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L’avenir de l’immeuble classé « De Heug » à Charleroi

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2014
  • N° : 380 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 10/02/2014
    • de MEERHAEGHE Isabelle
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    La presse nous informait récemment de l’avenir d’un bâtiment classé à Charleroi. Œuvre de l’architecte moderniste Marcel Leborgne, l'immeuble « De Heug », est la propriété de la SA Saint-Lambert Promotion depuis deux ans.

    Fortement endommagé faute d’entretien, cet immeuble de sept niveaux est en partie classé depuis 1995. À l’abandon depuis plus d’une décennie, le bâtiment serait à présent irrécupérable d’après les experts. En clair, il serait beaucoup moins coûteux de le détruire et de le reconstruire à l’identique plutôt que de le rénover. Qu’en est-il de l’état d’avancement de ce dossier ? Monsieur le Ministre a-t-il été sollicité ?

    Quel que soit le choix qui sera opéré, il apparaît que le propriétaire pourrait bénéficier de subsides au taux « restauration » ; ce qui se traduit par une facture prise en charge à 60 % par la Wallonie. Monsieur le Ministre peut-il me confirmer que c’est bien le cas ? Ne s’agirait-il pas, dès lors, d’un cas sans précédent ? En d’autres termes, a-t-on déjà autorisé la reconstruction à l’identique d’un monument classé ?

    Au-delà de ce cas concret, quelle est la position de Monsieur le Ministre par rapport aux bâtiments classés et laissés à l’abandon ? Pense-t-il prendre des mesures particulières afin d’éviter d’être confronté à des situations où des éléments de notre patrimoine deviendraient irrécupérables ?
  • Réponse du 27/02/2014
    • de DI ANTONIO Carlo

    La SA Saint-Lambert Promotions a acquis l’immeuble classé dans le but de le restaurer et de le réaffecter. Comme pour tout monument classé, une procédure de certificat de patrimoine est menée avant l’introduction de la demande de permis d’urbanisme. Cette procédure implique le suivi de l’étude architecturale par un comité d’accompagnement, composé de spécialistes en la matière.

    En cours d’étude, il est apparu que, outre son état de délabrement évident, le bâtiment souffrait de pathologies structurelles importantes au niveau de sa façade latérale. Aucune solution de restauration n’ayant pu être trouvée, le comité d’accompagnement du certificat de patrimoine a proposé, après mûres réflexions et sur base d’une étude technique approfondie, de reconstruire la structure portante et la façade latérale de l’immeuble. Cette solution exceptionnelle a reçu un avis de principe positif de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles. La décision ne relève nullement d’une question de coût, mais bien de l’impossibilité technique avérée de restaurer cette partie du bâtiment.

    La reconstruction partielle à l’identique permettra non seulement de sauver la partie encore « restaurable » de l’édifice mais aussi de conserver l’image complète du bâtiment.

    Dans le cadre des chantiers de restauration menés en Wallonie, quelques rares bâtiments ont déjà fait l’objet d’une reconstruction, partielle ou plus importante, comme l’hôtel Soer de Solières à Liège, il y a environ dix ans. L’option doit demeurer exceptionnelle et se justifier par la qualité remarquable de l’immeuble classé. Mais il arrive aussi que des mauvaises surprises n’apparaissent qu’en cours de chantier et obligent à recourir à des démontages et remontages bien plus conséquents que ce qui était prévu au départ.

    Pour répondre à cette question, aucune demande officielle de subvention n’a été faite pour ce dossier à ce stade. Cependant, dans la mesure où il s’agit d’un dossier global de restauration visant la sauvegarde d’un monument et accepté par le comité d’accompagnement du certificat de patrimoine, le subventionnement du dossier est envisageable.

    La problématique des monuments classés négligés, voire laissés à l’abandon, par les propriétaires, me préoccupe particulièrement, mais la Région ne peut se substituer à eux. J’ai déjà écrit personnellement à plusieurs propriétaires pour leur rappeler leurs obligations et les inviter à rencontrer le Département du Patrimoine ou l’Institut du Patrimoine wallon.