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Les centrales turbine-gaz-vapeur (TGV) en Wallonie

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 83 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 04/11/2014
    • de TROTTA Graziana
    • à FURLAN Paul, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Energie

    La Wallonie compte sur son territoire cinq centrales TGV (Turbine-Gaz-Vapeur), dont la dernière a été mise en service cette année à Marcinelle, les quatre autres sites se trouvant à Seraing (la première mise en service en Wallonie, en 1994), Angleur, Saint-Ghislain et Amercoeur.

    Ce type de centrale présente plusieurs avantages. Leur efficacité est augmentée et l'on peut atteindre un rendement significativement supérieur à celui des centrales thermiques dites « classiques » ou nucléaires (jusqu'à 58 % contre 35 à 42 % selon certaines informations).

    Outre cette meilleure efficacité énergétique, les centrales TGV affichent aussi une meilleure performance environnementale. En effet elles provoquent moins d'émissions de CO2, moins d'émissions d'oxyde d'azote (Nox), et n'émettent pas de cendres, poussières et autres nuisances olfactives.

    À la lecture de bilans énergétiques de la Wallonie réalisés par l'ASBL ICEDD pour le compte du Service public de Wallonie, on constate que la production totale d'électricité des centrales TGV en Wallonie a tendance à fluctuer en fonction notamment de l'évolution du prix du gaz naturel et de la production « bon marché » du solaire et de l'éolien, des éléments qui peuvent rendre la rentabilité de la production d'électricité par des centrales TGV insuffisante. Ce fut le cas par exemple en 2011 et 2012, années lors desquelles la production des centrales TGV wallonnes a diminué bien que la centrale d'Amercoeur ait été mise en service en 2009.

    Malgré leurs avantages, l'exploitation de certaines centrales n'est pas toujours optimale. C'est le cas de celle de Seraing, dont la direction d'EDF-Luminus a annoncé la mise sous cocon en juillet 2014 (elle n'aurait tourné que 1200 heures en 2012 contre 6000 habituellement) et de celle d'Angleur qui ne serait maintenant utilisée que pour couvrir la pointe de consommation.

    Par conséquent, Monsieur le Ministre peut-il me faire part de sa vision de l'avenir de ce type de centrales en Wallonie ?

    Plutôt qu'une mise sous cocon, une affectation à la constitution de réserves stratégiques est-elle envisagée ?

    Dans quelle mesure les centrales TGV peuvent-elles se substituer aux centrales nucléaires ? Est-il selon Monsieur le Ministre réaliste de penser que les centrales TGV peuvent à terme remplacer, même partiellement, les centrales nucléaires dans notre pays et, partant, notre Région ?

    Ces questions font-elles l'objet de discussions dans le cadre de la nécessaire concertation entre le Fédéral et les Régions concernant la politique énergétique, et notamment la sécurité d'approvisionnement ?
  • Réponse du 17/12/2014
    • de FURLAN Paul

    En premier lieu, il est bon de rappeler que la compétence liée à la sécurité d’approvisionnement en matière d’énergie est une compétence fédérale. De plus le marché de l’énergie belge est libéralisé, les décisions liées à l’exploitation des centrales électriques relèvent donc des acteurs de marché et des opportunités économiques présentes sur le marché de l’énergie. La capacité d’action de la Région wallonne réside dans la possibilité de mettre en œuvre des régimes de soutien ou une réglementation pour favoriser l’émergence d’opportunités économiques favorables ou défavorables à une filière renouvelable. La Région wallonne peut également, via le mécanisme de concertation État Régions, mettre à l’agenda cette problématique, par exemple dans le cadre du projet de pacte énergétique.

    Afin d’évaluer l’opportunité économique d’un type de centrale électrique, il est important de connaitre les besoins et les caractéristiques techniques du marché de l’électricité et les caractéristiques des autres types de centrales classiques. Actuellement le marché de l’électricité belge a un besoin grandissant de centrales électriques flexibles du à l’émergence de nombreuses sources d’énergie renouvelable intermittentes. De plus le réseau belge est doté de capacités d’interconnexion avec les réseaux électriques des pays voisins, ce qui accentue la concurrence des centrales belges avec les centrales des pays limitrophes.

    Une centrale TGV transforme le gaz naturel en électricité avec un excellent rendement, cependant son attractivité économique dépend du prix du gaz comparativement au prix du charbon et de l’uranium. Ces deux derniers vecteurs d’énergie ont des prix plus attractifs que le gaz. Les centrales au charbon, flexibles et présentes dans les pays voisins tels que l’Allemagne et la Pologne sont économiquement plus rentables que les centrales au gaz et seront donc utilisées avant les centrales au gaz sur le marché européen de l’électricité. Les centrales nucléaires, amorties, sont très peu flexibles, mais sont très compétitives en termes de prix de l’électricité ; elles sont donc logiquement utilisées avant les centrales TGV par le marché belge et européen (en France et au Royaume-Uni notamment).

    Une centrale TGV est davantage flexible, mais son rendement se dégrade si elle ne fonctionne pas à son régime optimal ; de plus les autres types de centrales sont soit plus économiques soit plus flexibles, ce qui ne leur laisse que peu d’opportunités économiques sur le marché. Les opérateurs de ces centrales s’orientent actuellement vers une transformation des centrales TGV en centrales à gaz en cycle ouvert, ces centrales à cycle ouvert ont un rendement plus faible, mais sont extrêmement flexibles et répondent donc mieux aux besoins du marché.

    Les autorités fédérales ont dans le cadre de la constitution de réserves stratégiques mis en place une loi (Loi du 26 mars 2014) obligeant les unités de production qui sont mises sous cocon à participer à la constitution de réserves stratégiques.

    Techniquement les centrales TGV peuvent remplacer les centrales nucléaires ; cependant comme énoncé plus haut, la viabilité économique de ces centrales pourrait être mis à mal par la concurrence des centrales des pays voisins (nucléaires et charbon).