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Des expériences pilotes dans le domaine de la biomasse soutenues par la Wallonie

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 228 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 11/12/2013
    • de TROTTA Graziana
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Le Gouvernement wallon veut lancer un appel à projets dont l'objectif consisterait à soutenir des projets relatifs à la biomasse.

    Les projets retenus devraient être des expériences pilotes permettant le développement de technologies innovantes de valorisation de la biomasse-énergie, et le budget y consacré dépasserait le million d'euros.

    Ces expériences concerneraient la gestion et la valorisation du digestat, la gestion et le stockage du biogaz, la valorisation des déchets d'abattoir ou encore l'injection de biogaz dans le réseau de gaz naturel.

    Monsieur le Ministre peut-il me donner les détails de ces appels à projets ? Quelles sont précisément les expériences que le gouvernement entend soutenir ? Quel est le budget prévu pour chacun des projets ? Quels sont les articles de base concernés? Quel est le calendrier prévu (date limite de dépôt des dossiers de candidatures et de sélection des projets) ?
  • Réponse du 24/12/2013
    • de NOLLET Jean-Marc

    Afin de soutenir le développement et l’innovation dans le domaine de la production d’énergie renouvelable à partir de la biomasse, le Gouvernement a décidé de lancer un appel à projets. Il a réservé à cet effet une enveloppe de 1,6 million d’euros sur le budget du Fonds énergie.

    Les thèmes proposés dans le cadre de cet appel couvrent essentiellement le domaine de la biométhanisation, une technologie permettant de produire du biogaz à partir de fermentation de matières organiques. Cinq thématiques ont été retenues : (1) la gestion du biogaz ; (2) l’injection du biogaz dans le réseau de gaz naturel ; (3) le conditionnement du digestat ; (4) la valorisation des graisses issues des abattoirs et (5) le développement de petites unités de biométhanisation valorisant les sous-produits d’élevage de petites entreprises agricoles.

    La justification du choix de ces différents thèmes vous est exposée ci-dessous. Chacun d’entre eux a été sélectionné en alliant souci d’innovation, pertinence et réalisme de développement.

    (1) La gestion du biogaz

    Les capacités de stockage en gaz des digesteurs des unités de biométhanisation étant limitées à quelques heures de production, le biogaz produit est utilisé en flux quasiment tendu. En cas de demande réduite ou d’une diminution momentanée de la production du digesteur, l’unité fonctionne en sous-régime ce qui a des impacts au niveau du rendement économique. Par ailleurs, une capacité de modulation dans l’utilisation du biogaz, peut apporter de nombreux avantages : au niveau de l’électricité, elle peut contribuer à répondre aux pics de demandes du réseau. Dans le domaine de la chaleur issue la cogénération, la production pourrait être favorisée dans les périodes de la journée où celle-ci pourrait rencontrer une utilisation maximale. Les éléments exposés ci-dessus plaident pour le développement de solutions techniques de stockage du biogaz sur site.

    (2) L’injection du biogaz dans le réseau de gaz naturel

    Ce procédé, déjà bien développé en Allemagne, est complètement absent en Wallonie. Pourtant, il revêt de nombreux avantages :
    • un usage délocalisé tant au niveau géographique que temporel ;
    • un usage énergétique final variable (domestique, industriel, carburant) ;
    • l’évitement de création de besoins de chaleur pour rentabiliser l’installation ;
    • l’utilisation possible du réseau de gaz existant.

    Aussi, au vu de cette conclusion, et de l’absence complète de tels systèmes au niveau de la Wallonie, cette thématique a été retenue pour l’appel à projets.

    (3) La déshydratation du digestat

    Pour aboutir à une gestion optimale des digestats produits en Wallonie, il importe de développer les technologies permettant la simplification de leur manutention, entre autres la réduction de leur volume. En effet, le digestat est composé principalement d’eau (90 %) ce qui impacte fortement les questions liées au stockage, à la conservation et au transport. Différentes techniques de déshydratation du digestat existent, de la réduction partielle de la quantité d’eau jusqu’à la transformation complète en granulés. Aucune d’entre elles n’est aujourd’hui installée en Wallonie.

    (4) Biomasse à partir de graisses animales provenant d’un abattoir

    Les abattoirs génèrent un flux important de déchets constitués principalement de graisses animales. Les matières qui en sont issues peuvent entrer en biométhanisation : pas seulement les graisses mais également les abats, le fumier bovin… présents sur le site. L’utilisation de ces ressources est particulièrement intéressante ne fut-ce que par la constance de la production et de ses caractéristiques. Pour des raisons d’hygiène, les matières doivent subir un procédé énergivore appelé hygiénisation. Ce processus nécessite beaucoup de chaleur. Les besoins des abattoirs pourraient être partiellement couverts par l’énergie issue du process. Au vu des caractéristiques exposées ci-dessus, et du potentiel d’unités similaires sur le territoire wallon, il apparaît judicieux d’encourager le développement d’un projet pilote dans le domaine de la valorisation des déchets d’abattoirs.

    (5) Le développement de petites unités de biométhanisation

    Il semble aujourd’hui acquis que des unités de microbiométhanisation (puissance < 10 kWe) pourraient trouver leur place au sein de nombreuses exploitations agricoles de Wallonie. Cependant, la filière tarde à prendre son essor et connait actuellement de grandes difficultés. L’objectif du programme initié est d’encourager, de soutenir et d’encadrer (monitoring à grande échelle) l’installation de quelques dizaines d’unités de microbiométhanisation au sein d’exploitations agricoles de Wallonie de manière à obtenir, rapidement, un référentiel technicoéconomique de la microbiométhanisation agricole de petite dimension. Les agriculteurs qui ont marqué leur intérêt par rapport au programme et qui entrent dans les conditions techniques seront invités à participer à ce volet de l’appel à projets.

    Sur les 1,6 million réservés à l’ensemble de l’appel, 1,2 million sont destinés aux projets déposés dans le cadre des 4 premières thématiques, les 400.000 euros restants étant consacrés au cinquième thème.

    Enfin, concernant le calendrier, le premier volet de l’appel reprenant les thèmes 1 à 4 sera lancé tout bientôt. Les projets sont attendus pour le 31 mars 2014. Le second volet reprenant le thème de la petite biométhanisation sera initié courant du premier trimestre 2014.