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L'innovation au sein des PME et TPE wallonnes

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 95 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 11/12/2013
    • de TROTTA Graziana
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    L'UCL et l'ULg réalisent une étude sur la performance et l'innovation dans les PME et les TPE. Cette enquête, bénéficie entre autres du soutien des pôles de compétitivité wallons (GreenWin, Skywin, Logistics in Wallonia, WagrAlim, Biowin et PôleMecaTech), se structure en plusieurs phases.

    La première phase, consistant à réaliser une évaluation des PME et des TPE selon leur degré d'innovation et de performance, vient d'être terminée. La deuxième phase consistera à sélectionner un échantillon de 20 TPE et PME parmi les plus performantes et innovantes, afin d'identifier les liens éventuels de ces dimensions avec les pratiques de GRH.

    D'après des informations parues dans la presse sur les résultats de la première phase, seulement 8,78 % des PME wallonnes et bruxelloises sont à la fois innovantes et performantes et 48 % des PME se situent dans la moyenne d'innovation et de performance. 7,39 % des PME seraient innovantes sans être particulièrement performantes et 9,93 % seraient performantes sans être particulièrement innovantes.

    Monsieur le Ministre peut-il me faire part des détails des résultats de cette première phase ? Que pense-t-il de ces résultats ?

    En 2010 le Gouvernement wallon lançait le programme « Creative Wallonia » afin de booster l'innovation et la créativité au sein de l'économie wallonne, programme récompensé par la Commission européenne qui a attribué à la Wallonie le label « District créatif européen ».

    Les axes forts de « Creative Wallonia » sont la stimulation de la société créative, l'encouragement des pratiques innovantes et le soutien à la production innovante.

    Monsieur le Ministre m'indiquait en juin dernier que la Wallonie est aujourd'hui perçue comme une région à la pointe de l'innovation. Si cela s'avère être effectivement le cas, les résultats de l'étude mènent à conclure que l'innovation ne se rencontre pas dans une proportion importante de PME wallonnes. Au vu des résultats de la première phase de l'étude de l'UCL et de l'ULg, le Gouvernement compte-t-il adapter le programme « Creative Wallonia » ?

    Enfin, la mise en oeuvre de Wallonia European Creative District a été confiée à un consortium composé de cinq acteurs wallons qui doit initier des actions. Monsieur le Ministre peut-il me dire où en est le consortium dans son travail ? Quelle est la plus-value pour notre région de Wallonia European Creative District ?
  • Réponse du 22/01/2014
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’étude réalisée par l’UCL et l’ULg a pour objectif de caractériser les TPE et les PME wallonnes et bruxelloises au regard de critères d’innovation et de performance, et d’analyser les relations entre ces deux dimensions afin d’en tirer des enseignements pour les pratiques de gestion des entreprises. Elle a été réalisée sur base d’une enquête auprès d’un échantillon de 433 entreprises.

    Les critères d’innovation utilisés rassemblent des éléments factuels (nombre de brevets, évolution des budgets de R&D) mais également déclaratifs (changement technologique ou organisationnel mis en œuvre au cours des 3 dernières années, nombre de nouveaux produits/services/procédés introduits au cours des 3 dernières années) et indirects (participation à un cluster, obtention d’un prix relatif à l’innovation, demande de prime à l’innovation,…).
    Les critères de performances portent également sur différentes dimensions : socio organisationnelle (motivation, climat social, absentéisme, évolution des effectifs,…), productive (productivité, coûts), environnementale (politique RSE, comptabilité environnementale,…) et financière (chiffre d’affaires, bénéfices/pertes, ventes,…).

    Comme relevé, il ressort que 8,8 % des entreprises sont à la fois innovantes et performantes, 7,4 % des entreprises sont innovantes sans être performantes et 47,8 % des entreprises se situent dans la moyenne. Je voudrais souligner également que les entreprises reprises dans la moyenne doivent également être considérées comme ayant des activités d’innovation, même si elles ne sont pas considérées comme très innovantes. L’approche retenue dans l’étude est relative. On peut donc considérer que 64 % des entreprises de l’échantillon pratiquent des activités d’innovation.

    À titre de comparaison, l’enquête CIS réalisée pour la Wallonie indique que 57,6 % des entreprises sont classées parmi les entreprises innovantes, c.-à-d. qu’elles ont des activités d’innovation technologique et/ou non technologique. On peut donc considérer que ces résultats sont globalement concordants. Toujours selon l’enquête CIS, les résultats wallons se situent au-dessus de la moyenne communautaire (52,9 %) et légèrement sous la moyenne nationale (60,9 %), et sont en hausse puisque la Région passe de 52 % en 2008 à 57,6 % en 2010.
    La première conclusion de l’étude est que l’innovation et la performance ne sont pas forcément liées.

