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Le gain supposé de 1 milliard d'euros par la Wallonie grâce à l'éolien

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 162 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 19/11/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Puis-je me référer à l’article paru le 19 octobre dans le journal "Écho" ? Dans cet article, Monsieur le Ministre annonce que l’éolien va faire gagner 1 milliard à la Wallonie.

    Comme un artiste qui jongle avec les chiffres, Monsieur le Ministre en cite quelques-uns et contourne d’autres.

    L’objectif : produire 3.800 GWh d’ici 2020 avec des éoliennes.

    Coût cumulé jusqu’en 2035 : 3.165 milliards avec, en termes de CV, 0.9 euro par MWh, ou de 3.4 milliards avec 1 euro/ MWh.

    Scénario comparatif : le gaz.

    Est-ce vraiment cette comparaison qu’il faut faire, vu le caractère intermittent de l'éolien ? N’est-on pas en train de comparer poires et pommes ? De comparer un scénario de transition (donc limité dans le temps) avec un scénario à long terme ?

    Le prix de la tonne CO2: 4 euros (mais en progression), d’où un coût global de 3.95 milliards. Soit un différentiel éolien/gaz de 0.8 milliard ou de 0.54 milliard suivant le scénario 0.9 ou 1 euro par MWh éolien.

    Évidemment, si le coût de la tonne CO2 augmente, le différentiel va encore être plus attractif.

    On aura donc compris : pour que le scénario qui plaît à Monsieur le Ministre soit attractif et convainquant, il faut choisir à titre de comparaison un scénario sombre et inquiétant. Plus il noircit le scénario de comparaison, plus le sien sera éblouissant.

    Monsieur le Ministre ne me fera pas dire ce que je n’ai pas dit : je suis favorable à l’éolien public. Je lui ai dit à maintes reprises. Ce n’est pas une question de oui ou de non, c’est une question de quand, de comment et dans quelles conditions et avec quelles conséquences.

    Mais ne faut-il pas inclure dans les calculs les conséquences budgétaires du caractère intermittent de l’éolien : les besoins d’Elia et des distributeurs d’investir dans le renforcement du réseau ? D’après les échos, on n’est pas loin du milliard dans une perspective rapprochée. À long terme, on dépassera facilement le milliard. Ce n’est pas dû au seul éolien, mais c’est dû aussi à l’éolien.
    Pourquoi ne pas être complet dans les comparaisons ? A-t-on estimé le montant des investissements nécessaires qui seront – comme les certificats verts - relayés sur la facture du citoyen ? Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres précis ? Dans l’affirmative, quels sont-ils ?
  • Réponse du 10/12/2013
    • de NOLLET Jean-Marc

    Je constate que l'honorable Membre a pris connaissance avec attention de la comparaison entre le coût du soutien à l’éolien et les bénéfices que l’on peut en retirer sur la diminution de la facture de combustibles fossiles et de CO2, et je m’en réjouis. Cette discussion me paraît effectivement plus pertinente que le seul focus sur le coût de l’éolien que certains de vos collègues semblent préférer.

    La comparaison entre le coût du gaz et le coût du soutien à l’éolien est pertinente, car l’éolien vient en substitution des centrales au gaz comme le confirme l’administration. La production éolienne varie selon l’intensité du vent. Lorsque le vent est favorable, les éoliennes produisent une électricité propre et permettent ainsi de réduire en temps réel la production électrique des centrales au gaz et au charbon – deux combustibles fossiles responsables de gaz à effet de serre.

    Lorsque le vent diminue, les éoliennes ralentissent ou s’arrêtent temporairement et la production électrique classique retrouve son taux d’émission de CO2 initial. Les gestionnaires d’équilibre belges ne considèrent pas l’éolien comme une puissance installée pour laquelle il faut prévoir un back up en cas de défaillance, mais plutôt comme une demande d’électricité qui diminue quand le vent souffle, et qui revient à la normale lorsqu’il ne souffle pas.

    Il ne faut pas pour autant extrapoler le raisonnement en affirmant que le renouvelable seul doit être visé. Tout le monde s’accorde pour dire que, dans le cadre de la transition énergétique, les renouvelables et les centrales performantes au gaz sont complémentaires ; il ne s’agit donc pas d’opposer l’un à l’autre. Le problème majeur actuel pour l’intégration des centrales au gaz sur le marché de l’électricité est double : l’inflexibilité des centrales nucléaires devant fonctionner en base load et le faible coût de l’électricité produite à partir de centrales au charbon.

    Monsieur le Député estime que je ‘noircis le scénario’ en rajoutant le coût du CO2. J’ai justement voulu éviter cet écueil en prenant comme hypothèse un coût du CO2 très faible, à savoir le prix qui était constaté ces derniers mois sur le marché de la tonne de CO2. À cet égard, il est plausible que le coût réel du CO2 augmente ces prochains mois, à la suite notamment de la décision récente de la Commission européenne en matière de quotas de CO2.

    L’honorable Membre évoque ensuite le coût de l’intégration du renouvelable sur les réseaux. Je n’ai jamais caché que la question de l’intégration croissante du renouvelable (éolien et solaire essentiellement) dans le mix énergétique était un enjeu de majeur pour les réseaux dans le cadre de la transition énergétique. Mais la rénovation des réseaux est une nécessité vu le faible niveau d’investissement que l’on connaît depuis plusieurs décennies. Et n’oublions pas que la production décentralisée engendre pour les gestionnaires de réseau de distribution des gains, puisqu’ils doivent moins prélever de l’électricité sur le réseau de transport. Enfin, la mise en œuvre des réseaux intelligents vise justement à limiter les coûts d’adaptation des réseaux, par le biais notamment de l’activation de mesures de gestion active de la demande et l’accueil flexible sur le réseau.

    Enfin, j’ai déjà pu répondre à de nombreuses reprises sur l’impact des certificats verts sur la facture des consommateurs à l’occasion d’autres questions parlementaires à ce sujet.