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Le diabète

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 169 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 16/12/2014
    • de REUTER Florence
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    La dernière enquête de santé publiée par l’Institut scientifique de santé publique révèle que le nombre de patients diabétiques a plus que doublé en 15 ans.

    En Belgique, 5,3 % de la population de plus de 15 ans sont touchés par le diabète, qu’il soit de type 1 (30 % des diabétiques) ou de type 2. Soit une augmentation de 25 % par rapport à l’enquête précédente réalisée en 2008.

    Que retire Monsieur le Ministre de ce constat ? Des mesures de prévention sont-elles mises en place ? Le diabète ne déclenche aucun signe particulier dans sa phase précoce, il est donc important de se faire dépister pour prendre en charge la maladie le plus tôt possible. Une campagne de dépistage est-elle prévue à cet effet ?

    Par ailleurs, on apprend qu’une évolution est apparue côté traitement. En effet, on préconise davantage la prise d’antidiabétiques plutôt que les régimes alimentaires.

    La seule prise de médicament est-elle suffisante à maintenir le patient diabétique en bonne santé ? N’est-il pas préférable de préconiser le régime alimentaire en parallèle ? Qu’en pense Monsieur le Ministre ?

    De plus, les patients diabétiques qui reçoivent au moins deux injections d’insuline par jour s’inscrivent aussi dans ce qu’on appelle des « conventions diabète », un programme spécifique développé par l’INAMI avec une centaine de centres diabètes intégrés dans des hôpitaux. Parallèlement, les patients recevant une injection par jour ont quant à eux accès aux trajets de soins (coordination de la prise en charge, du traitement et du suivi du patient).

    Monsieur le Ministre peut-il nous décrire les éléments d’amélioration de cette prise en charge des patients diabétiques en Wallonie qu'il juge utiles de développer cette législature ? Quel pourcentage de diabétiques s’inscrit dans les conventions diabètes? Sont-elles accessibles à tous ? Quel coût cela représente-t-il ? Est-il prévu de l’élargir aux patients qui ne sont pas traités par injections d’insuline, soit la majorité des diabétiques ?
  • Réponse du 24/12/2014
    • de PREVOT Maxime

    L’épidémie de diabète, comme l’appelle l’Organisation mondiale de la santé, touche toute l’Europe et même le monde entier, y compris les pays les plus pauvres, dont l’Afrique subsaharienne. « Quelque 60 millions de personnes souffrent du diabète dans la Région européenne de l’OMS, soit environ 9,6 % des femmes et 10,3 % des hommes âgés de 25 ans et plus. La prévalence s’accroît dans tous les groupes d’âge de la Région, principalement à cause de l’augmentation des facteurs de risque liés au mode de vie. La Belgique et la Wallonie n’échappent pas à cette augmentation de cas.

    L’adoption de modes de vie inadéquats expose davantage de personnes au risque de contracter un diabète de type 2. Les études indiquent en effet que les facteurs de risque potentiellement modifiables (notamment le surpoids et l’obésité, une alimentation peu équilibrée et la sédentarité, ainsi qu’une situation économique défavorable) concourent à 80 % de l’augmentation des cas. Les 20 % restants sont provoqués par des facteurs de risque non modifiables tels que l’allongement de la vie et le prolongement de la survie. » (Source : OMS 2011. L’épidémie de diabète en Europe).

    Un dépistage de masse ne se justifie pas et ne serait pas efficace. Le dépistage du diabète doit se faire de manière ciblée et opportuniste chez les personnes qui présentent des symptômes et chez les personnes appartenant aux catégories à risques (celles de 65 ans et plus, avec antécédents familiaux de diabète, les personnes en surpoids, celles souffrant d’hypertension artérielle, celles qui ont déjà eu des troubles de la glycémie, femmes qui ont eu du diabète durant la grossesse).

