/

Le lait durable

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 197 (2013-2014) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/11/2013
    • de STOFFELS Edmund
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Sortant d’une séance de travail avec des agriculteurs des Hautes Ardennes (région où on produit essentiellement du lait), je suis impressionné du nombre de paramètres en matière de durabilité que les producteurs de lait doivent respecter - chacun de ces paramètres ayant un coût et réduisant la marge bénéficiaire sur le lait.

    Ces paramètres ont différents aspects liés à l’environnement, la protection des sols et des nappes phréatiques jusqu’aux aspects sanitaires liés au bien-être des animaux ou de la qualité du lait.

    Puis-je demander à Monsieur le Ministre de nous lister l’ensemble des règlements qu’un producteur de lait durable doit respecter et d'identifier chaque fois l’impact en termes de coût de production ?
  • Réponse du 17/12/2013
    • de DI ANTONIO Carlo

    Il n’existe aujourd’hui aucune réglementation qui soit imposée aux producteurs laitiers pour une production de lait durable.

    Ce concept n’est cependant actuellement porté par aucune base légale qui soit imposée aux opérateurs pour la mise sur le marché de leur production.
    Néanmoins, il existe de nombreuses initiatives privées qui tentent d’utiliser le concept de la durabilité comme argument de commercialisation.
    Celui qui est à l’ordre du jour en cette fin d’année 2013 et qui fait probablement l’objet des débats auxquels l'honorable membre a assisté au sein du secteur est lié à un accord récent entre les organisations agricoles (Fédération wallonne de l’Agriculture, Algemeen Boeren Syndicaat et Boerenbond) et les laiteries (Confédération Belge du Lait) et relatif à la mise en place d’un monitoring de la durabilité de la production laitière applicable dès le 1er janvier 2014 dans le cadre de la QFL (Qualité Filière Lait).
    Ce monitoring liste 35 actions favorables à la durabilité, classées en sept catégories : santé animale, bien-être animal, énergie, environnement, alimentation animale, eau et sol, et durabilité sociale et économique.
    La participation au monitoring est obligatoire pour les producteurs adhérents à la QFL, mais le choix des critères sur lesquels le producteur s’engage reste entièrement volontaire. Tant la QFL que le monitoring « durabilité » sont une initiative émanant du secteur professionnel, et qui n’est pas imposée par l’autorité publique.
    L’ensemble des actions listées dans ce monitoring de la durabilité est disponible sur le site de la QFL (www.qfl.be).

    À la question de l’impact sur les coûts de production, il est prématuré d’y répondre. Ce n’est qu’une fois ces diverses mesures mises en œuvre que leurs effets pourront être évalués a posteriori dans les comptabilités individuelles, en tout cas pour les mesures qui auront été respectées par un nombre suffisant de producteurs. Nul doute que les partenaires à l’origine de cette initiative auront à cœur d’en étudier les impacts.

    Selon l’industrie laitière, une participation active à ce monitoring est en tout cas un élément important pour permettre à notre industrie de conserver ou d’étendre ses débouchés pour nos produits sur les marchés internationaux ; les gros acheteurs sont de plus en plus attentifs aux efforts faits par les producteurs et par les usines de collecte et de transformation en termes d’impacts sur l’environnement (empreinte CO2, consommation d’énergies, etc).

    Lorsqu’on analyse certaines des mesures encouragées par le monitoring de la production durable, force est de constater que l’impact à en attendre devrait aller dans un sens économique favorable aux producteurs : la bonne santé animale, l’absence de faim, de soif, de peur, de stress, le confort, sont autant de facteurs favorables à la longévité des vaches laitières ; la gestion raisonnée des dépenses énergétiques et la production propre d’énergie concourront vraisemblablement à diminuer ce poste de dépenses ; l’encouragement à la culture de légumineuses et le recours accru aux fourrages grossiers produits sur l’exploitation réduiront la dépendance des éleveurs aux intrants externes, souvent plus coûteux ; la gestion attentive des sols et une consommation raisonnée en eau ne peuvent qu’améliorer la situation de nos fermes ; la réalisation d’une comptabilité de gestion et le recours à des activités d’accueil ou à la vente directe sont des outils d’amélioration potentielle des facteurs économiques de l’exploitation.

    En bref, je suis d’avis que l’initiative en faveur d’un lait durable prise par le secteur professionnel laitier, en accord avec les associations agricoles, va certainement dans le bon sens pour contribuer à un secteur laitier plus résilient en Wallonie, même si un élément crucial de la durabilité fait défaut, à savoir le paiement d’un prix équitable pour le producteur laitier.