/

Perte de cinquante emplois dans le textile à Mouscron.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2004
  • N° : 12 (2004-2005) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 25/10/2004
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie et de l'Emploi

    La Région wallonne pouvait compter, jusqu'il y a peu, sur deux centres particulièrement actifs dans le domaine du textile, à savoir la région de Verviers et celle du Hainaut occidental et, plus particulièrement, Mouscron.

    Ces dernières années, le secteur a cependant été très durement touché par la concurrence des pays asiatiques et, de mois en mois, nous avons appris les fermetures dramatiques de plusieurs usines : Tourtex, Textiles d'Ere, Dunlop, etc.

    Afin de lutter efficacement contre cette concurrence, ces entreprises se sont peu à peu spécialisées dans des produits niches (produits de luxe ou de haute technologie). Ces entreprises pouvaient compter sur un personnel hautement qualifié.

    Cependant, l'entreprise De Poortere de Mouscron vient d'annoncer le licenciement de cinquante travailleurs, la presse laissant même sous-entendre qu'il ne pourrait s'agir là que du prélude à une fermeture définitive, ce qui laisserait sur la touche, de manière directe ou indirecte, près de 400 travailleurs.

    Ces ouvriers sont hautement qualifiés. Fort logiquement, on pourrait penser qu'ils retrouveraient facilement de l'emploi dans une autre société textile. Malheureusement, les sociétés actives dans le domaine sont des plus rares et celles-ci n'engagent d'ailleurs plus.

    Monsieur le Ministre peut-il me communiquer l'évolution du nombre de personnes employées dans le secteur textile en Région wallonne, en Hainaut occidental et à Mouscron sur les vingt-cinq dernières années ? Quelles sont les possibilités de reconversion qui peuvent exister pour ce personnel ? De quelle aide et de quelle formation pourront-ils bénéficier, notamment après la fermeture de la cellule de reconversion du secteur textile (Tourtex, Textiles d'Ere et Dunlop) ?
  • Réponse du 26/11/2004
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le secteur textile représente une réalité diverse et très évolutive. Il faut donc y considérer toutes les évolutions avec circonscription. Les effets des progrès technologiques ont conduit parfois à des structures d'entreprises hautement intensives en capital, alors qu'il subsiste des sous-secteurs à haute intensité de travail. Les entreprises, dans la concurrence internationale,

    doivent donc évoluer vers des productions de nature industrielle très moderne, ou vers des productions qui comportent une part importante de création.

    Seuls les secteurs à contenu industriel élevé sont retenus ici, pour d'évidentes raisons de structures économiques. L'habillement et le commerce du textile doivent connaître un traitement statistique différent. Faisons toutefois apparaître qu'au début des années 1970, près de 14.000 travailleurs (surtout des travailleuses) étaient occupés dans le secteur de l'habillement. Ils sont moins de 1.000 aujourd'hui.

    L'attention se portera donc sur la production plus lourde, avec les textiles techniques, notamment, et les tapis à usages divers.

    La question soumise ici porte à la fois sur une période très longue et sur des problématiques à court terme. Des aspects immédiats sont choquants au plan social; dans une perspective longue et large, ils sont davantage compréhensibles.

    La Région wallonne n'est jamais restée inactive par rapport à ces évolutions. Via la Sogepa, elle a toutefois dû s'impliquer dans des restructurations difficiles. L'honorable Membre évoque aussi les cellules de reconversion. Dans le secteur, les trois cellules Tourtex, Textiles d'Ere et Dunlop ont achevé leur travail. Pour le cas où une nouvelle cellule serait demandée, ce qui n'est pas le cas au stade actuel, il faut rappeler qu'elle se met en place quand le plan social est clôturé, qu'elle fait suite à une sollicitation des organisations représentatives des travailleurs et qu'elle doit faire l'objet d'une acceptation du comité de gestion du Forem.

    Le cas spécifique actuel de l'entreprise De Poortere n'a pas été soumis à mes services, jusqu'à présent, ni par son volet de restructuration économique, ni par son volet social. La situation de l'entreprise ne m'a évidemment pas échappé, mais je n'en tirerai aucune conclusion prématurée.

    Les aspects économico-sociaux doivent être complétés par les aspects de formation. Sans préjuger d'une réponse qui serait fournie par ma collègue en charge de la formation et vers qui cette question serait, le cas échéant également dirigée, je dois signaler que les centres de formation sectoriels sont très régulièrement sollicités par les entreprises. Les formations qui s'adressent aux travailleurs en place ou aux demandeurs d'emploi sont généralement suivies d'un effet d'insertion sur le marché du travail. Quant à la formation en alternance, même si elle concerne en Wallonie un nombre peu élevé de personnes formées, elle montre sa pertinence puisque, aux dires des responsables du secteur, elle constitue un chemin vers l'emploi.

