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La chute des prix dans le secteur laitier

  • Session : se2014
  • Année : 2014
  • N° : 7 (se2014) 1

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  • Question écrite du 02/09/2014
    • de BORSUS Willy
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    On le sait, les conséquences de l’embargo décrété par la Russie se font de plus en plus sentir auprès de nos agriculteurs. Après les fruits, pommes et poires, c’est aujourd’hui les secteurs laitier et de la viande qui annoncent une chute des prix.

    D’autres pans de l’activité agricole sont potentiellement concernés.

    Puis-je demander à Monsieur le Ministre l’analyse précise de la situation qu'il fait en ce qui concerne la Wallonie ?

    Quelles sont les mesures qu'il envisage de prendre ou de plaider de manière à épauler nos producteurs et nos agriculteurs confrontés à cette situation, dont l’origine, est complètement externe à leur activité agricole ?

    Quel est l’impact chiffré actuellement de cette crise pour l’économie agricole wallonne ?
  • Réponse du 26/09/2014
    • de COLLIN René

    Les éléments concernant les fruits et légumes ayant été apportés en réponse à une question récente de M. Jean-Luc Crucke, cette réponse se focalise sur le secteur laitier.

    Une analyse de l’ampleur des pertes que pourrait occasionner cet embargo sur les productions wallonnes a rapidement été menée avec l’administration et le Service public fédéral Économie. La Russie représente, en valeur, moins de 2 % de l'ensemble des exportations belges et n’en est que le 13e client. En 2012, ces exportations ont atteint 5,4 milliards d'euros.

    La Russie pèse pour moins d'un pour cent (0,84 %) dans les exportations wallonnes, soit environ 337 millions d'euros en 2013, dont à peu près 7 % pour les produits d'origine agricole.

    Les principaux produits alimentaires wallons exportés vers la Russie sont, par ordre d'importance, le lait et les produits dérivés du lait, les viandes, les produits de minoterie (farines), les préparations alimentaires et les fruits et légumes.

    En 2013, 10 % de la production européenne de lait ont été exportés vers le marché russe, la Russie étant le premier pays d’export du lait européen.

    Pour la Belgique, 2,9 % de la production ont été exportés vers la Russie en 2013 (soit 7,8 % des exportations belges de lait).

    Après la crise de 2009, le secteur du lait a connu une embellie, avec une augmentation du prix du lait et un niveau, en 2013, situé à 10 % au-dessus du niveau de 2007, considéré comme une année de référence pour un prix correct.

    Sur les quatre premiers mois de l’année 2014, le prix du lait payé au producteur est 16 % plus élevé que sur la période correspondante en 2013. Néanmoins, depuis le début 2014, le prix du lait a entamé une baisse et passe désormais en dessous du niveau du mois de juillet 2013. Le prix du lait payé au producteur au mois de juillet est de 36,16 centimes d’euros par litre, ce qui correspond à une diminution de 2,4 % par rapport à juillet 2013.

    Cette baisse du prix du lait amorcée en début d’année n’est pas imputable à l’embargo russe. Elle correspond à la volatilité du prix du lait qui fluctue en fonction des prix des produits sur le marché mondial également en baisse.

    Toutefois, en conséquence de l’embargo russe, les prix observés ces dernières semaines ont considérablement diminué sur le marché européen et pèsent sur le marché global, avec le risque à court terme d’un impact négatif sur les prix du lait payés au producteur.

    Après avoir annoncé, dès le 18 août, des mesures pour le secteur de fruits et légumes, la Commission a annoncé, le 28 août, des mesures d’aide d’urgence au secteur des produits laitiers. Il s’agit d’actions d’aide au stockage privé et de la prolongation de la période d’intervention publique pour certains produits.

    La Commission a publié, le 4 septembre, deux règlements délégués et deux règlements d’exécution pour mettre en place ces mesures :
    * Règlement n°947/2014 ouvrant une mesure de stockage privé pour le beurre ;
    * Règlement n°948/2014 ouvrant une mesure de stockage privé pour le lait écrémé en poudre ;
    * Règlement n°949/2014 fixant des mesures temporaires exceptionnelles en faveur du secteur du lait et des produits laitiers, prenant la forme d'une prolongation de la période d'intervention publique pour le beurre et le lait écrémé en poudre en 2014 ;
    * Règlement n°950/2014 ouvrant à titre exceptionnel un régime temporaire d'aide au stockage privé pour certains fromages.

    Les aides au stockage privé pour le beurre et le lait écrémé en poudre sont activées depuis le 6 septembre et gérées par le BIRB pour le compte de la Wallonie. Concernant le stockage public, aucune demande n’a été reçue à ce jour.

    La stratégie wallonne de soutien aux producteurs se développe sur trois volets :
    - le renforcement de la demande sur le marché intérieur belge,
    - une action politique vis-à-vis de l'Union européenne ;
    - l'ouverture via l'AWEx à de nouveaux marchés.

    En vue de sensibiliser les citoyens à consommer local, l’APAQ-W a été chargée d’une campagne de promotion (relance de la campagne « Agriculture de Wallonie »).

    La Wallonie envisage de tirer parti du budget destiné à la promotion mis à disposition par la Commission européenne en déposant un projet de promotion de produits agricoles, dont les produits laitiers. Ce projet est préparé conjointement par l’APAQ-W et l’AWEx.

    De manière à assurer une circulation d’information, une task force a été mise sur pied et s’est réunie le 29 août et le 9 septembre.

    L’objectif de cette task force est d’échanger l’information sur l’embargo et les mesures européennes en discussion, évaluer l’impact direct (perte de marchés à l’exportation) et l’impact indirect (perturbation du marché avec risque de chute des prix) et formuler des propositions de solutions.

    Ces échanges et les diverses autres réunions avec le secteur permettent aux experts de l’administration wallonne de relayer les demandes et attentes lors des réunions avec la Commission européenne.

    Une réunion exceptionnelle du Conseil des Ministres de l’Agriculture de l’Union européenne s’est tenu le 5 septembre à Bruxelles. La Belgique y a plaidé pour des niveaux d’aide européens plus substantiels financés par le budget européen global et pas seulement par le budget agricole. Elle souhaite la mise en place de nouvelles mesures de marché qui permettraient de soulager rapidement la pression sur les prix. Elle demande une compensation générale de revenus pour tous les producteurs concernés et une mise à jour des prix de référence. Elle soutient l’extension des budgets européens pour la promotion et souhaite accélérer les discussions afin de permettre l’ouverture vers de nouveaux marchés. Elle souhaite également que la Commission européenne étudie la possibilité de contester à Organisation mondiale du Commerce cet embargo russe.

    La position wallonne est claire : le secteur agricole n’étant en rien responsable de cette crise, ce n’est pas à lui d’en supporter les conséquences. L’Union européenne doit prendre toute la mesure des enjeux économiques et éthiques ressentis par les producteurs et les consommateurs. Il en va de sa responsabilité et de sa crédibilité.