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Les conséquences de l'embargo russe pour les producteurs wallons

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 63 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 16/12/2014
    • de TROTTA Graziana
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    L'embargo russe décrété il y a quatre mois sur nombre de produits en provenance, notamment de l'Union européenne, a des conséquences directes pour nos producteurs wallons, en particulier les producteurs de pommes, de poires et de lait.

    Il semble toutefois que les conséquences soient moins sévères pour les producteurs de poires, en raison principalement de deux facteurs. Premièrement les prix bas auraient favorisé les exportations belges (et néerlandaises), notamment vers le Royaume-Uni et l'Allemagne. Deuxièmement, des quantités significatives de poires seraient parvenues en Russie via des pays limitrophes non touchés par l'embargo.

    A contrario, la situation serait plus catastrophique pour les producteurs de pommes, qui malgré les prix très bas se retrouvent avec une quantité importante d'invendus.

    Monsieur le Ministre peut-il faire le point plus précisément sur la situation de ces secteurs ?

    Avec le ministre de l'Économie, il a mis en place une Task Force qui doit permettre de mettre en place des solutions sur le long terme. La recherche de nouveaux débouchés commerciaux, ou l'augmentation des volumes exportés vers certains pays constituent une priorité et un espoir pour nombre de nos producteurs et notre économie.

    L'administration de Monsieur le Ministre, de concert avec l'AWEx, l'AFSCA et les producteurs, travaille dans cet objectif. Quels sont les résultats engrangés jusqu'à présent par la Task Force et la collaboration entre les acteurs susmentionnés ? Des avancées ont-elles été enregistrées ? De nouveaux débouchés pour les prochaines saisons ont-ils été trouvés pour les producteurs de pommes, de poires et pour le secteur laitier ?

    L'administration a-t-elle avancé sur un nouvel arrêté relatif aux organisations de producteurs, comme il a indiqué en novembre dernier vouloir avancer rapidement dans ce sens ? Quel est précisément l'objectif de Monsieur le Ministre à cet égard ?
  • Réponse du 09/01/2015
    • de COLLIN René

    Le marché de la poire se distingue du marché de la pomme à plusieurs points de vue :
    * la Belgique est, au niveau européen, le 4e producteur et 1er exportateur de poires tandis qu’elle est le 6e producteur et 4e exportateur de pommes ;
    * au niveau européen, la production de pommes atteint environ 11,4 millions de tonnes tandis que la production de poires atteint environ 2,5 millions de tonnes ;
    * les poires sont récoltées avant les pommes. Les poires occupent donc une partie des zones de stockage réfrigérées à la récolte des pommes ;
    * au 1er novembre 2014, au niveau belge, les stocks de pommes s’élevaient à environ 242.000 tonnes, soit 30 % de plus qu’en 2013 ; les stocks de poires s’élevaient à 294 000 tonnes, soit 18 % de plus qu’en 2013.

    Le marché belge de la pomme est affecté par les stocks dans les autres pays européens : la Pologne a déclaré en novembre avoir un stock de 1 million de tonnes de pommes !
    Les prix peuvent être très fluctuants d’une semaine à l’autre, mais restent généralement sous la moyenne européenne de cette campagne.

    Ces données chiffrées posent bien le cadre dans lequel ces deux marchés évoluent avec, en Europe, des débouchés à trouver par les producteurs pour un volume de pommes supérieur à celui de poires.
    De plus, le marché belge de la poire doit gérer moins de surplus que l’an dernier, et les prix, bien qu’inférieurs à ceux de 2013 et inférieurs à la moyenne européenne de cette campagne, sont plus stables que ceux des pommes.

    La poire aurait effectivement trouvé de nouveaux marchés en Allemagne, mais également en Pologne où le produit est envoyé en « vrac » pour y être trié et emballé et, semble-t-il, revendu vers la Russie.
    Il semblerait que des produits arrivent en Russie via la Turquie et les Pays Baltes. Cependant, la dévaluation du rouble pourrait inciter les exportateurs à arrêter les échanges commerciaux par crainte de non-paiement.
    Les exportations de pommes et poires vers le Royaume-Uni et les Pays-Bas seraient également en augmentation. Néanmoins, ces pays connaissent eux aussi une surproduction de fruits.
    Par ailleurs, les Criées flamandes (ou Veilingen) auraient trouvé de nouveaux marchés vers les États-Unis, le Canada et l’Inde.

