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Le gaz de houille

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 178 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 05/12/2014
    • de GONZALEZ MOYANO Virginie
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    Je souhaiterais revenir sur le potentiel énergétique que constitue le gaz de houille. On évoque 13 à 20 milliards de m3 de méthane récupérable, un potentiel de 40 à 80 millions de m3 de gaz par km2 de bassin houiller. Serait-ce un nouvel espoir pour le sillon houiller de Liège à Mons ?

    Selon les informations disponibles, il semblerait que ce gaz présent en Hainaut servirait, au mieux, à couvrir les besoins en gaz de notre pays pendant trois à quatre ans. Certains experts avancent des chiffres de dix ans pour l'ensemble de la Wallonie !

    La ressource est localisée dans des zones non exploitées au sud des gisements du Hainaut, ainsi qu'en quantités non négligeables dans certaines mines abandonnées. Ce potentiel énergétique n'attendrait donc que d'être valorisé. À l'inverse du gaz de schiste, qui est déconseillé en raison de la complexité technique à l'exploiter et de ses nuisances environnementales, le gaz de houille ne soulèverait pas de contre-indications majeures.

    Qu'en est-il concrètement ? Quel serait le coût d'investissement pour son exploitation ?
  • Réponse du 30/12/2014
    • de DI ANTONIO Carlo

    Il faut d'abord préciser si on considère :

     les ressources associées aux couches de houille vierges hors zone concédée;
     les ressources relatives aux massifs et zones inexploités en zone concédée;
     les ressources de gaz de mines, dans les volumes concédés et exploités.

    Dans la zone concédée, le potentiel houiller, et donc gazier, est surtout concentré dans le Hainaut et en province de Liège. Tant dans le Hainaut qu'à Liège, une grande quantité de charbon est restée en place dans les concessions, dans les massifs ou en profondeur (900 à 1.100 m. Cinq zones intéressantes ont été identifiées dans les bassins du Centre et de Charleroi (B. Delcambre, UCL). La révision de la Carte géologique de Wallonie, en cours dans la région de Liège, y laisse déjà présager un important volume de houille non exploité.

    On peut a priori tabler sur une ressource probable de 10 à 20 millions m³/km² de gaz en zone concédée.

    Le potentiel en gaz capté sur mines fermées (anciens travaux miniers non ennoyés) n'est pas inclus dans les estimations de l'UMons. L'estimation des ressources associées reste difficile, en partie du fait de la méconnaissance de la cinétique d'ennoyage de ces mines. Dans le Nord - Pas de Calais, cet ennoyage devrait prendre encore un siècle. On y tirait 80 millions de m³ par an de gaz de mines à 52 % CH4 (47 millions en 2014). En Wallonie, la superficie de ces mines rapportée à celles du Nord - Pas de Calais laisserait présumer à une potentialité de quelques millions de m³ par an. Les estimations de production pour le réservoir d'Anderlues sont, par exemple, de 10 à 20 ans.

    La production annuelle de gaz de mines dans le Nord - Pas de Calais correspond à 2% de la consommation de la région NPC. Ces chiffres donnent une idée de ce que pourrait être la production wallonne, tous types de sources houillères confondues.

    Théoriquement, le gisement houiller devrait permettre de se passer de fracturation hydraulique.

    Techniquement, la reprise de l'exploitation sur mines fermées est simple et peu coûteuse. Les opérations se résument à remettre en état les équipements en tête de puits (vannes, tuyauteries, prises de mesures), à y adjoindre pompe, équipement de déshydratation et de raccordement au réseau de gaz. Des forages peuvent être envisagés à l'aplomb des points haut de la mine pour en extraire les derniers volumes de gaz piégés en fin d'ennoyage. Les opérations de captage permettent en outre d'assurer la sécurité aux abords des puits abandonnés.

    Pour le captage en gisement vierge, hors ou dans la zone concédée, les opérations impliquent la réalisation de forages ainsi que des mêmes équipements de pompage, de déshydratation et de valorisation du gaz. Le coût d'un forage de 1.500 m est d'environ 5 à 6,5 millions d'euros, faute d'un nombre suffisant d'entreprises en concurrence. Il s'agit du coût d'un simple forage destructif. Un forage exploratoire avec carottage et diagraphie est nettement plus coûteux. Il est admis qu'un nombre conséquent de forages soient non productifs (de l'ordre de 30 %, voire plus selon les gisements).

    Les études préalables sont donc très importantes pour estimer au mieux les ressources et localiser les zones cibles prometteuses. Ces études sont fondées sur les études géologiques, les cartes et archives géologiques et minières et sur les explorations profondes antérieures (sondages, profils géophysiques). Il est du devoir d'une entité gouvernementale de les rendre accessibles et exploitables aux candidats explorateurs. Il s'agit d'un coup de pouce relativement peu onéreux au secteur.

    Il convient en outre de rappeler que de tels investissements ne sont possibles que dans un cadre juridique rassurant. Un des obstacles à la recherche et à l'exploitation de gaz de houille dans l'ancien sillon minier est d'ordre juridique. Sauf sur Péronnes et Anderlues ou sur le territoire de concessions minières déjà retirées, le droit d'exploiter le gaz appartient toujours aux sociétés concessionnaires. L'ouverture à d'autres industriels implique la radiation préalable de ces concessions, souvent encore très étendues. Le programme de retrait des concessions minières, initié en 1992, est une priorité opérationnelle depuis 2006 renforcée en 2010. Il doit permettre de mettre à blanc le paysage minier wallon en vue de l'ouvrir à nouveau à la recherche minière et gazière. Ces opérations de retrait doivent toutefois être réalisées sans sacrifier à la sécurisation du territoire correspondant par les concessionnaires responsables (plus de 6.000 puits et issues de mines concernés).