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Les demandeurs d'emploi de moins de 25 ans

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2014
  • N° : 201 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 21/01/2014
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Fin 2012, si le taux de chômage des moins de 25 ans est de 22,8% dans l'Union européenne, les variations sont considérables entre pays: de 8,1 % en Allemagne à 55,3 % en Grèce. En Belgique, avec 19,8 % de taux de chômage, nous ne sommes pas les plus mal lotis, mais pas non plus les meilleurs.

    En revanche, la proportion des jeunes parmi les chômeurs est une des plus élevées (Institut de recherches économiques et sociales de l'UCL). Pour la Belgique, le rapport entre taux de chômage des moins de 25 ans (19,8 %) et celui des plus de 25 ans (6,8 %) est de 2,9. Il y a ainsi quasi trois fois plus de chômeurs chez les moins de 25 ans. C'est plus que dans l'Union européenne en général (où ce rapport est de 2,4).

    Il était communément admis que le chômage des jeunes constituait essentiellement un problème en Wallonie et à Bruxelles, mais pas tellement en Flandre. Or, les chercheurs de cette étude ne sont pas de cet avis dans la mesure où, si les taux de chômage des jeunes à Bruxelles et en Wallonie sont extrêmement élevés, puisqu'ils y atteignent 35 % et 30 % respectivement, contre 13 % en Flandre, en revanche, aucun pays ou région performants de référence n'affiche un taux de chômage relatif des jeunes plus élevé que celui de la Flandre. En termes de différences absolues, la Flandre obtient de meilleurs résultats, mais ceux-ci restent largement plus médiocres que les États les plus performants précités.

    Le taux élevé de chômage relatif des jeunes en Belgique reflète principalement un problème qui touche les jeunes peu qualifiés. Le passage de l'école au monde du travail est particulièrement problématique pour les personnes peu scolarisées puisque, durant les cinq premières années qui suivent l'obtention de leur diplôme, les jeunes belges sont employés en moyenne seulement pendant trois ans. Ce chiffre est bien inférieur à la moyenne de l'OCDE, qui est d'environ 3,5 ans.

    En revanche, les personnes peu scolarisées ne sont généralement embauchées qu'un peu plus d'un an durant les cinq premières années qui suivent leur sortie de l'école.

    Si le chômage structurel des jeunes est plus élevé que dans de nombreux autres pays européens, le problème est particulièrement prégnant pour les jeunes peu qualifiés. Un salaire minimum élevé, un cloisonnement entre l'école et le travail ainsi qu'un système d'enseignement segmenté verticalement avec des taux de redoublement élevés et une orientation trop précoce sont mis en évidence comme des facteurs clés d'explication de ce chômage élevé.

    Les remèdes clés proposés par cette étude sont l'annulation de la récente décision d'abolir le taux de réduction du salaire minimum pour les jeunes âgés de moins de 21 ans, une réduction structurelle du coût du travail des travailleurs à bas salaire financée par une suppression des subventions à l'embauche ciblées sur les jeunes peu qualifiés, et une réforme fondamentale de l'enseignement visant à faire tomber la barrière stricte qui existe entre l'école et le travail. De plus, afin de réaliser l'insertion professionnelle des jeunes peu qualifiés, les chercheurs de cette étude estiment qu'il convient d'attribuer plus rapidement aux jeunes qui se retrouvent au chômage après leurs études une allocation de chômage modeste couplée à un suivi beaucoup plus étroit qu'actuellement de leurs actions d'insertion. Enfin, afin de limiter les coûts, les chercheurs considèrent qu'il convient de fortement cibler l'accompagnement de jeunes demandeurs d'emploi sur les peu qualifiés et de baser le contrôle de leurs activités de recherche d'emploi sur des preuves écrites à renvoyer régulièrement par courrier (électronique), au lieu de les évaluer dans des entretiens.

    Identifier les causes du non-emploi nous amène à la mise sur pied d'un programme de lutte contre le chômage des jeunes. Un tel programme aura bientôt davantage encore d'acuité que nous allons prochainement hériter de nouvelles compétences en la matière. Mais il s'agit également d'une bonne occasion de faire le point sur la politique wallonne de mise à l'emploi.

    Quels enseignements Monsieur le Ministre tire-t-il de cette étude IRES ? Envisage-t-il d'adopter des mesures complémentaires d'ici la fin de la législature en la matière ?