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Le suicide chez les personnes âgées

  • Session : se2014
  • Année : 2014
  • N° : 32 (se2014) 1

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  • Question écrite du 08/09/2014
    • de BONNI Véronique
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    En moyenne dans notre pays, 2.000 personnes décident de se donner la mort chaque année. Cela représente environ 6 personnes par jour. Si les cas de suicide chez les jeunes sont souvent très médiatisés, on parle peu, en revanche, des cas de suicide chez les personnes âgées. Pourtant il semblerait, selon certaines statistiques, que les seniors de plus de 70 ans seraient les plus touchés par ce phénomène. Le risque suicidaire augmenterait considérablement avec l’âge.

    La solitude, la perte de la vie professionnelle, le décès du conjoint, les diminutions visibles de ses capacités physiques, le placement en institution sont autant d’événements qui peuvent être difficiles à surmonter chez la personne âgée et qui peuvent, dans certains cas, conduire au suicide.

    Comme toujours lorsqu'il est question de suicide, l'entourage, que l'on pense à la famille, aux prestataires de soins ou au personnel de maison de repos, a un grand rôle à jouer afin d'identifier d'éventuels signes précurseurs. L'entourage peut en effet déceler certains changements de comportements annonciateurs de pulsions suicidaires.

    Le suicide ne constituerait pas chez les personnes âgées une manière de montrer sa détresse. De ce fait, peu d’entre elles ratent leur acte. Cette détermination à mourir expliquerait aussi les moyens simples utilisés pour y parvenir (l'usage d'une arme à feu ou la pendaison chez l'homme, l'absorption de substances toxiques chez la femme).

    Le prédécesseur de Monsieur le Ministre a multiplié les efforts concernant le bien-être de nos aînés. Que l'on pense, par exemple, à la campagne afin de lutter contre la maltraitance ou à l'augmentation des aides familiales afin de pouvoir maintenir, quand c'est possible, la personne à son domicile. Malgré cela il semble que le phénomène n'ait pas été amoindri.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres récents concernant le suicide des personnes âgées en termes d'âge, de genre, de situations ?
    Quelles actions peuvent être encore mises en place pour prévenir ce phénomène ?
    Lorsque l'on sait qu'une des causes de suicide réside dans le stress lié au placement en maison de repos, est-ce que, d'une part, des aides psychologiques sont prévues afin d'accompagner la personne âgée qui emménage en maison de repos et, d'autre part, le personnel est-il formé pour y faire face, le déceler ?
  • Réponse du 29/09/2014
    • de PREVOT Maxime

    L’honorable membre a parfaitement raison de s’inquiéter du manque d’informations et de données plus fines sur les suicides chez les personnes âgées. Nous n’avons d’ailleurs pas manqué lors de notre participation au colloque sur le suicide chez les hommes le 10/09 dernier à Liège de souligner que les taux de suicide les plus élevés, mais à l’échelle mondiale, sont enregistrés chez les personnes de 70 ans ou plus, tous sexes confondus.


    Qu’en est-il en Région wallonne ?

    Comme l'honorable membre le sait, les chiffres sur les suicides nous viennent des certificats de décès établis par les médecins (généralistes, médecins légistes et hôpitaux) et ces déclarations sont regroupées et traitées au niveau de la cellule Naissance et Décès de la Fédération Wallonie –Bruxelles pour être ensuite validée par la Direction générale statistique du SPF Économie, P.M.E., Classes moyennes et Énergie.


    Données en termes d’âge et de genre

    Les derniers chiffres validés dont nous disposons datent de 2011 et nous renseignent sur l’âge et le genre.
    Le nombre de suicides en 2011 en Région Wallonne chez les plus de 65 ans est de 63 chez les femmes et de 127 chez les hommes. Donc près d’une femme sur trois (28 %) qui se suicide a plus de 65 ans et près d’un homme sur 5 (22 %) qui se suicide a plus de 65 ans. En nombre absolu les suicides restent cependant plus fréquents chez les hommes comme chez les femmes entre 40 et 64 ans (51 % des suicides).


    Données en termes de « situation »

    Je suppose que l'honorable membre entend par là les circonstances du suicide, les lieux (domicile, lieu de travail ou institutions) et les moyens utilisés pour mettre fin à ses jours. En Région wallonne, les chiffres de suicide en institution en 2011 chez les plus de 65 ans sont de 6 chez les femmes et de 4 chez les hommes. 33 à domicile et 23 sur les lieux de travail pour les femmes et 76 à domicile et 46 sur les lieux de travail pour les hommes toujours de plus de 65 ans
    Mais de manière générale il faut être très prudent dans l’interprétation des chiffres car ils sont très probablement sous-estimés notamment parce qu’un certain nombre de cas ne sont pas répertoriés comme tels : notification insuffisante dans les certificats, certains accidents de la route (suicides maquillés), équivalents suicidaires (overdose de drogues), non-déclaration parfois par des familles qui souhaitent éviter que le suicide d’un proche soit déclaré officiellement.


    Que fait-on aujourd’hui pour prévenir le suicide chez les personnes âgées ?

    Certainement pas encore assez. Il existe des programmes de prévention et des formations assurées par des professionnels via entre autres des organisations spécialisées. Nous pensons au Centre de Référence info-suicide « un pass dans l’impasse », à la cellule de Prévention du Suicide de la Province de Liège, au Centre de Prévention du Suicide, logé à Bruxelles, à l'ASBL « Espace Séniors », au projet « Troubadours » en MR, à « Senoah », à l’ASBL « Bien vieillir », aux centres de santé mentale spécifiques pour personnes âgées et les clubs thérapeutiques agréés. Les professionnels des institutions (MR, MRS) peuvent bénéficier de formations mais ce n’est pas systématique. L’accompagnement des personnes âgées qui emménagent en MR n’est pas systématique non plus. Les médecins bénéficient aussi de formations mais pas encore systématiquement non plus.


    En conclusion,

    * La Région Wallonne doit poursuivre ses efforts en termes de statistiques afin de disposer de données plus fines notamment en termes de données portant sur les questions de lieux, de modes et de circonstances du suicide.
    * Une concertation avec tous les acteurs impliqués dans l’accompagnement des personnes âgées (en ambulatoire ou en institutions), dans la promotion de leur santé et dans la prévention sera organisée afin de définir ensemble les actions les plus pertinentes à mettre en place en fonction :
    - des manques et besoins identifiés par le secteur
    - des interventions qui se sont révélées efficientes ailleurs, y compris à l’étranger
    - des conclusions d’études déjà disponibles réalisées notamment pour le compte de la Fédération Wallonie-Bruxelles
    * En 2011, des tables rondes sur « le suicide chez les personnes âgées » ont été organisées à l’initiative conjointe des Ministres de l’Action sociale, de la Santé et de l'Égalité des chances de Wallonie, de la Communauté française et de la COCOF. Les actes ont été présentés au Parlement wallon en février 2011. Plusieurs recommandations ont été faites. En décembre 2012 un projet de plan de prévention du suicide pour la Wallonie a été élaboré avec le soutien de la Région wallonne. C’est dans ce cadre que le Centre de référence suicide a été mis sur pied
    * Il s’agit maintenant de faire une évaluation de l’état d’avancement des actions entreprises qui avaient été recommandées et d’identifier les actions prioritaires qui doivent être poursuivies et celles qui restent à mettre en place. Ce plan devrait être intégré dans un plan global wallon de promotion de la santé et de prévention et être en lien avec les engagements du gouvernement en matière du renforcement de la cohésion sociale.