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Autoroutes wallonnes - Saturation.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2004
  • N° : 6 (2004-2005) 1

3 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 08/10/2004
    • de STOFFELS Edmund
    • à DAERDEN Michel, Ministre du Budget, des Finances, de l'Equipement et du Patrimoine

    En une décennie, on a vu augmenter les flux autoroutiers de façon importante. Certains parlent d'une augmentation qui avoisine actuellement les 3 % par année. A la fin de la législature, l'importance du trafic autoroutier aura alors augmenté de 15 % alors que, déjà maintenant, nous faisons presque du surplace pendant certaines heures de pointe.

    Evidemment, la situation n'est pas partout la même. Il y a des tronçons plus saturés que d'autres. Il y a des tronçons où l'importance du trafic augmente plus vite qu'ailleurs.

    S'il est vrai que la Wallonie est une plaque tournante pour le trafic international, voire même intercontinental, il est alors vrai que nous sommes de plus en plus confrontés au nombre de véhicules, notamment des poids lourds qui utilisent nos autoroutes. Trafic auquel s'ajoute le transport des biens et des personnes à l'intérieur de notre pays.

    A cet égard, je plaide pour une politique installant et aménageant les zones d'activité économique près des sorties des autoroutes. Monsieur le Ministre imagine l'ensemble des problèmes en matière de sécurité routière et en matière de qualité de vie, ou encore en matière de nuisances sonores, lorsque tous les poids lourds doivent d'abord traverser plusieurs de nos localités avant d'atteindre l'autoroute. Petite parenthèse : j'apprécie la volonté du Ministre d'investir davantage dans des mesures anti-bruit, notamment le long des routes et autoroutes très fréquentées.

    A l'avenir, nous devons nous préparer à un flux autoroutier encore augmenté. En effet, on recourt de plus en plus au camion pour le transport de biens. La philosophie du « just in time » développée par les entreprises soucieuses de maintenir leur stock au strict minimum contribue à cette tendance. Ainsi nous trouvons des stocks de plus en plus importants sur nos routes et autoroutes.

    En plus, FEBIAC nous annonce que la barre des 6 millions de véhicules en Belgique est franchie. Sur 8,2 millions de Belges plus âgés que 18 ans, sur environ 4,4 millions de ménages en Belgique, on compte actuellement à peu près 6,4 millions de véhicules, voitures, camions, motos, etc... qui vont tous, ou quasi tous, prendre l'autoroute – ce qui représente un plus d'environ 400.000 véhicules par rapport à fin 2003. N'est-ce pas l'infarctus autoroutier préprogrammé ?

    Ne sous-estimons pas non plus l'impact économique des bouchons autoroutiers. Selon certains, le temps qu'on passe dans les bouchons, calculé en argent, représente environ 0.04% du PNB, soit environ 112 millions d' euros. Ce calcul est évidemment fort théorique et spéculatif. Par

    contre, la moyenne de 555 km de bouchons par an sur les autoroutes belges est une réalité à prendre en considération tout comme la tendance de voir ce paramètre allongé. En effet, en 1985 la moyenne était de 85 km par an pour passer, en 1995, à 382 km par an.

    S'il est peut-être trop spéculatif d'exprimer les 555 km et les 9 millions d'heures en argent, il est quand même vrai que cet aspect contribue à l'image de la Wallonie comme terre d'accueil des investisseurs. Si les chefs d'entreprise doivent calculer que leurs camions restent autant d'heures dans les bouchons par année, cela leur coûte de l'argent. C'est même vrai, si les trois quarts du temps ainsi perdu incombe aux seules villes d'Anvers et de Bruxelles.

    Première question : quelles sont les zones à propos desquels on doit malheureusement constater qu'elles sont saturées, voire même sursaturées ? Certes, quelques unes sont connues et font depuis longtemps l'objet de débats politiques. D'autres le sont moins, mais méritent tout autant notre attention. Dans cet esprit, je souhaiterais compléter cette question en demandant d'identifier les zones qui – à politique constante - s'ajouteront à la liste des zones saturées d'ici 2009 ?

