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Le classement du château de Noisy

  • Session : se2014
  • Année : 2014
  • N° : 40 (se2014) 1

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  • Question écrite du 12/09/2014
    • de HAZEE Stéphane
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Au début de l’année 2014, le propriétaire du château de Noisy a sollicité auprès de la commune de Houyet un permis visant à démolir l’édifice. Inoccupé depuis 1991, ce dernier est aujourd’hui dans un état de délabrement très avancé qui pose de sérieux problèmes de sécurité.

    Suite à cette annonce, des habitants de la commune, des personnes qui ont séjourné dans le bâtiment ou simplement des citoyens attachés à la sauvegarde de cet édifice néogothique se sont mobilisés pour en éviter la démolition. Ces démarches témoignent de la valeur collective de ce patrimoine et de l’attachement qu’il peut susciter dans la population.

    En février 2014, le fonctionnaire délégué a rendu au collège communal un avis négatif sur la demande de permis de démolition tandis que le prédécesseur de Monsieur le Ministre annonçait l’inscription du site sur la liste de sauvegarde du patrimoine wallon. À l’époque, Monsieur Di Antonio indiquait qu’avec cette inscription « l'administration wallonne du Patrimoine disposera ainsi du temps nécessaire à l'examen approfondi du bien ». Il a ajouté que la période d’examen du dossier donnerait « également la possibilité aux potentiels investisseurs de se manifester ».

    Depuis lors, les défenseurs du site, réunis au sein de l’ASBL ARESNO ont indiqué être en possession de plusieurs offres émanant d’investisseurs disposés à investir dans la réhabilitation. Toutefois, il semble que le propriétaire actuel ne souhaite pas à ce stade donner suite aux pistes proposées par l’ASBL.

    D’après des informations parues dans la presse en ce début septembre, l’administration s’apprêterait malheureusement à rendre rapport qui fermerait la porte à un classement du château.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il cette information ?

    L’administration du patrimoine a-t-elle finalisé l’examen approfondi du bien et l’évaluation de sa valeur patrimoniale et l'a-t-elle saisi de ses conclusions ?

    Si tel est le cas,
    - quelles sont les conclusions de cette analyse ?
    - le coût d’une réhabilitation a-t-il été estimé dans le cadre de cette procédure ?
    - quelle est sa position ?

    Si tel n’est pas le cas,
    - dans quel délai est-il prévu qu’elle lui transmette cette analyse ?
    - cette information relative à une opposition à un classement est-elle fondée ?
    - est-il fréquent qu’un avis en cours d’élaboration fasse l’objet d’un « préavis » par voie de presse ?

    Par ailleurs, des investisseurs se sont-ils manifestés auprès de l’administration du cabinet de Monsieur le Ministre ou de celui de son prédécesseur ?

    Son administration est-elle en contact avec le propriétaire actuel du site afin d’envisager des alternatives à la destruction ?
  • Réponse du 01/10/2014
    • de PREVOT Maxime

    Mon prédécesseur, le Ministre Di Antonio, a fait inscrire en février dernier le château de Noisy sur la liste de sauvegarde pour deux raisons :
    - d’une part pour permettre à l’Administration du Patrimoine d’examiner la valeur patrimoniale du bâtiment en application des intérêts et critères prévus dans le CWATUPE ;
    - d’autre part pour laisser aux potentiels investisseurs l’occasion de se manifester.

    En ce qui concerne le premier point, je viens de recevoir le rapport évaluatif de l’administration. Il conclut que le bien ne recèle pas d’intérêt historique suffisant, son histoire se situant au niveau familial et anecdotique. Le château présente un intérêt architectural par la singularité de son style en Wallonie. Il s’agit en effet d’une importation britannique, dans un mélange de néo-gothique et de néo-Tudor, où il est donné libre cours à l’imagination. Un autre château éclectique d’une veine similaire est déjà classé dans le Condroz : il s’agit du château de Leignon. Toutefois, le château de Noisy ne présente plus quant à lui d’intégrité, dès lors qu’il est touché tant dans ses structures que dans l’entièreté de ses décors, ayant subi beaucoup de pertes irréversibles.

    L’action prolongée de multiples facteurs - transformations lors de la réaffectation en home, incendie, mérule, vandalisme, intempéries, végétation envahissante – ont fait de l’intérieur une ruine. Je tiens à la disposition de l'honorable membre un important dossier photographique, qui donne une vision bien différente des clichés artistiques, bien cadrés et retouchés, qui ont circulé sur le net et ému beaucoup de citoyens. En cas de restauration, il faudrait reconstruire et reconstituer. Le bien y perdrait son authenticité architecturale. L’intérêt architectural lui-même s’en trouve dès lors fort affaibli.

    En ce qui concerne le deuxième point, le Cabinet du Ministre Di Antonio est intervenu mi-juillet dernier auprès du propriétaire pour qu’il autorise l’accès au bâtiment à une petite délégation britannique, ce qui a été accepté. Aucun autre investisseur n’a fait de démarche active auprès du Cabinet ou de l’Administration du Patrimoine.

    Pour ce qui est du coût estimé des travaux, il est de l’ordre de 20 à 25 millions d’euros. Pour comparaison, le budget annuel du patrimoine est de 25 millions. Et seuls quelques biens inscrits sur la liste du patrimoine exceptionnel ou mondial, dont l’intérêt patrimonial est avéré et élevé, bénéficient d’un accord-cadre d’un million/an pendant quelques années. Le château de Noisy comprend une centaine de pièces, il a été construit sur plus de 40 ans. Cela donne une idée de l’investissement nécessaire pour sa restauration/reconstitution. Encore faut-il que cela ait un sens suffisant pour la collectivité, qui a découvert ce château pour la majorité il y a quelques mois.

    En conclusion du rapport d’évaluation, il n’est pas justifié scientifiquement d’ouvrir une enquête en vue du classement du château. En outre, il serait déraisonnable de le faire, vu la dégradation profonde et irréversible du bien ainsi que l’absence de projet de réaffectation à ce stade.