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La mise en vente des librairies Libris Agora

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 20 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 17/10/2014
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Le 2 octobre, on apprenait que le Groupe Libris, propriétaire des librairies Libris-Espace Louise à Bruxelles, Libris Namur, Libris Liège et Libris Ottignies Louvain-la-Neuve, non seulement condamnait sa librairie bruxelloise, mais mettait en vente ses trois librairies situées en Wallonie. Pourtant, celles-ci sont présentées comme bénéficiaires et rentables par le directeur général Nicolas Lebeau.

    Le Groupe Libris recentrerait ses activités sur Belgique Loisirs, Le Grand Livre du Mois, Meslivresnumériques et la branche logistique du groupe.

    Voici donc les trois librairies wallonnes, ainsi que leur personnel, soumis à l'offre d'éventuels repreneurs. La situation est particulièrement floue, car si on parle d'intérêts plusieurs candidats repreneurs, rien de concret n'est annoncé. Seuls des « espoirs de rachat » sont évoqués. Le personnel craint donc pour son avenir.

    On se situe ici au croisement de plusieurs problématiques.

    Tout d'abord, la mise en vente de magasins « viables », abandonnés par leur propriétaire. Par ailleurs, le secteur économique du livre papier et de la culture qui représente donc encore, selon les dires de la direction, un attrait économique, mais qui semble délaissé, du côté de l'offre, au profit de la vente en ligne ou d'une offre culturelle moins large. On semble dès lors privilégier la réduction de l'offre plutôt que de répondre à la demande.

    Cela ne va pas sans se poser de questions. D'autant que du côté de certaines études, notamment aux États-Unis, on apprend que depuis 2012, la croissance du format électronique et sa popularité ont connu un fort ralentissement. La tendance annoncée de l'abandon du format papier, parfois évoquée, serait-elle donc exagérée ?

    Monsieur le Ministre a-t-il été contacté par le Groupe Libris ou son personnel dans le cadre de cette situation ?

    Comment anticiper la mis en danger des commerces de centre-ville au profit de grands groupes externes, voire implantés à l'étranger ? Une réflexion globale est-elle en cours ?

    Le prochain décret relatif aux implantations aborde-t-il ce volet ?

    En ce qui concerne le secteur des librairies, dispose-t-on d'études particulières quant à leur avenir ?
  • Réponse du 05/12/2014
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Aucun contact n’a eu lieu avec la librairie que ce soit au niveau d’une demande d’aide ou par rapport à l’expression de difficultés commerciales que le groupe rencontrerait. Pas de contact non plus avec les représentants des travailleurs.

    En ce qui concerne les implantations commerciales, le projet de décret prévoit la compétence de la Région pour les surfaces commerciales de 2.500 mètres carrés et plus. La Région veillera donc à assurer un équilibre adéquat entre les centres-ville et les zones périphériques. Le schéma régional de développement commercial, adopté le 29 août 2013 par le Gouvernement wallon, prévoit une répartition de la région par nodule commercial. Chaque zone a été analysée au regard du comportement spatial des consommateurs et les nodules ont été répartis par type d’achat. La volonté du Gouvernement est de protéger les centres urbains et d’éviter les friches commerciales.

    Le secteur des librairies traditionnelles est en pleine mutation, et est soumis à la double concurrence des livres numériques et des ventes sur internet, combinée à une diminution de nombre moyen de livres lus par personne.

    Aujourd’hui, selon la dernière étude du Partenariat interprofessionnel du livre et de l’édition numérique (2013), 18 % des livres lus sont achetés en format numérique. Un tiers des livres imprimés sont achetés en ligne.

    Le marché du livre imprimé en langue française en Belgique, en euros constants, est passé de 260 millions d’euros en 2008 à 230 millions d’euros en 2013, soit une diminution annuelle moyenne de 2,4 %.

    L’évolution 2012-2013 montre une tendance vers la vente en ligne et la lecture numérique, puisque le canal de vente en ligne passe de 33 à 36 % de parts de marché, au détriment principalement de la vente en grandes surfaces, qui passe de 56 à 51 %. 3 % des lecteurs lisent exclusivement sous ce format en 2013, contre 2 % en 2012. Par ailleurs, 10 % des lecteurs au format imprimés envisagent de passer au numérique à l’avenir.

    Il s’agit là d’un changement majeur pour les acteurs du secteur et particulièrement pour les libraires qui doivent dès à présent envisager des pistes (par exemple de diversification) en vue d’amortir les impacts de cette évolution.