    Deuxième question : peut-on identifier les mesures structurelles à prendre en matière de travaux publics, élargissements des bandes, réalisations de tronçons manquants, etc... ? La question qui s'ajoute à celle-ci est celle du financement : par quel moyen pouvons nous financer le réseau routier et autoroutier qui pèse de plus en plus lourd ,que ce soit en matière de sécurisation ou en matière d'entretien ?

    Troisième question : on évoque souvent des alternatives par rapport au transport par la route, à savoir les trains et les TEC pour les personnes et les voies navigables pour les biens. Vu l'augmentation impressionnante du parc de véhicules en Belgique, il me semble que nous devons encore entreprendre quelques efforts pour convaincre les automobilistes à voyager en train. Ce n'est pas encore tout à fait dans nos mœurs. Est-ce donc une véritable alternative à court terme ? Est-ce que le nombre d'utilisateurs des TEC et de la SNCB ou encore les tonnages transportés en bateau augmentent de façon à réduire à court terme le nombre de véhicules sur nos autoroutes ?
  • Réponse provisoire du 15/11/2004
    • de DAERDEN Michel

    En réponse à l'honorable Membre, je l'informe que j'ai sollicité mon administration afin d'obtenir des informations précises à sa question.

    Je ne manquerai pas de lui faire parvenir une réponse définitive dès que ces renseignements m'auront été communiqués.
  • Réponse définitive du 25/07/2005
    • de DAERDEN Michel

    Il est incontestable qu'aux heures de pointe la circulation sur de nombreux tronçons autoroutiers est difficile et se trouve ralentie, ainsi que l'indique la carte annexée (annexe 1).

    Ceci dit, globalement, le réseau autoroutier wallon n'est pas encore structurellement saturé et les bouchons et ralentissements constatés hors des heures de pointe sont essentiellement dus à des événements ponctuels (accidents, chantiers, déviations, etc…) combinés à un taux d'occupation élevé.

    Peu de changements sont prévus d'ici 2009, mis à part quelques nouvelles sections d'autoroutes sur lesquelles le trafic devrait dépasser 75 % de la capacité maximale (trafic très dense, donc parfois ralenti ) :

    - E411 Louvain-la-Neuve - Wavre ;
    - E42 Namur - Spy ;
    - E42 Battice - Verviers.

    Par ailleurs, voici quelques précisions quant aux chiffres cités dans la première partie de la question.

    Parc automobile

    Il est vrai que le parc des véhicules et la circulation augmentent d'année en année.

    En Belgique, nous approchons les 5 millions de voitures et les 6 millions de véhicules à moteur (voitures, bus, camions, motos).

    L'augmentation de ce parc de véhicules à moteur est essentiellement due aux camionnettes et aux motos (tableau an annexe 2).

    Volume du trafic

    D'autre part, le trafic routier et autoroutier augmente toujours, mais de plus en plus faiblement et cette augmentation se concrétise principalement en dehors des heures de pointe.

    Augmentation annuelle du trafic (véh x km ou km parcourus)

    ___________________________________________________________________
    Wallonie 2000 2001 2002 2003
    ___________________________________________________________________
    Autoroutes - 0,1 % + 5,3 % + 2,0 % + 1,1 %
    R.N. + 1,6 % + 2,2 % + 1,3 % + 1,1 % __________________________________________________________________

    Malgré un réseau routier particulièrement dense, la Wallonie présente quelques chaînons manquants qui entravent le potentiel de développement des pôles économiques importants.

    La Direction générale des autoroutes et des routes œuvre à la disparition de ces derniers, mais, généralement, il s'agit de travaux d'envergure qui nécessitent des moyens financiers, techniques et humains considérables. Il va donc de soi que pour maintenir en état les réseaux existants et achever ces maillons manquants, des partenariats au sens large impliquant les différents acteurs (secteur public, privé et administrations) seront incontournables.

    La large préférence accordée à l'automobile dans le transport des personnes et des marchandises conduit à des problèmes grandissants de saturation aux conséquences socio-économiques et environnementales très préoccupantes : congestion, pollution acoustique et de l'air, insécurité, détérioration accélérée des revêtements, etc.