    L’étude a comme principal intérêt de considérer l’innovation et la performance selon une approche très large, et ne se limitant pas aux indicateurs quantitatifs classiques basés uniquement sur l’innovation technologique ou la performance financière. Certains résultats de l’étude me semblent particulièrement encourageants quant à la pertinence de l’approche suivie dans le cadre du Plan Creative Wallonia :
    - L’innovation se rencontre dans tous les secteurs, pas uniquement ceux considérés comme des secteurs de pointe. C’est l’approche que nous privilégions dans CW, puisqu’il s’agit d’instiller les pratiques d’innovation et de créativité dans l’ensemble des couches de la société, dans l’ensemble des secteurs économiques, des plus pointus aux plus traditionnels. Le projet Creative District vise également à montrer le pouvoir transformateur des industries culturelles et créatives, et de l’économie créative en général, sur les industries traditionnelles.
    - Une très grande majorité des entreprises très innovantes ont introduit des changements organisationnels. L’innovation non technologique, qui retient particulièrement notre attention dans le cadre de CW, constitue une dimension importante à prendre en considération. C’est un axe à développer encore dans la politique wallonne, et j’ai proposé dans le cadre du Plan Marshall 2022 d’intégrer davantage cette dimension dans la politique des pôles de Compétitivité.
    - Une large majorité des entreprises très innovantes participe à un cluster. Là encore, il s’agit d’un axe important de nos politiques, la mise en réseau et la création de réseaux d’innovation étant également stimulées via CW. Un enjeu important est d’élargir encore la dynamique qui s’est créée au sein des pôles de compétitivité à davantage de PME. Nous y travaillons et c’est un aspect qui est spécifiquement visé par le Plan Marshall 2022.
    - L’importance de la dimension internationale. L’étude ne dit pas si c’est le fait d’être innovante et performante qui permet d’être performant à l’international ou si ce sont les activités internationales des entreprises qui les poussent à être plus innovantes et performantes. Il n’en reste pas moins que ces différentes dimensions sont liées, et que dans le contexte wallon, le stimulation de l’internationalisation de nos PME doit rester une priorité. Il s’agit d’un axe de CW, renforcé encore via le projet Creative District, c’est également l’une des priorités du SBA wallon, et une dimension importante de la politique des Pôles.

    Enfin, sur le résultat de l’étude que l'honorable membre pointe quant à la faible proportion d’entreprises très innovantes et performantes en Wallonie, il doit en effet être pris en considération. Des politiques ciblées visant à stimuler l’innovation et la croissance des PME sont plus que jamais nécessaires, les entreprises innovantes à forte croissance étant un moteur pour l’ensemble de l’économie régionale.
    La stimulation de la croissance des entreprises était au centre des débats à l’occasion du Parlement des PME 2013 qui s’est tenu le 6 décembre dernier à Liège. Nous en analysons les résultats pour améliorer nos politiques en la matière. Nous avons tracé de premières pistes d’approfondissement dans le cadre du Plan Marshall 2022, nous y travaillons dans la cadre du SBA wallon et de la politique des Pôles de compétitivité, et bien évidemment dans le cadre de CW.

    Les résultats de l’étude apportent des éclairages intéressants, et nous confortent dans les politiques développées en Wallonie, et en particulier dans le cadre de Creative Wallonia.

    Si la Wallonie a été retenue parmi 44 régions candidates comme l’un des deux District créatifs européens (avec la Toscane), c’est précisément en raison du type d’approche développée dans notre Région depuis 2010 avec Creative Wallonia : une approche transversale, plaçant la créativité et l’innovation au cœur de l’économie et de la société wallonne et misant sur les pratiques d’innovation ouvertes les plus avancées : la co-création, les living labs et maker’s labs, le co-working, le soutien à la mise sur le marché d’innovation technologiques (Prototyping) et non-technologiques (Boost-Up Industries créatives et Boost-Up Crossmedia), l’accélérateur de croissance Nest-Up sur base d’un modèle nord-américain, etc.

    Le projet Wallonia European Creative Disctrict permet de renforcer encore notre approche en la croisant avec celles d’autres régions européennes, en la soumettant à l’évaluation d’experts internationaux et en développant des partenariats pour internationaliser encore davantage nos actions et acteurs.