    Le secteur textile est aussi preneur des formules de coopération économique inter-entreprises, connues sous le nom de “clusters”, comme dans l'équipement automobile, pour ne retenir qu'un exemple.

    Une autre forme de coopération est initiée dans l'Europôle textile “Nord français - Hainaut occidental - Flandre”, dans le but de voir des entreprises voisines s'épauler dans un secteur devenu très international.

    Pour clore cette première partie de la réponse, je dirai que le secteur du textile peut être caractérisé par le “mouvement” : la tendance lourde et longue est à la diminution des volumes et à la montée en puissance des capacités dans les pays émergents. Les entreprises qui peuvent répondre à cette évolution en Europe sont celles qui trouvent le bon niveau de modernisation technologique, dans les “niches” évoquées par l'honorable Membre, et celles qui misent sur la créativité.

    Dans l'ensemble national, la part wallonne est largement minoritaire, fait historique bien connu, et qui ne s'inverse pas. La Wallonie, en 2003, a vu son activité textile se réduire de 5 %, amenant sa part dans la valeur ajoutée sectorielle nationale à 11,5 %. 4.000 à 4.200 travailleurs y ont été employés en 2003. L'exportation concerne 70 % de la production, proportion valable pour la Flandre comme pour la Wallonie. La balance commerciale textile continue de faire apparaître une

    valeur exportée supérieure à la valeur importée.

    Les arrondissements de Verviers et du Hainaut occidental sont les plus spécialisés dans l'ensemble wallon. Mouscron et ses environs concentrent 60 % de l'emploi textile wallon.

    Statistiques

    Les données fournies émanent du Conseil central de l'économie. Il est à noter que des classifications statistiques ont évolué en 1993. Les comparaisons dans le temps restent toutefois pertinentes si l'on se maintient au niveau agrégé des totaux sectoriels. A noter que le sous-secteur de l'habillement et le secteur du conditionnement des textiles ne sont pas repris dans ces chiffres.

    _____________________________________________________________
    Evolution de l'emploi dans l'industrie textile
    _____________________________________________________________
    Entité Années
    _____________________________________________________________
    1973 1978 1983 1988 1993 1998 2002
    _____________________________________________________________

    Wallonie 23.571 15.001 10.249 8.999 6.659 4.759 4.001

    Hainaut
    occidental 15.013 10.198 7.549 6.829 4.867 3.529 2.816

    Mouscron 8.697 6.854 5.200 4.717 3.441 3.012 2.387

    Verviers 6.052 3.388 2.025 1.593 1.213 832 796
    _____________________________________________________________

    L'évolution à la baisse de l'emploi est considérable. Sur la période concernée, l'emploi dans le pays est passé de 112.000 à 36.000. Trois éléments classiques sont enregistrés : la hausse de la productivité, la concentration industrielle et la concurrence internationale. L'évolution a été continue sur la période, avec des chocs particulièrement forts durant la phase de “crise textile”.

    _____________________________________________________________
    Par de l'emploi textile dans l'emploi industriel
    _____________________________________________________________
    Entité Années
    _____________________________________________________________
    1973 1978 1983 1988 1993 1998 2002
    _____________________________________________________________

    Wallonie 6.7 5.3 4.6 4.9 4.3 3.3 2.8

    Tournai 30.1 18.9 15.9 16.2 15.9 7.7 7.0

    Ath 33.0 26.2 23.7 23.9 13.1 5.6 3.2

    Mouscron 71.9 68.5 68.8 64.3 55.2 48.6 33.6

    Verviers 24.1 16.2 11.2 8.9 7.3 5.3 5.3
    _____________________________________________________________

    Mouscron était marquée par une structure industrielle à forte dominante textile. La ville se caractérise encore par un emploi textile qui représente un tiers de l'emploi industriel. Sur

    l'ensemble de la Wallonie, cette part est évidemment plus réduite.

    Mouscron et le Hainaut occidental dans son ensemble ont toutefois connu une diversification en développant leurs activités économiques et industrielles pour lesquelles les programmes structurels européens ont, depuis 1994, joué un rôle significatif. Par rapport aux moyennes du pays et de la Région wallonne, le taux de chômage peut être considéré comme relativement faible dans la partie occidentale du Hainaut.