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L'élaboration d'un "Plan autisme"

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 36 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 14/10/2014
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    On peut lire dans la Déclaration de politique régionale que le Gouvernement s'engage à élaborer un « Plan autisme » impliquant tous les niveaux de pouvoir.

    Il s'agit d'un engagement important, quand on sait qu'en Belgique environ une personne sur 100 souffre d'un trouble autistique, avec des répercussions majeures sur chaque famille concernée. Il s'agit d'un engagement important, aussi, quand on prend la mesure des besoins, des attentes de ces personnes et des associations.

    Parmi les besoins les plus criants, certains reviennent systématiquement : le dépistage précoce de l'autisme, la prise en charge des enfants, mais aussi des adultes ainsi que la continuité de cette prise en charge, le nombre de services spécialisés, la formation des professionnels, et j'en passe.

    Au sein de l'AWIPH, un groupe de travail avait été mis en place sous la précédente législature afin de mener une large réflexion sur l'autisme et pouvoir formuler des recommandations.

    Dans un premier temps, Monsieur le Ministre peut-il nous dire si ce groupe a terminé ses travaux et, dans l'affirmative, quels sont les résultats, les recommandations formulées ainsi que les suites qu'il compte y donner ?

    Il était également question que le service universitaire spécialisé pour personnes avec autisme, le SUSA de l'université de Mons, mène une recherche-action sous l'impulsion du Gouvernement wallon. Les objectifs devaient porter entre autres sur le dépistage précoce et un diagnostic fiable, sur la formation à la stimulation précoce du développement pour les parents volontaires ou encore sur l'évaluation de l'offre de soins.

    Cette recherche a-t-elle pu être menée et, si oui, où en est-elle dans son déroulement ? Quand les résultats sont-ils attendus ?

    Enfin, Monsieur le Ministre peut-il me dire quelles synergies il va mettre en place pour l'élaboration du « Plan autisme » prévu dans la DPR ? Quels ministres compte-t-il impliquer ? S'est-il déjà fixé des priorités à inclure dans ce plan ?
  • Réponse du 28/10/2014
    • de PREVOT Maxime

    L’autisme est considéré comme un handicap grave dont l’étiologie est probablement plurifactorielle et les manifestations extrêmement diversifiées. Cette pathologie nécessite une prise en charge adaptée et nuancée. Ce trouble du développement empêche la personne qui en est atteinte d'organiser et de comprendre le monde qui l’entoure. Le handicap social qui en découle peut être modéré, grave ou absolu. Ces personnes souffrent de déficits dans les interactions sociales, dans la communication tant verbale que non verbale et présentent des limitations dans leurs activités ou leurs intérêts. Les parents d’enfants atteints d’autisme sont confrontés, au jour le jour, à de nombreux obstacles liés tant aux besoins très spécifiques de l’enfant qu’au risque d'isolation sociale ou de l’éducation de la fratrie. On le voit, le choix des activités et la qualité de l’environnement social et familial ont une grande influence sur la gravité de la situation globale de handicap.

    Très sensible à cette problématique, l’AWIPH a reconnu officiellement l’autisme comme handicap à part entière dès 2006 avec la possibilité pour les services de demander un agrément pour cette catégorie de handicap, à titre principal. Il est évident, qu’avant cette date, certains services financés par l’Agence accueillaient déjà des personnes avec autisme et leur offraient des activités et un environnement apaisant et valorisant mais sans les identifier en tant que telles.

    Comme l'honorable membre le souligne, l’AWIPH, à l’initiative de son Conseil d’avis pour l’accueil et l’hébergement, a mis en place un groupe de travail sur cette question.
    L’objectif de ce groupe est d’émettre des recommandations positives en matière de pratiques au niveau de l’autisme.
    Cette réflexion devrait permettre d’avoir une vue globale sur la prise en charge de l’autisme, afin, entre autres, de pouvoir apporter une réponse aux services ne se considérant pas « outillés » pour l’accueil de personnes présentant de l’autisme. Notons que l’idée n’est pas d’imposer aux services un cadre théorique précis mais de leur apporter un cadre référentiel et des outils.


    Dans un premier temps, les participants de ce groupe ont reçu différents acteurs spécialisés qui travaillent avec ce type de population. Ils ont pu faire état de leurs techniques et méthodes pour dépister précocement les troubles, stimuler le développement et assurer une prise en charge correcte et respectueuse des besoins de chacun.

    Dans un second temps, ce groupe a entamé l’examen des commentaires des différents invités afin de croiser les avis et de dégager des pistes d’action concrète.

    Les résultats des travaux de ce groupe sont espérés pour 2015.

    Plus largement, l’AWIPH poursuit bien évidemment sa réflexion sur la mise en place d’une politique adaptée et diversifiée tenant compte aussi des attentes légitimes des familles. C’est pourquoi son plan d’entreprise contient un objectif spécifique précisant que « les personnes avec les besoins le plus importants reçoivent des soutiens adéquats ». Il concerne notamment les personnes avec autisme. On notera particulièrement l’ouverture de places au sein de services résidentiels et de centres de jour via le mécanisme des places et conventions nominatives. Une attention toute particulière doit être portée aux services pour adultes, services qui ne sont pas encore en nombre suffisant.

    Des actions concernant l’amélioration de la coordination intersectorielle autour de ces situations sont également menées. En effet concernant l’autisme et la gravité variable de ses troubles, un « plan autisme » doit tenir compte de trois dimensions : l’éducation, l’enseignement et les soins. C’est ainsi que l’on rencontre régulièrement des situations de comorbidité dans lesquelles les troubles autistiques s’expriment par des troubles importants du comportement et des manifestations d’angoisse nécessitant des séjours plus ou moins longs dans des centres spécialisés comme certains services psychiatriques et les services bénéficiant d’une convention avec INAMI. L'honorable membre n’ignore pas que ces dernières font partie des matières faisant l’objet du transfert de compétences prévu par la sixième réforme de l’État.
    Par ailleurs, l’accès à un enseignement adapté doit être mieux coordonné.

    La mise en place d’un « plan autisme » global nécessitera donc un travail préparatoire réunissant d’autres niveaux de pouvoir que le seul régional, tel que le SPF santé publique concernant les hôpitaux, la Fédération Wallonie-Bruxelles concernant l’enseignement, la prévention pour les enfants et l’Aide à la jeunesse.

    C’est un défi de cette législature et je compte m’y investir !