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La pollution de l'ancien canal du Centre

  • Session : se2014
  • Année : 2014
  • N° : 87 (se2014) 1

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  • Question écrite du 22/09/2014
    • de DAELE Matthieu
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    Le site de l’ancien canal du Centre fait de nouveau l’objet de l’actualité. Ce patrimoine remarquable dont les ascenseurs hydrauliques figurent au patrimoine mondial de l’UNESCO a déjà été touché en janvier dernier par un problème de fuite non colmatée, menaçant la biodiversité qui s’y trouve aux alentours.

    Depuis cet été, le canal historique du Centre fait de plus l’objet d’un spectacle désolant. En effet, tous les biefs du cours d’eau qui mènent aux ascenseurs historiques, soit 7 km, sont entièrement recouverts d’algues, d’herbes aquatiques et de lentilles d’eau vertes qui ont proliféré de façon anormale en raison d’un hiver trop doux. Bien que la prolifération de ces espèces invasives - qui résulte bien souvent de la pollution des eaux trop riche en azote provenant des résidus d’engrais chimiques issus de l’agriculture ou des produits de lessives riches en phosphates - , nécessite une politique accrue de prévention sur le maintien de la qualité des eaux, il se trouve que le problème majeur de pollution sur l’ancien canal est à un stade bien avancé. La couche verte qui a atteint 10 cm d’épaisseur à certains endroits empêche la lumière de rentrer, ce qui perturbe tout l’écosystème du cours d’eau. À terme, c’est donc toute la flore et la faune aquatiques qui se trouvent menacées d’extinction.

    Il s’agit ici d’une catastrophe non seulement pour la biodiversité, mais également pour l’économie et le tourisme local. En effet, le site des ascenseurs à bateaux est un lieu de prédilection, un lieu de loisir important pour la population locale et l’on sait qu'au niveau touristique, les ascenseurs hydrauliques, mais aussi le canal en tant que tel, sont des atouts qui participent à l'attrait touristique de la région.

    La direction des voies hydrauliques est déjà intervenue en nettoyant partiellement une portion du canal, mais d’après la direction, la technique utilisée s’avère efficace, mais très coûteuse et ne permet pas d’être utilisée pour traiter l’ensemble des 7 km concernés par ce phénomène. En effet, le budget disponible pour le nettoyage du cours d’eau fait l’objet d’une enveloppe fermée et la direction ne dispose pas des crédits suffisants.

    Ceci étant, une solution durable doit toutefois être envisagée pour enrayer rapidement ce phénomène.

    Monsieur le Ministre a-t-il eu connaissance de ce problème ? Des contacts ont-ils été pris avec la direction des voies hydrauliques concernée ? De quelle manière compte-t-il solutionner ce problème majeur de pollution ?
  • Réponse du 09/10/2014
    • de DI ANTONIO Carlo

    Le phénomène de prolifération des algues et de lentilles d’eau sur le Canal historique du Centre est connu, mais récent puisqu’il date de cette année principalement.

    Les relevés effectués en 2012 par la Direction des Eaux de Surface (DGO3-Département Environnement et Eau), via le réseau de contrôle de la qualité des eaux, montrent que la qualité de la masse d’eau du canal du Centre est très correcte pour ce que l’on pourrait attendre d’un « canal ».

    Toutes les altérations potentielles suivies indiquent que la masse d’eau est désormais en « bon état » physico-chimique comme le demande la Directive-cadre sur l’Eau. Cette masse d’eau est évaluée sur un cycle de 3 ans ; les prochaines données seront donc disponibles fin 2015.

    Au niveau biologique, les relevés de terrain ont mis en évidence la présence d’une biodiversité propre à ce type de milieu. Le phénomène dont vous faite part, peut toutefois avoir modifié, si pas la présence d’espèces, l’abondance de chacune d’elle. Seul un relevé de terrain permettrait de confirmer ou infirmer cette observation. En ce qui concerne la flore, la plupart des algues et plantes comme les lentilles aquatiques qui recouvrent le canal n’appartiennent pas à ce qu’on appelle communément des plantes invasives et sont donc bien indigènes. Il faut noter que dans les zones du canal non recouvertes par ce voile de lentilles, d’autres associations végétales subsistent et sont susceptibles de recoloniser le milieu par la suite. Les herbiers à Potamogeton, ceux à Nénuphar jaune ainsi que des éléments de roselières sont en effet bien présents.

    La prolifération des algues et des lentilles d’eau résulte d’une conjonction d’éléments :
    - l’hiver anormalement doux de cette année : la survie de ces plantes fut anormalement élevée en hiver et au printemps, ce qui a assuré ensuite leur prolifération ;
    - l’abaissement inopiné du niveau du canal : la mise en assec des sédiments a permis la libération d’azote et de phosphore qui y étaient jusque là piégés ;
    - l’inactivité des ascenseurs : le passage répété des bateaux entrave habituellement le développement des voiles de lentilles.

    De manière curative et à court terme, la restauration du milieu est donc possible mais nécessite d’extraire ces plantes surabondantes afin d’éviter leur « pourrissement » dans l’eau et l’asphyxie des milieux aquatiques concernés avec toutes les conséquences néfastes qui en découlent.

    La Direction des Voies hydrauliques de Mons a mis en place une solution mécanique d’extraction qui s’avère efficace. Elle l’a appliquée dans le courant du mois de juin 2014. Cependant, pour des raisons budgétaires, cette opération a été interrompue.

    Quant à la solution durable et définitive, elle passe par une restauration des conditions d’équilibre et de non-prolifération de ces algues et autres lentilles d’eau. À cette fin, une coordination entre les services du Département de l'Étude du milieu naturel et agricole (DEMNA) et de ceux des voies hydrauliques est nécessaire afin d’envisager les meilleures solutions à mettre en place. Je vais interroger mon collègue en charge des voies hydrauliques pour évaluer les actions que nous pourrions mener.