    Ce dépistage s’inscrit dans une stratégie globale de prévention des maladies cardio-vasculaires et le médecin généraliste est idéalement placé pour repérer les « cas à risque » lors de ses consultations. Ainsi depuis 2009, les diabétiques de type 2 ont la possibilité d’avoir gratuitement accès à un trajet de soins personnalisé. Le trajet de soins se base sur une collaboration entre 3 parties : le patient, le médecin généraliste et le médecin spécialiste. Les avantages sont nombreux pour le patient. Tout d’abord, les consultations chez le généraliste et chez le spécialiste sont entièrement remboursées par la mutualité pendant la durée du trajet de soins. De plus, la personne bénéficie de toutes les informations nécessaires et apprend à « vivre » avec son diabète tout en développant la meilleure qualité de vie possible grâce aux conseils d’une équipe pluridisciplinaire (diététicien, podologue, éducateur au diabète, etc.). Ces trajets de soins permettent au patient de mieux gérer sa maladie et de rester acteur de sa santé tout en bénéficiant d’un soutien et d’un suivi de professionnels. Depuis 2009, le nombre de trajets de soins pour le diabète de type 2 est de 5.823 pour la Wallonie. Le nombre de nouveaux trajets de soins en 2013 est de 753. Ces chiffres sont nettement en dessous des chiffres observés à Bruxelles et surtout en Flandre. Mais cette compétence sur les « trajets de soins » reste fédérale.

    Dans le cadre du transfert des compétences inhérentes à la sixième réforme de l’État, les Réseaux multidisciplinaires locaux, créés dans le cadre de ces trajets de soins, deviendront au 31 décembre 2015, une compétence de la Région wallonne. Cependant, le protocole conclu avec les autorités fédérales stipule que ce secteur fera l’objet d’une période de transition pendant laquelle l’administration fédérale continuera à gérer administrativement les dossiers relatifs à cette matière.

    Pour ce qui est du traitement, le contrôle de l’alimentation et la pratique de l’exercice physique restent incontournables. Aucune publication scientifique ne recommande un traitement médicamenteux exclusif.

    La première intervention concerne la promotion de la santé par les campagnes sur l’alimentation équilibrée, l’exercice physique et l’arrêt du tabagisme.

    Des campagnes de ce type (comme la campagne 0-5-30 pour 0 tabac, 5 fruits et légumes/jour et 30 minutes d’exercice physique/jour) sont régulièrement menées en Wallonie et sont efficaces pour réduire tant le risque de survenue d’un diabète que le risque de développer une maladie cardio-vasculaire ou de l’hypertension artérielle.

    Une seconde intervention concerne le renforcement de la première ligne de soins et l’appui aux médecins généralistes qui sont les mieux placés pour réaliser le dépistage des patients diabétiques.

    Les conventions diabètes sont destinées aux patients soignés en ambulatoire, nécessitant au moins deux administrations d’insuline par jour et qui veulent et peuvent apprendre à adapter leur traitement antidiabétique eux-mêmes sur la base (entre autres) des valeurs de glycémie qu’ils mesurent. Cette convention s’adresse donc à une partie bien spécifique des patients diabétiques et n’est pas adaptée à tous les types de diabète.

    Pour ce qui concerne les autres patients diabétiques et, notamment la grande majorité qui n’a pas besoin de traitement par insuline, il existe au niveau fédéral un plan d’action pour une vision intégrée des soins aux malades chroniques.

    La DPR met en évidence la nécessité d’un renforcement des soins de première ligne, d’une intégration du rôle du médecin généraliste dans les politiques de prévention et de promotion de la santé, notamment par la promotion du dossier médical informatisé via le Réseau santé wallon ainsi qu’une meilleure articulation des différents acteurs de la première ligne ainsi que les différentes lignes de soins.

    C’est en coordonnant mieux les soins destinés aux patients souffrant de maladies chroniques, dont les patients diabétiques font partie, que l’on pourra améliorer la prise en charge de ces patients.

    Mes collaborateurs ont tout récemment reçu, à leur demande, une délégation de l’Association belge du Diabète avec laquelle ils ont pu évoquer la problématique. Une réflexion va être menée avec le secteur pour envisager quelles nouvelles actions pourront être initiées dans cette législature pour être plus efficaces encore dans la prévention et le dépistage qui sont de notre compétence.

    Comme le sait l'honorable membre, la lutte contre une maladie chronique telle que le diabète, a autant à voir avec la promotion de la santé, qu’avec la prévention et avec le traitement, au sens large du terme, y compris l’accompagnement des malades. C’est par la conjugaison des approches que l’accompagnement est le plus efficace.

    Je serai donc particulièrement vigilant sur cette question.