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La formation dans le secteur de la construction.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2004
  • N° : 3 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 18/10/2004
    • de STOFFELS Edmund
    • à ARENA Marie, Ministre de la Formation

    Les taux des prêts hypothécaires sont actuellement bas et cela pourrait durer. C'est théoriquement un bon point de départ pour le secteur de la construction.

    Par contre, ce qui risque de freiner l'évolution de ce secteur, c'est le manque de travailleurs qualifiés. A cet égard, nous sommes directement interpellés.

    Chaque année, le secteur aurait besoin de 20.000 nouveaux travailleurs, dont 10.000 qualifiés, alors que l'enseignement ne fournit annuellement que 5 à 6.000 diplômés.

    De plus, selon le secteur, les formations proposées seraient trop générales et ne colleraient pas à la réalité du secteur.

    Enfin, selon certains, une radioscopie plus systématique des aptitudes, motivations et prédispositions des candidats s'avérerait nécessaire.

    Madame la Ministre confirme-t-elle ce constat de pénurie de travailleurs qualifiés dans le secteur de la construction ?

    Le secteur plaide pour une formation par mise en pratique, en atelier, qui serait mieux organisée que les formations actuellement dispensées dans les sections professionnelles du secondaire. Cela lui semble-t-il envisageable ?

    Peut-elle me dire combien de demandeurs d'emploi participent à des offres de formations qualifiantes dans le secteur ? Le secteur de la construction puise dans la réserve des demandeurs d'emploi. Est-ce que le Fonds de Formation professionnelle de la construction s'engage lui-même suffisamment dans leur formation ?

    Que dire face à cette demande de radioscopie des candidats ?
  • Réponse du 15/11/2004
    • de ARENA Marie

    L'honorable Membre prend le secteur de la construction en exemple pour aborder le problème

    des pénuries de main d'oeuvre qualifiée en Région wallonne.

    Effectivement, le secteur de la construction connaît une situation récurrente de besoin de main d'oeuvre, largement liée à un taux de rotation de 25 % des travailleurs du secteur, soit 10 % qui changent d'emploi au sein du secteur et 15 % qui sortent du secteur chaque année.

    La question qui se pose au secteur est de combler, à conjoncture égale, ces 15 % de sorties et d'attirer de nouveaux travailleurs chaque année. Cela représente un besoin estimé à 25.000 travailleurs par an. Les difficultés se rencontrent de façon assez générale pour l'ensemble de la main d'oeuvre et pas seulement pour les emplois qualifiés. Mais, a fortiori, elle se pose de façon plus aigue pour ces derniers.

    Au delà de la question de la pénurie de main d'oeuvre qualifiée réelle ou supposée, cette situation pose la question de l'attractivité du secteur.

    En effet, si les études montrent qu'un nombre important de jeunes n'achèvent pas leurs études dans les métiers de la construction, ces mêmes études maintiennent que sur 100 jeunes diplômés dans un métier de la construction, moins de 30 % travaillent au moins trois mois dans le secteur dans les quinze mois qui suivent leur sortie de l'école.

    On peut aussi noter que parmi les 10 % de travailleurs qui quittent chaque année le secteur, un nombre important est constitué de travailleurs jeunes et relativement bien qualifiés.

    Un constat similaire s'applique à la formation de base des demandeurs d'emploi dans les métiers de la construction où 60 % des formés n'entreront pas dans le secteur et où une proportion des autres 40 % n'y restera pas définitivement, pour citer les chiffres du Fonds de formation de la construction.

    On le voit, s'il y a un problème de main d'oeuvre qualifiée, il y a surtout un problème de maintien de la main d'oeuvre dans le secteur.

    En ce qui concerne l'action de la Région wallonne, quelques chiffres: le Forem a réalisé près de 2.400 formations construction de base en 2003 dans ses centres de formation, dont 450 en alternance dans le cadre du régime d'apprentissage de la construction, qui est une formule d'alternance propre au secteur de la construction. D'autre part, un peu plus de 1.600 demandeurs d'emploi ont suivi une formule de formation individuelle en entreprise, le PFI.

    On constate que, dans le cas de la formule du RAC, c'est-à-dire le système d'alternance sectoriel pour les moins de 25 ans et du PFI, le taux d'insertion au sein du secteur est supérieur et, dans le cas du PFI, surtout si le candidat bénéficie déjà d'une formation dans le secteur.

    Donc, effectivement, on constate que le système d'alternance sectoriel et le PFI (donc la formation directement en entreprise) donnent des résultats intéressants en insertion qui m'invitent à promouvoir la formule.

    Pour conclure, je dirais que, selon moi, la problématique est triple.

    1. Il y a lieu de réfléchir à comment stabiliser les travailleurs du secteur et,notamment, comment développer une politique intensive de formation continuée des travailleurs du secteur, de façon à leur offrir des perspectives et à les encourager à rester dans le secteur.

    Sur ce point, j'interpellerais le secteur qui doit également s'interroger sur le pourquoi de cette situation. Il n'est pas normal qu'autant de personnes formées et actives dans un secteur le quittent. Il faut pouvoir poser les questions de l'attractivité de ces métiers et, plus précisément, les questions des conditions de travail.

    2. Nous devons veiller à continuer à augmenter la part des demandeurs d'emploi formés aux

    métiers de la construction qui s'insèrent et qui restent dans le secteur.

    3. Il faut augmenter le niveau d'insertion des jeunes qui ont terminé leurs études en construction et les y maintenir. En amont de cette question, se pose la question de l'orientation sur laquelle, l'honorable Membre le sait, la Déclaration de politique régionale, comme la Déclaration de politique communautaire, ont engagé les Gouvernements dans une réflexion d'envergure.

    Dans ce domaine, comme dans bien d'autres, nous ne ferons pas de progrès significatifs sansun soutien et un engagement des partenaires sociaux.

    Les pouvoirs publics ne sont pas seuls à la manoeuvre pour apporter des réponses à ces points essentiels pour la résorption des pénuries de main d'oeuvre.

    Dans le secteur de la construction, les bases de la collaboration avec lespouvoirs publics et les partenaires sociaux sont solides : depuis plusieurs années, la concertation est entamée avec le secteur et cette ocncertation s'est notamment concrétisée par des conventions sectorielles entre la Confédération de la construction, le Forem et l'IFAPME. Ces conventions sont régulièrement réexaminées et complétées au fur et à mesure de leur évaluation.

    Pour terminer, je dirai que la construction n'est bien entendu pas le seul secteur où l'on constate des pénuries de main d'oeuvre. En général, on retrouve les mêmes pistes de réponse à cette situation : les conditions de travail, la rémunération, l'instabilité de la fonction, mais aussi parfois, des exigences de surqualification.

    Cela n'occulte évidemment pas les nombreuses situations dans lesquelles il y a un manque réel de personnes qualifiées. Là, nous pouvons apporter des réponses concertées en matière de formation. C'est tout le sens de la Déclaration de politique régionale et, plus précisément, des plans stratégiques 1 et 2 qui devront accenturer et mieux coordonner les actions existantes.

    Que l'honorable Membre sache que le volume de formation dispensée notamment par le Forem est en croissance constante : il s'élevait à 6.732.498 heures en 2002, à 8.517.100 heures en 2003 et on peut estimer la production 2004 à 10.031.249 heures.

    3.800 formations qualifiantes ont eu lieu dans le cadre du partenariat et 32.980 formations dans les centres de compétence.

    Un effort important est donc réalisé mais il va de soi qu'en regard des besoins et des résultats obtenus, nous continuons dans cette voie.