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Les inondations potentielles de la Meuse

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2014
  • N° : 91 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 20/03/2014
    • de COLLIGNON Christophe
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Une étude universitaire a récemment évalué le coût d'une crue exceptionnelle de la Meuse.

    Statistiquement, l'étude prévoit qu'il y a chaque année une chance sur 100 pour qu'une telle inondation se produise, la dernière crue de ce type du fleuve mosan remontant en date de 1993. Si on ne peut prédire quand elle surviendra, son coût estimé dépasse les 330 millions d'euros de dommages que le fleuve a causés lorsqu'il est sorti de son lit il y a 20 ans. Et cela impactera, à des degrés divers, les 19 communes que traverse la Meuse durant les 185 kilomètres de son parcours wallon.

    C'est ce qu'affirment en effet des chercheurs de l'université de Liège qui, sur base d'une étude multidisciplinaire, ont calculé les dommages que causerait le fleuve en fonction des variations de son débit jusqu'en 2100. Or, dans le pire des cas, celui que les chercheurs qualifient de « scénario humide », le changement climatique augmenterait le débit des eaux du fleuve de 15 % en 2050 à 30 % en 2100. Pour la Wallonie, cela impliquerait une augmentation du niveau de la Meuse lors d'une crue centennale de 60 centimètres à l'horizon 2050, et de 130 centimètres d'ici 2100.

    Les risques de débordements seraient donc réels. Et les dégâts le seront tout autant, assurent les chercheurs qui ont travaillé dans la continuité du projet AMICE, une collaboration interrégionale autour du fleuve et de son bassin versant. L'étude, qui a été menée selon l’angle climatique, hydraulique, hydrologique, urbanistique et économique ne s'est donc pas contentée des données wallonnes. Elle a aussi intégré les données de la Flandre et des pays voisins pour élaborer un outil prévisionnel des dégâts économiques le plus précis possible.

    Monsieur le Ministre-Président a-t-il pris connaissance de cette étude ? Quelles conclusions pouvons-nous en tirer ?

    Des mesures d'aides aux communes souhaitant se prémunir face à ce phénomène sont-elles prévues ?



  • Réponse du 26/03/2014
    • de DEMOTTE Rudy

    J’ai été informé par le « Groupe Transversal Inondations » (GTI), de l’existence de l’étude réalisée par l’Université de Liège en prolongation au projet européen « AMICE » (Adaptation of the Meuse to the Impacts of Climate Evolutions) qui a été cofinancé par la Région wallonne.

    Cette étude, très scientifique, a fait l’objet d’un écho dans la presse locale mosane. Il s’agit d’une première étude dans ce domaine et il y a lieu de nuancer, quelque peu, les titres accrocheurs de certains organes de presse : d’abord, le raisonnement scientifique se base sur des scénarios climatiques bien précis mais entachés d’incertitudes ; ensuite, les données relatives aux conséquences économiques sont très parcellaires, notamment du point de vue des valorisations ; enfin les projections sont basées sur une approche strictement statistique avec un horizon pour les 35 et 85 ans à venir.
    Les résultats obtenus ne constituent pas forcément une réalité intangible de terrain et le coût des dommages annoncés doit être pris avec prudence.

    L’étude prend cependant tout son sens si l’on travaille par comparaison avec des situations antérieures ou actuelles, et celles projetées en 2050 et 2100, sans attacher trop de crédit aux valeurs financières absolues.
    Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives au niveau politique.

    J’ai cependant demandé au « Groupe Transversal Inondations » de prendre contact avec l’Université de Liège pour me fournir des informations utiles et pertinentes pour le Gouvernement suivant, une réflexion en 3 étapes :
    * Comment vont se comporter les infrastructures de protection existantes (berges, quais, stations de pompage, barrages-écluses, murs anti-crues,…) face aux scénarios de la crue centennale +15 % et +30 % ;
    * Quelles adaptations peut-on envisager quant à la manière de gérer les ouvrages d’art existants (barrages-réservoirs, vannes, by-pass, …) pour atténuer au maximum les conséquences de ces scénarios ;
    * Des nouveaux aménagements pourraient-ils apporter une sécurité similaire à celle d’aujourd’hui et à quel coût.

    D’autre part, j’ai demandé au « Centre Régional de Crise de Wallonie » (CRC-W) de se pencher sur ce scénario catastrophe lors d’une prochaine réunion avec les Gouverneurs de province ; le but est de déterminer les adaptations éventuelles à apporter aux plans généraux d’urgence et d’intervention pour rester efficaces face à ce type de situation.

    Enfin, j’ai chargé le CRC-W d’évoquer ces hypothèses avec les responsables du Centre de Coordination et de Crise du Fédéral.

    Au vu de ce qui précède, il est tout à fait prématuré d’aborder la question d’aides éventuelles aux communes riveraines de la Meuse.

    Cependant, une étude plus approfondie de ce type de scénario pourrait figurer dans les mesures proposées pour les plans de gestion des risques d’inondations en application de la Directive européenne correspondante.