une politique industrielle, la politique de l'emploi doit également viser l'embauche dans le secteur marchand. En effet, la politique de l'emploi à mener devrait, à mon sens, être plus qu'une seule politique de résorption du chômage puisqu'elle doit également soutenir les entreprises dans leurs efforts de compétitivité par rapport à leurs concurrentes dans nos pays voisins.

    Par ailleurs, il convient de ne pas oublier que l'entreprise wallonne est avant tout une entreprise sous-traitante dont l'avenir dépend pour partie de l'état de santé des entreprises avec lesquelles elle a élaboré des partenariats.

    Là où je ne suis pas d'accord avec Vincent Reuter, c'est lorsqu'il limite la compétitivité à la capacité salariale, mettant ainsi de côté le fait qu'en Région wallonne l'entreprise bénéficie d'une productivité excellente, productivité qui est à la fois le fruit des patrons mais aussi des travailleurs.

    Par ailleurs, les prix de l'énergie s'avèrent être de plus en plus un handicap pour la compétitivité internationale de nos entreprises; une telle situation concerne tout particulièrement les entreprises grandes consommatrices d'énergie, voire d'électricité.

    En revanche, là où je pense qu'il a raison, c'est son constat sur les entreprises dans les secteurs innovants. J'estime, pour ma part, que nous devons focaliser une partie des moyens limités de la Wallonie sur des emplois dont on aura besoin pour faire démarrer les secteurs et les entreprises innovants.

    Les efforts seront probablement multiples, à commencer par une réduction des charges sur le facteur travail jusqu'à l'organisation de formations spécialisées préparant les futurs travailleurs aux nouvelles activités professionnelles. Puis-je demander l'avis de Monsieur le Ministre par rapport à cette analyse ? Partage-t-il ce point de vue et, le cas échéant, envisage-t-il de modéliser le régime des aides à l'emploi de façon différenciée suivant que l'on se situe dans un secteur innovant ou dans un secteur classique ?
  • Réponse du 04/04/2014
    • de ANTOINE André

    Avec la 6e réforme de l’État, les Régions reçoivent la pleine autonomie pour ce qui est de l’utilisation des budgets transférés. Elles pourront les affecter à leur guise (y compris les excédents éventuels) pour financer des politiques en faveur des groupes cibles et/ou diverses formes de politique du marché du travail au sens large du terme (mesures en matière de coûts salariaux, formation et accompagnement des demandeurs d’emploi, programmes de mise à l’emploi,…).

    Le transfert des « groupes cibles – réductions cotisations sociales et activation » est une opportunité pour la Région wallonne de renforcer sa politique en matière d’emploi. Il importe, dès lors, que la Région analyse et identifie les aides qu’elle souhaite mettre en œuvre en vue d’une plus grande efficacité. Cette démarche impliquera une évaluation des aides actuelles et futures afin de déterminer celles qui ont le plus d’impact par rapport au marché de l’emploi et plus particulièrement par rapport à l’insertion durable de ceux qui en bénéficient.

    Le transfert de nouvelles mesures d’aides à l’emploi demandera également qu’une réflexion ait lieu par rapport au regroupement éventuel entre les aides actuellement octroyées par le Régional et celles qui l’étaient par le Fédéral, et ce en vue d’optimaliser l’ensemble des moyens financiers. Cette réflexion devra, par ailleurs, intégrer la question des publics cibles et de leur ciblage en fonction des réalités socio-économiques de la Région wallonne et, plus globalement, de la politique de l’emploi que la Région veut mener.

    L’ensemble de ces aspects devra être traité dans la démarche d’analyse globale des dispositifs Emploi actuels et futurs, tel que prévu dans le « Plan Marshall 2022 ».