/

Le dépistage du cancer du col de l'utérus

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 96 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 17/11/2014
    • de BONNI Véronique
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Depuis quelques années, il existe des kits de tests afin de réaliser, soi-même, à domicile, un dépistage du cancer du col de l'utérus. Grâce à ce kit, les femmes peuvent ainsi effectuer elles-mêmes le prélèvement de cellules de la muqueuse utérine. Un prélèvement qui est ensuite envoyé à un laboratoire pour être analysé.

    Selon des recherches scientifiques sur le sujet, cet autodépistage est aussi efficace qu'un frottis réalisé chez le médecin. De ce fait, en Hollande, en 2016, il est prévu que chaque Hollandaise reçoive un de ces kits.

    L'intérêt majeur de cet autodépistage est d'augmenter le taux de couverture du dépistage du cancer du col de l'utérus. En effet, en Belgique francophone, près de 30 % des femmes ne procèderaient pas régulièrement à un frottis chez leur gynécologue. Ce test à réaliser à domicile pourrait être davantage suivi par des femmes qui n'ont pas forcément les moyens de s'offrir une consultation chez leur gynécologue ou par celles qui n'osent pas franchir le cap de se rendre chez un gynécologue.

    Evidemment, la prévention primaire (vaccin contre le papillomavirus, utilisation de préservatifs) contre ce cancer n'en demeure pas moins essentielle. Elle doit être complémentaire. A priori, il me semble que la mise en place d'un programme organisé pour le dépistage, comme cela se fait en Hollande, pourrait être très bénéfique dans la lutte contre ce cancer très fréquent chez la femme.

    Que pense Monsieur le Ministre de ces kits d'autodépistage distribués en Hollande ? A-t-il eu l'occasion de s'entretenir sur le sujet avec la ministre fédérale de la santé ?

    Il existe plusieurs types de tests HPV et différents instruments d'autoprélèvement. Des études de ces différentes combinaisons sont-elles prévues dans le but d'instaurer, dans un futur proche, un éventuel autodépistage du cancer du col de l'utérus dans notre pays ? Un projet pilote concernant l'envoi du test, son exécution, la communication des résultats, etc., devrait-il être mis en place prochainement ?



  • Réponse du 08/12/2014
    • de PREVOT Maxime

    Le sujet abordé dans la question a déjà fait l’objet d’interpellations que je rappellerai avant de reprendre quelques éléments de réponse actualisés.

    Le 10 février 2014, Mme Sophie Pecriaux a adressé une question parlementaire écrite à la Ministre Fadila Laanan ayant pour objet « l’autodépistage du cancer du col de l’utérus ». Cette question faisait suite à la publication d’une étude de l’Institut scientifique de Santé publique (ISP) dont l’auteur principal était le Dr Marc Arbijn.
    Le 6 février 2014, Mme Nele Lijnen interrogeait la Ministre fédérale de la Santé, Mme Laurette Onkelinx, sur le même sujet.

    Avant toute chose, je tiens à souligner que les réponses à ces questions très techniques sur les types de dépistage à promouvoir doivent être faites à la lumière des consensus des autorités scientifiques compétentes sur le sujet, non seulement en Hollande ou ailleurs, mais aussi chez nous en Belgique.

    Ce qui doit d’abord nous interpeller, c’est qu’aujourd’hui, selon le Dr Marc Arbijn, que j’ai interrogé suite à cette question, environ 4 femmes sur 10, âgées de 25 à 64 ans résidant en Région wallonne n’ont pas réalisé de frottis dans les trois dernières années. Il ajoute qu’il existe des preuves scientifiques que l’incidence du cancer du col de l’utérus pourra être davantage réduite par le dépistage virologique (test HPV) que par le dépistage actuel toujours basé sur l’examen cytologique d’un frottis réalisé en consultation médicale.

    Le test HPV a, selon lui, un avantage supplémentaire : on peut l’appliquer sur un échantillon prélevé par la femme elle-même, c’est l’autoprélèvement qu'évoque l'honorable membre.
    Certains résultats de méta-analyses conduites par l’ISP nous apprennent que le test HPV effectué sur un autoprélèvement est équivalent au test HPV effectué sur un échantillon prélevé par un médecin, à condition que l’on choisisse un test bien particulier qui répond à des spécifications bien précises dont j'épargnerai les détails à l'honorable membre. Or, les tests HPV utilisés aujourd’hui ne conviennent pas à l’autoprélèvement.

    Une autre méta-analyse conduite par l’ISP nous apprend que le taux de couverture de la population dépistée peut être augmenté considérablement en offrant des kits d’autoprélèvement aux femmes qui ne participent pas au dépistage. Toutefois, le gain en taux de couverture est très variable (pays, région, circonstances).

    Tout cela étant, je crois, tout comme la Ministre Fadila Laanan le rappelait dans sa réponse de février 2014, que comme l’indique l’étude de l’ISP : « avant de décider d’instaurer un dépistage basé sur un test HPV en autodépistage plutôt que par prélèvements réalisés par les cliniciens, il serait prudent de réaliser une étude pilote évaluant la faisabilité, l’efficacité clinique de la combinaison du test proposé et du matériel d’autoprélèvement, ainsi que les coûts, l’organisation et la compliance de la population ».

    Mr Jo Robays, collaborateur au Centre d’Expertise (KCE), que nous avons aussi interrogé, fait remarquer « qu’outre les gynécologues, les médecins généralistes peuvent aussi prélever des frottis ; ceci pourrait réduire le coût pour les femmes et améliorer l’accessibilité au dépistage ».

    L’autoprélèvement est également une méthode qui pourrait mener à une augmentation de la participation au dépistage, mais une recherche opérationnelle à ce niveau devrait être menée.

    L’ISP prépare actuellement des protocoles de recherche/projet pilote sur ce sujet pour la Communauté flamande ainsi que pour d’autres pays.
    Nous devrons nous inspirer de leurs résultats et des autres études du KCE pour adopter la meilleure politique possible en matière de dépistage de ce cancer.

    En conclusion, vu l’importance du cancer du col de l’utérus en termes d’incidence et de mortalité dans notre pays, les efforts doivent être poursuivis pour augmenter le taux de couverture du dépistage par les méthodes actuelles et atteindre les femmes qui ne se font pas dépister et tout ce qui pourra y contribuer est digne d’intérêt.

    Je clôturerai en rappelant l’importance de consultations préventives chez le médecin généraliste et chez le gynécologue.