    Pour infléchir cette tendance, intenable à terme, la Région wallonne préconise la complémentarité des politiques d'aménagement du territoire, d'environnement, d'infrastructures routières et de transport selon quatre axes :

    - participation à une politique commune des transports à l'échelle européenne considérant les modes de transport, non plus de façon séparée, mais dans le cadre d'un système intégré où ils deviennent complémentaires ;

    - prise en compte dans les projets de mobilité des coûts externes engendrés par les différents modes de transport ;

    - poursuite d'une politique globale de sécurité routier ;

    - amélioration des connexions entre les différents modes de transports afin d'assurer une répartition équilibrée du trafic.

    Cette dernière approche constitue l'intermodalité qui doit permettre à une personne ou à une marchandise d'arriver à destination en passant, si nécessaire, d'un moyen de transport à un autre.

    Pour le transport de marchandises, on constate que la route est son principal mode de transport (+ 70 %), mais que la part de la voie d'eau croit favorablement contrairement à celle du chemin de fer. A cet égard, quelques chiffres et graphiques sont fournis en annexe 3.

    Pour ce qui concerne l'essor de la voie d'eau, quelques commentaires peuvent y être apportés.

    Ces résultats, nous les devons à la conjonction de plusieurs facteurs, à savoir :

    - l'amélioration des capacités du réseau et des services rendus aux utilisateurs ;
    - la sensibilisation des entreprises susceptibles de recourir au transport fluvial ;
    - les programmes d'aides.

    Des chiffres à la hausse, un réseau plus performant, une flotte qui se modernise et des entreprises qui investissent sont des preuves d'une vision dynamique au sein de ce secteur.

    Globalement, dans les années à venir, le transport combiné (route/rail,route/voies navigables, ou encore rail/voies navigables), fort du soutien politique européen, devrait s'intensifier dans les pays de l'Union. Il faut toutefois en relativiser l'utilisation systématique sur une zone telle que la Wallonie (voire la Belgique) car, pour des distances de moins de 500 km, il occasionne des coûts de transfert trop élevés. La Région n'étudie pas moins avec une grande attention les opportunités de développement sur son territoire car cette intermodalité appliquée aux transports internationaux peut contribuer à soulager le réseau routier régional.

    Pour le transport des personnes, de plus en plus les transports en commun s'imposent comme une alternative à la voiture individuelle. Dans les aménagements urbains qu'elle entreprend, la Direction générale des autoroutes et des routes cherche à promouvoir cette évolution, ce qui se traduit par :

    - la réalisation de sites propres pour les transports en commun ;
    - le placement d'équipements améliorant la sécurité et le confort des arrêts ;
    - la création de parkings de dissuasion à proximité des arrêts ;
    - l'étude d' « ondes verts » (enchaînements de feux verts) commandés par les transports en commun afin de leur favoriser le passage aux carrefours à feux ;
    - l'aménagement des sorties d'établissements scolaires .

    Mais, il va de soi que, pour susciter une prise de conscience de la population et encourager des actions concrètes en faveur de la modalité durable, si de nouvelles solutions doivent être trouvées, d'autres qui existent, telles que le train, le bus et le vélo, doivent être améliorées afin d'offrir une alternative valable au « tout-à-l'automobile ».

    Modes de transport privé et collectif (1996-2003)

    ______________________________________________________________________
    Mode de tranport
    (en Mrd de voyageurs- 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
    km)
    ______________________________________________________________________
    Trafic routier privé (a) 99,2 100,3 103,8 106,0 107,3 109,0 110,5 110,9
    Métro,tram,bus,cars 8,6 8,4 9,8 10,4
    Agréés
    SNCB 6,8 7,0 7,1 7,4 7,7 8,0 8,3 8,3


    Sociétés d'autocars 5,7 5,1 4,9 5,3
    Privées (b)
    _______________________________________________________________________

    Les estimations sont effectuées en utilisant la méthode GcLR (estimation la plus probable).
    (a) Les chiffres se rapportent aux véhicules belges et étrangers. Y compris voitures particulières, taxis, ambulances et similaires … mais à l'exclusion des camionnettes, camions, vélos, vélomoteurs et motos.
    (b) Les chiffres se rapportent aux véhicules belges et étrangers.
    Source : SPF Mobilité et Transports et SNCB.

    Même si les résultats de fréquentation des transports publics repris ci-dessus sont plutôt encourageants, le trafic routier continue sa progression et aucune mesure alternative ne produira des résultats probants à court terme.