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Le développement des véhicules électriques en Wallonie

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 1 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 24/09/2014
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à FURLAN Paul, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Energie

    La Wallonie souffre d'un certain retard quant à la part de marché que détiennent les véhicules électriques par rapport aux véhicules traditionnels.

    Monsieur le Ministre entend-il mener une politique particulière en la matière afin de permettre à la Wallonie de combler son retard ?

    On se souviendra qu'il y a un an une dizaine de communes ayant participé au marché lancé par la Wallonie ont dû laisser leur véhicule au garage suite à de nombreux problèmes techniques, cette opération aura coûté près de 2 millions d'euros et doit nous rappeler que le développement d'une telle filière doit être encadré par un staff professionnel.

    Le marché actuel de l'électrique est-il suffisamment développé et fiable ?
  • Réponse du 28/10/2014
    • de FURLAN Paul

    Le marché des véhicules électriques est actuellement en développement. Même si le nombre de véhicules électriques neufs immatriculés augmente de façon spectaculaire, il convient de signaler que leur taux de pénétration reste relativement marginal. Ainsi, sur les premiers sept mois de 2014, la part de véhicules électriques neufs immatriculés s’élevait à 666 unités, soit 0,21 % des ventes. En ce qui concerne les véhicules hybrides électriques/essence ou diesel, leurs ventes ont représenté 5.283 unités, soit 1,661 % des immatriculations neuves. D’ici à la fin 2014, on peut estimer que le parc de véhicules électriques sera de 2.000 unités et le parc de véhicules hybrides de 30.000 unités, soit des parts respectives de 0,037 % et 0,55 % du parc belge. La répartition par région du parc est plus compliquée à calculer, mais il est raisonnable de penser qu’une part non négligeable du parc de véhicules électriques se trouve en Région flamande et à Bruxelles.

    Le boom des véhicules fonctionnant aux carburants de substitution, bien qu’indéniable, reste relativement limité. En effet, la vente de véhicules électriques reste tributaire de plusieurs facteurs défavorables : une offre assez limitée et coûteuse, une autonomie restreinte des véhicules 100 % électriques et le déploiement d’infrastructures de rechargement pour les véhicules 100 % électriques ou plug-in hybrid.

    Au niveau du coût, les véhicules proposés actuellement sont de 30 à 100 % plus chers que des modèles conventionnels équivalents. Afin de pallier à cette contrainte, diverses mesures ont été prises par le passé tant au Fédéral qu’à la Région mais abandonnées depuis pour des raisons budgétaires. En Wallonie, par exemple, l’écobonus a été supprimé le 1er janvier dernier. La Région était d’ailleurs la dernière entité à avoir proposé une aide à l’acquisition de véhicules moins polluants.

    Pour ce qui est de l’autonomie des véhicules purement électriques, celle-ci se situe entre 120 et 350 kilomètres pour les modèles les plus onéreux. La contrainte d’autonomie liée au coût des modèles rend actuellement le modèle économique des véhicules électriques difficilement soutenable pour un marché de masse au niveau du client particulier, même si les études de mobilité montrent que l’essentiel des déplacements automobiles des Wallons se situe dans un rayon pouvant être couvert par un véhicule électrique.

    Pour ce qui est du rechargement de ces véhicules, il convient de rappeler que ceux-ci peuvent être rechargés aisément à domicile (une simple prise 220 volts pouvant suffire). Pour les infrastructures de rechargement publiques ou accessibles au public, leur installation a toujours été faite sur base d’initiatives isolées (publiques ou privées). À notre connaissance, les seules initiatives publiques de soutien d’ampleur à l’installation d’infrastructures sont venues des Intercommunales IEG et IDETA d’une part et de la Province de Liège d’autre part.

    Une précision doit être apportée en ce qui concerne les véhicules hybrides électriques/essence ou diesel. En effet, le parc de ce genre de véhicules est essentiellement composé de véhicules à microhybridation où les batteries sont exclusivement rechargées par les mouvements du véhicule (au freinage ou dans les descentes par exemple). Ces véhicules ne nécessiteront donc pas d’infrastructures de rechargement dédiées.

    Afin de donner une action positive au déploiement de véhicules, le Parlement européen a adopté, le 29 septembre dernier, une directive relative au volet infrastructures pour les carburants de substitution dans le transport, qu’il soit fluvial, maritime et, surtout, routier. Cette Directive prend en compte des mesures normatives et tarifaires mais demande également à chaque État membre de mettre en œuvre un cadre national visant le déploiement d’infrastructures de rechargement en carburants de substitutions. L’objectif étant de permettre un déploiement réaliste et suffisant d’infrastructures afin de permettre la mobilité sur le territoire de l’Union. Aucun objectif contraignant n’a été proposé par la Commission au niveau des infrastructures, seuls les objectifs que se sera fixé chaque État membre auront valeur contraignante. Au niveau belge, il a été proposé que les Régions puissent mener de manière constructive et coopérative l’élaboration de ce plan en privilégiant les spécificités territoriales propres de chacun et en garantissant des objectifs réalistes et des mesures adéquates pour les atteindre dans le contexte budgétaire actuel.

    Le travail, au niveau wallon, sera mené avec toutes les administrations compétentes afin de répondre au mieux aux ambitions voulues par l’Europe tant dans le cadre de la mobilité électrique que pour les autres carburants visés par la Directive. Nous privilégierons des objectifs réalistes en matière de déploiement de véhicules et favoriserons les mesures les plus adéquates en conséquence. Cela n’aurait en effet aucun sens de proposer des modèles de déploiement d’infrastructures de rechargement sans s’attacher à quantifier des modèles économiques réalistes pour ce qui est du déploiement de flottes de véhicules. Ce point sera d’autant plus sensible pour les véhicules électriques où les modèles économiques se sont actuellement montrés insatisfaisants étant donné le coût limitant de ces véhicules et leur faible autonomie.

    Ce plan devra être approuvé d’ici à deux ans.

    En ce qui concerne les mesures déjà prises au niveau wallon, l’honorable membre fait mention d’une action prise par le Ministre de la Mobilité de l’époque afin d’aider les Communes à se doter de véhicules électriques. Nous préférons laisser le soin au Ministre de la Mobilité de présenter les conclusions de l’expérience.

    Nous nous permettons également de rappeler que le Service public de Wallonie s’est doté, ses deux dernières années, d’un parc de véhicules électriques (véhicules particuliers et utilitaires). Cette mesure va d’ailleurs dans le sens de ce qui est prévu au niveau de la DPR qui souhaite « favoriser l’usage des véhicules électriques ou au gaz naturel, en particulier pour certains secteurs tels que les transports publics et l’administration ».

    Il va de soi que les différentes mesures qui pourraient être prises et les politiques envisagées devront tenir compte du cadre budgétaire actuel. Nous ne pensons donc pas qu’un déploiement de masse de véhicules électriques sera envisageable à brève échéance d’autant plus que le marché ne semble pas évoluer vers une diminution marquée des coûts des véhicules. Nous veillerons cependant à favoriser l’émergence de modèles économiques qui permettraient au marché de percer et de faciliter un déploiement intelligent d’infrastructures de rechargement en fonction des besoins de mobilité liés tant à ces modèles de marché qu’aux impositions liées à la Directive sur les infrastructures de rechargement en carburants alternatifs.

    La démarche devra rassembler, comme nous l’avons déjà mentionné, les différentes administrations visées par cette problématique.