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Les chiffres wallons de l’exportation.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2004
  • N° : 4 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 04/10/2004
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à VAN CAUWENBERGHE Jean-Claude, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Le 28 août dernier, le Ministre de l'Economie déclarait à la presse qu' “il existe une grande discussion au sujet du faible pourcentage d'exportation wallonne (ndlr. : 17 % des exportations belges), car ce dernier est faussé. Le port d'Anvers se situe en Flandre et, dans le cas où un produit a été fabriqué en Wallonie, il est, la plupart du temps, expédié via Anvers. Et ainsi, une part de l'export wallon se trouve comptabilisé dans les statistiques flamandes.”.

    Monsieur le Ministre-Président peut-il m'indiquer le pourcentage exact de l'exportation wallonne, compte tenu des éléments que le Ministre de l'Economie a soulevé ? Existe-t-il un outil statistique fiable en la matière ?
  • Réponse du 15/11/2004
    • de VAN CAUWENBERGHE Jean-Claude

    La question qui a été soulevée par Monsieur le Ministre Marcourt dans la presse est connue depuis longtemps. Le phénomène qui est décrit, plus communément appelé “effet de porte”, et dû à la non-prise en compte d'un certain nombre d'exportations wallonnes transitant par le port d'Anvers ou par d'autre voies de sortie de production situées en Flandre, a effectivement affecté par le passé les données des exportations wallonnes.

    De la même façon, on a parlé d'un “effet de siège” en se référant au fait que la Banque nationale de Belgique comptabilisait de nombreuses exportations d'entreprises wallonnes, qui ont leur siège d'exploitation en Wallonie, mais leur siège social à Bruxelles, dans les chiffres d'exportation de la Région de Bruxelles-Capitale.

    Cependant, je tiens à souligner que cette situation problématique a été étudiée et que, depuis plus d'un an, des solutions sont apportées pour tenter de remédier aux incohérences de ce type.

    Afin que les statistiques officielles du commerce extérieur reflètent correctement la capacité exportatrice de chaque Région belge, la Banque nationale a entrepris depuis plusieurs années, en étroite collaboration avec l'Agence wallonne à l'exportation et aux investissements étrangers (AWEx) et l'Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS), des travaux visant à neutraliser les effets déformants dits “de porte” et “de siège”.

    Grâce à cette étroite coopération, la Banque nationale belge a procédé à des changements de méthodologie, notamment en ce qui concerne le traitement des déclarations douanières remplies par les entreprises exportatrices belges.

    Il s'agit essentiellement :

    - de l'introduction d'une question sur l'origine régionale des exportations des entreprises, dans les déclarations douanières remplies par les entreprises. Pour la totalité des entreprises belges déclarant des exportations, c'est maintenant la région d'origine du produit qui est prise en considération dans l'attribution régionale des exportations et non plus l'adresse su siège social de l'entreprise, ni le poste intermédiaire par lequel transitaient les marchandises. L'attention n'est donc plus focalisée sur l'identité régionale de l'expéditeur ou du propriétaire des marchandises exportées, mais bien sur la région où se déroulent les processus économiques liés à la fabrication des produits. Cette nouvelle mesure permet de gommer à la fois l'effet de siège et l'effet de porte.

    - du passage du concept communautaire au concept national dans la comptabilisation des exportations régionales. Contrairement au concept communautaire, le concept régional n'englobe que les opérations d'exportations impliquant les résidents belges au sens strict, et exclut les activités de transit réalisées par les entreprises non résidentes qui utilisent uniquement la Belgique (l'aéroport de Zaventem, le port d'Anvers, ...) comme point d'entrée et de sortie de leurs marchandises destinées à l'étranger. Par conséquent, le concept national est mieux adapté à l'analyse du commerce extérieur d'un pays comme la Belgique. Il permet d'éliminer le transit comptabilisé par la Flandre, en raison de la forte présence d'entreprises non-résidentes dans les zones du port d'Anvers et de l'aéroport de Zaventem.

    Cette nouvelle méthodologie statistique maintenant en place permet d'obtenir un supplément d'information auprès des entreprises, afin d'éliminer les effets de porte et de siège. Grâce à la vigilance de l'AWEx et de la Banque nationale, les déclarations de nombreuses firmes multirégionales furent modifiées en faveur de la Région wallonne après enquête auprèsde celles-ci.

    Selon cette nouvelle méthode, les résultats pour 2003 sont très satisfaisants. Les exportations wallonnes ont en effet augmenté de 1,7 % par rapport à 2002 et la part de la Wallonie dans le total des exportations nationales a augmenté de 13,4 % à 15,4 % comparativement à l'ancienne méthode. Celle de la Flandre passe de 77,6 % à 80,8 % et celle de Bruxelles diminue de 8,2 % à 3,8 %.

    En ce qui concerne les chiffres du premier trimestre 2004, selon les dernières statistiques de la Banque nationale de Belgique, les exportations wallonnes ont atteint 7,1 milliards d'euros au cours du premier trimestre 2004, ce qui représente une hausse de 2,0 % par rapport à la période correspondante de 2003. Ces résultats sont assez similaires à ceux du quatrième trimestre 2003 (+ 2,4 %), ce qui correspond à une modération de la croissance de l'activité industrielle en Wallonie au cours des trois premiers mois 2004.

    Parmi les régions voisines de la Wallonie qui constituent notre panier de comparaison habituel, les échanges extérieurs de la Flandre (+ 4,4 %), de la France (+ 2,3 %) et des Pays-Bas (+ 2,0 %) si situent à peu près dans le même rythme de redressement que les exportations wallonnes au premier trimestre 2004.

    Malgré ces résultats plus fiables, nous estimons que la part de 15,4 % de la Wallonie dans le total des exportations belges pour 2003 est toujours une sous-estimation. La Banque nationale constate en effet qu'une part importante des entreprises multirégionales ne fournissent pas de réponse satisfaisante quant à la question sur l'origine régionale de leurs exportations. Les services comptables et logistiques de plusieurs entreprises - souvent multinationales - ne font toujours pas l'efffort de donner une répartition régionale plus précise de leurs exportations et continuent d'attribuer leur exportations à la Région de leur siège social (souvent Bruxelles) ou bien ne répondent pas du tout aux relances de la Banque nationale.



    Ce problème de manque de réceptivité de certaines grandes firmes belges à la problématique régionale joue donc en défaveur de l'image de l'entreprenariat wallon et doit être considéré avec beaucoup d'intérêt. Nous avons besoin de la coopération de toutes les forces économiques wallonnes dans cette mission de promotion des exportations wallonnes.

    Pour cette raison, nous continuons à entreprendre, avec nos services de l'AWEx, une série de démarches auprès des Directions régionales de ces grandes entreprises et nous nous attelons à mieux les informer et les sensibiliser à cette importante question.