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L'impact du développement des imprimantes 3D

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 80 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 31/12/2014
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Une tendance très forte à la hausse est annoncée pour 2015 en matière de développement des imprimantes 3D.

    Pour rappel, ces imprimantes sont, en principe, capables de produire un exemplaire parfaitement utilisable d'un support défini.

    Certaines revues scientifiques n'hésitent plus à évoquer la possibilité très forte de réaliser des opérations au cours desquelles des prothèses imprimées en 3D pourraient utilisées.

    Nous sommes incontestablement ainsi à l'aube d'une nouvelle révolution économique puisque, dans une certaine mesure ou plus exactement dans la limite de certaines dimensions et de certaines interactions, il pourrait être rapidement possible pour un acheteur potentiel d'imprimer chez lui un élément qu'il aurait préalablement commandé auprès d'un concepteur, contournant de la sorte l'ensemble de production, de manutention, d'emballage, de gestion de stocks et de transport que nous connaissons aujourd'hui. Bref, cette évolution risque d'avoir pour coût une suppression conséquente d'emploi dans les différents secteurs évoqués (production, manutention, emballage, gestion de stocks, transports).

    L'histoire enseigne que chaque révolution technologique a supprimé des emplois, mais a le plus souvent simultanément ouvert la possibilité d'en créer d'autres ou à tout le moins de concentrer le travail humain sur des tâches non abrutissantes, non avilissantes, non ou moins répétitives avec les nouvelles maladies qui y sont associées.

    Ressent-on déjà sur le terrain industriel wallon une évolution ou les prémisses d'une évolution technologique en matière d'impression 3D ?

    Quels sont les supports d'information actuels et à venir permettant aux sociétés d'anticiper les effets de la généralisation possible de ce système d'impression 3D, sachant notamment que les évolutions technologiques, lorsqu'elles basculent dans le domaine public, connaissent le plus souvent un succès fulgurant ?

    Qu'en est-il d'un éventuel groupe de réflexion ayant pour mission de mesurer les effets, sur les terrains de la production, de la manutention, de l'emballage, de la gestion des stocks et des transports notamment, d'une généralisation plus ou moins importante du recours à l'impression 3D pour des pièces dont la mise à disposition nécessite aujourd'hui la mobilisation des différents métiers évoqués à plusieurs reprises dans cette question et qui représentent un nombre non contingent d'emplois ?
  • Réponse du 07/05/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’impression 3D est véritablement au cœur de la transformation digitale et ouvre des perspectives nouvelles pour l’industrie ou la logistique. En soi, la « fabrication additive » n’est pas une innovation technologique récente, puisque le procédé existe depuis près de 30 ans.
    L’explosion de cette technologie résulte essentiellement de deux facteurs :
    - l’Internet, qui favorise la création et le partage de fichiers 3D
    - l’apparition d’imprimante 3D grand public.

    En outre, l’impression 3D rencontre le besoin toujours plus important de personnalisation des produits, ce qui implique des fabrications en très petites quantités qui sont difficilement gérables par les systèmes de production traditionnels.

    Bien que disponibles à prix abordables, les imprimantes 3D de qualité ne sont pas encore véritablement répandues dans le grand public.

    Au niveau des secteurs industriels, on peut souligner l’intérêt particulier pour :
    - l’aéronautique, qui nécessite des pièces légères, souvent complexes et en faibles quantités ;
    - le secteur médical, et plus particulièrement la fabrication d’implants ou prothèses (appareils auditifs ou d’orthodontie, reconstruction faciale, …) ou encore d’outils chirurgicaux spécifiques ;
    - le secteur créatif (bijoux, coques de GSM, photogrammétrie/photo en 3D, statuettes, etc.) ;
    - les industries nécessitant des maquettes : architecture, design, ….

    Au niveau wallon, l’Agence du Numérique suit de près à la fois les nouveaux usages, mais aussi différentes startups telles que, par exemple, l’entreprise namuroise Vigo-Universal, lauréate des Gazelles 2014 du Trends Tendances. Il convient toujours de distinguer les usages liés à une imprimante 3D « grand public » et la production professionnelle de modèles d’objets tridimensionnels.

    Ceci ouvre notamment la voie à des logiques de lieux de fabrication, comme les Hub Creatifs ou les Fab Labs déployés en Wallonie. Plusieurs d’entre eux sont d’ores et déjà ouverts et accessibles à Liège, Mons, Namur, …

    On peut notamment souligner des initiatives telles que RAIS3D à Charleroi ou bien encore le ReplicationCenter à Namur.

    Ceux-ci sont destinés aux architectes, concepteurs industriels, responsables marketing, artistes, designers, particuliers, etc. En outre, au travers de cette technologie, il est désormais possible d’imaginer la création de labels du type « fabriqué localement ». En outre, il y a un effet positif de réduction de l’empreinte écologique et sociétale.
    En Wallonie, du côté industriel, l’un des acteurs significatifs est Sirris. Ce centre de R&D dispose d’une expertise remarquable ne matière d’« additive manufacturing ». Il dispose à Liège et à Charleroi d’une quinzaine d’imprimantes 3D professionnelles (coût entre 50.000 et 500.000 euros) qui sont mises à disposition dans le cadre de projets de recherches développés par des entreprises locales.

    Dans le cadre du développement de la plateforme digitale pour la Wallonie dénommée digitalwallonia.be, l’Agence du Numérique mettra en œuvre une cartographie des entreprises et acteurs ICT de Wallonie, notamment organisés par grappes technologiques. L’une d’elle concernera les acteurs de l’impression 3D. Cette nouvelle plateforme sera mise prochainement en ligne.

    Il ne faut donc pas voir l’impression 3D comme une menace pour l’économie et l’emploi, mais plutôt comme un levier de réindustrialisation pour la Wallonie, dans une logique d’Industrie 4.0, logique qui est d’ailleurs présente au cœur du plan Marshall 4.0.