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La teneur en hormones de l'eau du robinet

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 110 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 13/11/2014
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    Souvent présentée comme la boisson la plus saine, l’eau est à la base de toute la vie et entre dans la pyramide alimentaire de tout être humain.

    À coup de grandes campagnes de communication, nos concitoyens sont invités à dépasser les préjugés (odeur, calcaire, plomb, …) et à consommer l’eau du robinet, en la préférant aux sodas ou boissons alcoolisées. C’est l’argument de l’impact favorable sur la santé qui est régulièrement avancé.

    Moins audibles sont les témoignages d’inquiétude relatifs à son impact négatif. Pourtant, ils existent.

    Selon certaines lectures, « de très nombreux résidus d'hormones issus des pilules contraceptives, des médicaments consommés ou jetés se retrouvent dans les eaux usées via les urines et les matières fécales, et finalement, en bout de chaîne, dans notre eau de boisson et nos aliments » parce que le cycle naturel de l’eau ou l’épuration ne les éliminent pas.

    Toujours selon certains médecins, « ces substances sont des perturbateurs endocriniens parmi les plus actifs (…) qui perturbent le développement normal et le bon fonctionnement de l'organisme, et qui sont impliqués dans l'augmentation très forte de nombreuses maladies constatées au niveau mondial depuis quelques décennies ». C’est notamment le cas du cancer du sein chez la femme, en raison des perturbations entraînées dans le développement cellulaire de l’organisme.

    Ces résidus hormonaux perturbateurs endocriniens ont pour nom : estradiol, estrone, progestérone, testostérone...

    Monsieur le Ministre partage-t-il l’inquiétude des professionnels de la santé quant à la teneur en hormones de l’eau ? Peut-il fournir plus d’informations sur la teneur en hormones de l’eau du robinet ? Dispose-t-il de données chiffrées et actualisées sur la question, en Wallonie ? Quel constat dresse-t-il ? Des tendances se manifestent-elles sur plusieurs années ? Quelles conséquences en tire-t-il ? Des liens de causalité ont-ils été établis ?

    Est-il vrai que la question se pose singulièrement pour les hormones dites féminines ?  Y a-t-il effectivement matière à s’alarmer ?

    Comment les opérateurs de l’eau en Wallonie gèrent-ils cette thématique ? Est-ce une de leurs priorités ?

    Quelles actions sont mises en œuvre pour réduire les risques liés à cette consommation indirecte d’hormones ?
  • Réponse du 28/11/2014
    • de DI ANTONIO Carlo

    Au niveau européen, deux hormones, l’E2 et l’EE2 viennent d’être inscrits dans une liste préparatoire des substances prioritaires pour les eaux de surface (directive 2013/39/EU).

    Rien de tel quant à la directive européenne sur l’eau destinée à la consommation. En 2011, l’OMS a estimé qu’il n’y avait pas d’impact sur la santé de l’Homme possible vu le rapport extrêmement faible entre les concentrations observables dans les eaux de surface traitées et la posologie minimale de ces substances.

    Parmi les hormones qui peuvent se retrouver dans l’eau de surface, les hormones féminines sont évidemment concernées au premier plan puisque les œstrogènes (pilule contraceptive) sont nettement plus consommés que toute autre hormone.

    Malgré tout, les opérateurs de l’eau, et particulièrement la SWDE s’intéressent à la question puisqu’ils sont impliqués dans le projet IMHOTEP et BIODEN qui a pour objet de rechercher plus de 50 substances émergentes dans différents types d’eaux : du robinet, de surface, souterraine….

    Ainsi, dans projet IMHOTEP, si 7 hormones figurent parmi les substances recherchées dans différents types d’eaux, c’est pour:
    - évaluer dans quelle mesure elles peuvent se retrouver dans les boues des stations d’épuration ;
    - connaître le niveau atteint dans certaines rivières wallonnes ;
    - confirmer que ces substances sont absentes dans l’eau potable.

    Dans ce projet IMHOTEP, la campagne de prélèvement et d’analyse débute dans le courant du mois de novembre et devrait s’achever 12 à 15 mois plus tard. Donc à ce stade, nous ne disposons d’aucun résultat.

    Concernant les actions éventuelles à mettre en œuvre pour réduire les risques, la question est donc prématurée.

    En conclusion, les hormones constituent une problématique émergente pour leur présence éventuelle dans les eaux de surface, mais certainement pas pour leur présence dans l’eau du robinet.

    Enfin et afin d’être tout à fait clair pour la population, je me permets de répéter : boire de l’eau du robinet ne présente aucun risque. Celle-ci est à la fois peu chère, bonne pour la santé et écologique !