    Pour corser la situation, au printemps, chaque année, nos fruits entrent en concurrence avec ceux produits en Hémisphère Sud. Cette année, vu les prix très bas, les pays du Sud pourraient se tourner vers la Russie. Toutefois, la dévaluation du rouble pourrait les freiner.
    Pour maintenir la place des pommes et poires wallonnes dans les étals des grandes surfaces face aux produits importés, j’entends sensibiliser au maximum le secteur de la grande distribution à cette problématique.

    En ce qui concerne les résultats obtenus au niveau de la Task Force mise en place en Wallonie, des actions ont été prises ou sont en préparation aussi bien au niveau du marché wallon qu'à l'extérieur de la Belgique.

    Au niveau wallon, une Action « pommes à l’école » a été menée. Celle-ci a été très bien reçue par les écoles. 1200 écoles et 8 producteurs wallons y ont participé. 53 tonnes de pommes ont été distribuées et chaque élève a reçu un folder de sensibilisation. Cette action a également été l'occasion de mieux faire connaître le programme « fruits et légumes à l’école » cofinancé par l’UE. En ce qui concerne le lait, une campagne de promotion a été menée par l’APAQ-W à la fin de l’année 2014. D’autres actions concernant ce secteur devraient également avoir lieu au cours de 2015.

    Sur les marchés extérieurs, l’AWEx, en collaboration avec le VLAM, envisage des actions sur certains marchés (Singapour, Malaisie, Philippines), notamment pour le lait ainsi que la participation à certains salons à partir d’avril-mai 2015.
    En fruits et légumes, l’agence mène une recherche de débouchés potentiels aussi bien sur le marché UE que hors UE (Chine, Inde) toutefois pour des quantités plutôt réduites. Dans ce cadre, l’AWEx collabore avec l’AFSCA qui traite les aspects sanitaires des dossiers en cours.
    En viande bovine, il existe certains signes de réouverture du marché au niveau de l’Arabie Saoudite et des pays du Golfe, ce qui pourrait intéresser certains abattoirs wallons.

    Par ailleurs, la taskforce a permis à la Wallonie de coordonner sa participation aux réunions organisées au niveau fédéral sous la coordination du SPF Affaires étrangères. À l’issue de ces réunions, une liste a été élaborée reprenant les pays sur lesquels il serait utile, dans un premier temps, de cibler les actions de promotion pour les différents secteurs concernés.
    À l’intérieur de cette liste, un groupe de 4 destinations prioritaires a été identifié comme pouvant présenter des débouchés intéressants à assez court terme : Pays du Golfe, Asie du Sud-est, Inde et Chine. L’intention est de constituer, pour chacune de ces destinations, un groupe de travail rassemblant des experts pour cibler les actions possibles.

    À cette occasion, il faut aussi insister sur le rôle important joué par l’AFSCA qui délivre les certificats sanitaires et phytosanitaires pour les exportations vers les pays tiers. Certains marchés (ex : Chine), et ceux-ci sont de plus en plus nombreux, imposent des critères sanitaires et phytosanitaires très exigeants pour l’entrée sur leur marché. On peut signaler aussi dans ce cadre, l’ouverture récente du marché du Canada pour les poires belges.

    Quant au projet d’arrêté relatif aux organisations de producteurs, ce dernier est en voie de finalisation et devrait être présenté en 2e lecture au Gouvernement wallon au début 2015.

    Conformément à ce qui est prévu dans la nouvelle réglementation européenne relative à l’organisation commune de marchés, cet arrêté constituera la base juridique, au niveau wallon, pour la mise en place, à la demande des producteurs, d’organisations de producteurs dans les principaux secteurs agricoles.

    À travers la reconnaissance des organisations de producteurs, la nouvelle PAC veut donner aux producteurs de produits agricoles les moyens de renforcer leur position à l’intérieur de la chaîne agroalimentaire en leur permettant de concentrer leur production et de promouvoir de meilleures pratiques agricoles.