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L’attention accordée aux allochtones dans la presse.

  • Session : se2004
  • Année : 2004
  • N° : 2 (se2004) 1

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  • Question écrite du 31/08/2004
    • de SENESAEL Daniel
    • à VIENNE Christiane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Des articles parus récemment dans la presse relèvent, d'une part, qu'un étudiant de la VUB a passé au crible sept titres de la presse anversoise sous l'angle de l'attention qui y est accordée aux allochtones.

    Les résultats de cette étude font état d'une propension de ces titres à ne parler des étrangers ou des nouveaux Belges que dans un contexte de criminalité ou d'intégration défectueuse.

    D'autre part, une recherche a été réalisée par l'ASBL flamande Verbal Vision, à la demande de la cellule Egalité des chances de la Communauté flamande. Elle avait pour objet d'étudier les pannes de communication entre le secteur non-marchand et les “migrants”. Les conclusions de cette étude font apparaître que la moitié des organisations interrogées sont incapables de déterminer l'origine et le nombre de bénéficiaires étrangers de leurs services.

    Il paraît dès lors difficile, dans ces conditions, de faire passer un message d'aide et de promotion ainsi que de dégager une image positive des allochtones.

    Des études similaires ont-elles été réalisées, par des universités, des asbl ou d'autres organisations, en Région wallonne ?

    Dans l'affirmative, quels sont les résultats ? Observe-t-on des disparités géographiques ?

    Dans la négative, envisage-t-on de procédure à de telles études ?
  • Réponse du 18/10/2004
    • de VIENNE Christiane

    La recherche de Melle Sil Ronsmans, étudiante à la Vrije Universiteit Brussel (VUB) qui a pour titre “Berichtgeving en beeldvorming van allochtonen in de Antwerpse medias” dispose bien d'une étude similaire en Région wallonne. Publiée en juin 1994 à l'initiative du Groupe médias et migrants de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB) avec le soutien du Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme et de la Fondation Roi Baudouin, cette enquête s'est limitée à la presse écrite. Les quotidiens ont été sélectionnés de telle manière que toutes les provinces de Belgique y soient représentées. L'enquête a généré les six recommandations suivantes qui sont toujours d'actualité et sont d'ailleurs reprises comme

    références dans les questionnements éthiques et déontologiques de la profession :

    - ne mentionner la nationalité, le pays d'origine, l'appartenance ethnique, la couleur de la peau, la religion ou la culture que si ces informations sont partinentes;
    - éviter les généralisations et les manichéismes injustifiés;
    - éviter de créer inutilement des problèmes et de dramatiser;
    - exactitude des informations relatives aux personnes issues de l'immigration tant dans le courrier des lecteurs que dans les droits de réponse et apporter les rectifications si nécessaire;
    - poser un regard critique sur l'extrême-droite et le racisme en mentionnant clairement qui est l'auteur des propos ou opinions rapportés;
    - l'information ne s'achève pas lorsqu'on repose le stylo : assurer le suivi maximal de chaque sujet jusque dans sa forme définitive.

    Ces recommandations apparaissent ainsi dans le troisième rapport établi le 27 juin 2003 par la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance du Conseil de l'Europe (ECRI) sur la Belgique. Elles figurent également dans les recommandations du 25 juin 2004 établies par la même Commission et relatives à la lutte contre l'antisémitisme :

    - l'ECRI reommande aux professionnels des médias belges de continuer à surveiller l'application des recommandations de 1994 concernant la population “allochtone”;

    - l'ECRI souligne également qu'une représentation plus importante des personnes d'origine immigrée dans la profession pourrait avoir des répercussions positives sur l'image de la population “allochtone” dans la presse.

    Les conclusions de l'enquête de Sil Ronsmans nous révèlent que les personnes d'origine étrangère sont toujours très peu considérées dans les journaux anversois. Elles se retrouvent principalement dans la rubrique des faits divers et elles sont citées en première page généralement pour des faits péjoratifs. La thèse a le mérite de réitérer les remarques qui ont généré les recommandations essentielles de l'étude de 1994 et d'appeler à plus d'objectivité de la part des médias.

    Par ailleurs, il nous faut rappeler qu'à l'initiative de la Ministre de l'Intégration sociale et de l'Egalité des chances et en collaboration avec la Ministre de la Justice et le Ministre de l'Intérieur, le Comité ministériel restreint a adopté ce 14 juillet 2004 les principes d'un plan d'action fédéral contre les violences racistes, antisémites et xénophobes. Cette initiative comprend plusieurs axes de travail dont un, plus spécifique aux médias, préconise :

    - une évaluation de l'impact des recommandations prises par l'AGJPB en 1994 sur l'information relative aux personnes d'origine étrangère et des protocoles d'accord conclus entre les autorités de contrôle de l'audio-visuel, les associations de journalistes et le Centre pour l'égalité des chances;

    - l'organisation, avec les Communautés française et flamande, d'un forum à destination des professionnels (éducation, médias, ...) sur les stratégies visant à rendre compte des événements internationaux, notamment relatifs au Moyen-Orient et aux faits de terrorisme sans alimenter les préjugés.

    Enfin, l'étude réalisée à la demande de la cellule “égalité des chances” de Région flamande et de la province d'Anvers par l'ASBL Verbal Vision sous le thème “Communiceert uw organisatie met allonchtonen”, nous révèle que la moitié des asbl flamandes et des services publics analysés ne parviennent pas à communiquer de manière efficace avec les étrangers. Pour la majorité d'entre eux, les étrangers constituent un groupe cible, mais la moitié seulement dispose d'actions spécifiques en matière de communication destinées à ce groupe cible. La moitié de ces associations ne compte par ailleurs pas, ou peu, de personnes étrangères au sein de leurs services.



    Il n'existe pas, à l'heure actuelle, d'étude similaire ni de projet d'étude similaire en Région wallonne.