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Les polluants émergents dans l'eau de distribution

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 51 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 09/10/2014
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    Le 28 juin 2012, le Gouvernement wallon a marqué son accord pour l'octroi d'une subvention à la Société wallonne des eaux ayant pour objet la réalisation d'une recherche sur les polluants émergents dans les eaux.

    Grâce à cette subvention, la SWDE pouvait faire l'acquisition d'un appareillage de pointe permettant le dosage précis de polluants tels que certaines substances médicamenteuses comme, par exemple, des hormones, des anti-inflammatoires, des antibiotiques, des psychotropes, ainsi que des phtalates ou encore des pesticides.

    Les résultats de cette importante étude sur le plan de la santé et de l'environnement et baptisée IMHOTEP (Inventaire des matières hormonales et organiques en traces dans les eaux patrimoniales et potabilisables) étaient attendus après trois ans.

    Il était en effet important de s'intéresser de plus près à ces substances, car de nombreuses études, françaises notamment, ont montré qu'il y avait un lien entre leur présence et certains troubles (autisme, troubles de la reproduction, résistance bactérienne, etc.).

    Quoi qu'il en soit, le projet IMHOTEP a commencé en janvier 2013 et analyse scientifiquement une cinquantaine de molécules émergentes dans plus de 1500 échantillons d'eaux souterraines, de pluie, de ruissellement, de surface ainsi que des eaux traitées en sortie des stations d'épuration.

    Dans la presse du 7 octobre dernier, Monsieur le Ministre a indiqué que « boire de l'eau du robinet ne présente aucun risque ». Certes l'eau de distribution fait l'objet de contrôles aussi nombreux que rigoureux. Mais quelles sont les données qui permettent une affirmation aussi claire ?

    Quelles sont les premières observations déjà réalisées par la DGO3 qui est chargée de l'interprétation des résultats du projet IMHOTEP ? Combien d'échantillons seront au final prélevés en sortie des stations d'épuration et qu'ont révélé jusqu'à présent ces échantillons ?

    Le Département DEMNA (Étude du milieu naturel et agricole) est-il déjà en mesure de proposer d'éventuelles mesures de prévention à mettre en place pour réduire les risques de contamination ?
  • Réponse du 06/11/2014
    • de DI ANTONIO Carlo

    L’eau du robinet est le produit alimentaire le plus contrôlé en Wallonie qui, dans la situation actuelle des connaissances et de l’application des directives européennes, fait état d’une très bonne qualité qui ne souffre en aucun cas de la comparaison avec les États voisins européens.

    L’origine de notre eau distribuée n’est pas étrangère à la qualité de notre eau. En effet 80 % de l’eau distribuée est d’origine souterraine. Grâce à la filtration naturelle des eaux pluviales par le sol et le sous-sol jusque la nappe phréatique, la ressource est protégée de polluants organiques, des pesticides ou autres substances émergentes tels les hormones, les antibiotiques ou phtalates par exemple..

    Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut abandonner toute vigilance, notamment en ce qui concerne les polluants émergents. On parle d’émergents car ils apparaissent progressivement dans l’environnement aquatique comme plusieurs études internationales l’ont mis en évidence.

    Ces polluants ne sont pas, ou pas encore, régulés, vu l’absence de valeurs paramétriques et donc de normes de potabilité. Ils ne font pas n’ont plus encore l’objet de recommandations strictes de la part de l’OMS.

    Le projet IMHOTEP s’inscrit dans la volonté de la Région d’être et de rester une référence en matière de qualité de notre eau, en particulier celle qui est distribuée à tous nos concitoyens.

    Dans ce projet, 1.500 échantillons d’eau seront prélevés et une cinquantaine de substances y seront recherchées. Ces 1.500 échantillons d’eau seront prélevés afin de couvrir l’ensemble du territoire wallon et afin d’être représentatifs du cycle anthropique de l’eau. Pour ce faire, des prélèvements auront lieu au niveau des eaux du robinet, des eaux en bouteille, des eaux traitées en sortie de station de potabilisation, des eaux souterraines, des eaux de surface et des eaux en sortie de station d’épuration.

    À ce jour, les méthodes d’extraction et de traitement des échantillons ainsi que les méthodes analytiques ont été mises au point et validées.

    Ainsi, la méthode d’analyse mise au point est capable de rechercher ces molécules à des teneurs proches du nanogramme par litre. À titre d’exemple, cela équivaut à la recherche du paracétamol contenu dans un comprimé de « Dafalgan » dilué dans pas moins de 100 piscines olympiques !

    À ce stade, nous ne disposons pas de données à communiquer. En effet, la campagne de prélèvement et d’analyse débute dans le courant du mois de novembre et devrait s’achever 12 à 15 mois plus tard. Le rapport final de cette étude est attendu dans le courant de 2016.


    Concernant les mesures de prévention qui pourraient être proposées à la suite de cet inventaire, la question est prématurée et les solutions envisageables dépendront du cheminement réellement observé pour ces substances dans l’environnement aquatique et de leurs impacts éventuels.