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La surconsommation de viande rouge par les Belges

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2014
  • N° : 354 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 28/01/2014
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Les experts du Conseil supérieur de la santé (CSS) estiment que le Belge mange deux fois trop de viande rouge. Il en consomme 640 grammes par semaine, alors que 300 grammes suffiraient.

    Pourquoi cet avis ? Parce qu’en diminuant la quantité de viande rouge jusqu’à 300 grammes, avance le CSS, on pourrait faire chuter le risque de cancer colorectal de plus de 20 %.

    Or, ce cancer est la troisième cause de décès en Belgique.

    D’après ces experts, ce sont notamment les oxydants contenus dans l’hème de la viande, soit ce qui lui donne la couleur rouge, qui, en trop grande quantité, provoquent à terme les lésions menant au cancer.

    Actuellement, on enregistre plus de 7 500 cas chaque année de cancers colorectaux.

    Le CSS ne plaide pas pour une renonciation complète de la viande rouge puisqu’elle constitue une apport de protéines, mais pour une consommation modérée.

    Le rapport du CSS a été envoyé à la Ministre fédérale de la santé afin qu’elle prenne des mesures pour modifier à terme la consommation de viande rouge belge qui excède les recommandations internationales des spécialistes du cancer.

    Je souhaiterais connaître la position de Monsieur le Ministre par rapport à ces déclarations.

    Alors que le secteur agricole connaît toutes les peines du monde à conserver la tête hors de l’eau, de tels propos ne risquent-ils pas de nuire aux activités de nos éleveurs ?

    Le secteur a souffert notamment de la crise de la dioxine, de la brucellose, de la vache folle , de la langue bleue. Nos éleveurs doivent-ils se sentir concernés de la même manière que l’industrie de la viande ?

    Bien que cette mise en garde ne signifie pas un bannissement de la viande rouge, Monsieur le Ministre compte-t-il apporter des précisions aux consommateurs wallons afin de ne pas nourrir de fausses craintes par rapport à la viande rouge ?

    Va-t-il rencontrer la Ministre fédérale de la Santé pour débattre de cette problématique ?
  • Réponse du 19/02/2014
    • de DI ANTONIO Carlo

    Si on se penche sur les données de consommation reprises par le Conseil supérieur de la santé (CSS) pour cette étude, on constate qu’elles datent déjà du passé (2004).

    Sur base des données actuelles du SPF Economie, la consommation de viande rouge apparaît en forte diminution dans notre pays. Les viandes porcines, de volaille et de lapins sont considérées comme des viandes blanches et c’est essentiellement la viande bovine qui constitue la plus grande part de viande rouge consommée en Belgique. La part de viande ovine, qui reste marginale, est aussi en forte diminution.

    La consommation de viande bovine totale (et par habitant) diminue depuis 1975
    (-12 kg/habitant/an par rapport à 1975). La quantité de viande bovine consommée par habitant et par an ne s'élève plus qu'à 18,33 kg en 2010 contre 30 kg il y a 30 ans. Cette tendance à la baisse est régulière depuis les années 70.

    Si l’on considère toutes les viandes rouges (bovins, ovins, caprins et équins), nous avons consommé 223.023 tonnes en 2010. Un rapide calcul donne pour résultat une consommation de 20,57 kg de viande rouge par habitant et par an, ce qui correspond à 396 grammes par semaine.
    Ceci est proche des consommations souhaitées par le CSS, objectifs de santé que je ne me permets pas de contester, n’étant pas expert en santé nutritionnelle.

    Par contre, on a constaté que la consommation totale de viande par habitant et par an a augmenté en fin du siècle passé puisqu'elle passe de 90,8 kg en 1975 à 103,4 kg en 1998, mais que depuis lors elle baisse régulièrement jusqu’à atteindre 92,24 kg en 2010.

    Dans cette consommation globale, la part de la viande bovine dans la consommation de viande passe de 33 % en 1975 à 20 % en 2010 tandis que la viande de porc passe de 40,4 à 43,2 % en 2010 (après être passée par un pic de 48.3 % en 2005) et celle de volaille de 12,2 à 23,7 %.

    Les causes du recul de la consommation de la viande bovine sont multiples, mais on peut citer principalement son prix relativement élevé par rapport aux autres viandes. Le prix de la viande bovine est, en moyenne, 63 % supérieur à celui de la viande de porc et 185 % plus élevé que celui du poulet à rôtir. Ceci suffit en temps de crise à expliquer la désaffection du public pour la viande bovine, sans oublier les crises de confiance dues à des fraudes et fautes de certains industriels de l’agroalimentaire.

    L’impact de ces évolutions sur nos productions locales et donc sur les agriculteurs est évident.
    On peut admettre que le secteur de la production doit avant tout adapter son offre à la demande de la société et qu’il ne faut pas aller à contre-courant des tendances lorsque celles-ci vont dans le sens d’une amélioration de la santé prônée par les experts de la santé publique.
    Cependant, on ne peut accepter de campagne de dénigrement et d’accusation malheureusement trop fréquente contre le secteur de la viande bovine.

    J’ai demandé à l’APAQ-W de réfléchir, avec le secteur, mais aussi avec des scientifiques, à l’organisation d’actions visant à revaloriser l’image de la viande bovine.